Eacil a écrit:Le truc, c'est que le réalisme est devenu une norme et non plus un engouement comme ce fut le cas auparavant.
Dans les séries américaines sans doute.
Mais de là à généraliser, c'est aller vite en besognes. Ce que je remarque à titre personnel, c'est que les gros succès de 2006 au Japon sont Code Geass et La Mélancholie De Haruhi Suzumiya, que l'anime qui a dominé 2007 s'appelle Gurren-Lagann, et que 2008 signe le grand retour du shonen bourrin et sans queue ni tête comme Soul Eater... et qu'il est tellement apprécié qu'on le diffuse deux fois, une fois pour les adolescents, une seconde fois en version uncut la nuit pour les adultes. Donc pour l'instant je ne mets pas au même plan les tendances de la fiction américaine à celles de l'animation japonaise, même s'il est vrai qu'un studio comme Production IG est devenu très adepte de l'ébauche réaliste en cadre absurde... voir Reideen 2007, une tentative de rationnaliser le genre super robot, mais c'est justement parce qu'il convoite le marché américain dans sa stratégie. Ailleurs, les changements ne sont pas si flagrants, et ce que tu crois être une augmentation numérique des séries réalistes à la Flag, provient surtout du fait que la production tout court augmente. Mais on n'a jamais fait plus réaliste que les oeuvres d'Osamu Dezaki dans les 70' et 80', qui avaient par ailleurs dix fois plus de succès que les séries réalistes actuelles.
Un gymnaste, fermier, c'est de la performance physique, du geste, pas de la connaissance précise et spécialisée de domaines plus scientifiques.
Premièrement l'idée comme quoi un fermier t'apprend uniquement une performance d'ordre physique est inexacte. Deuxièmement la performance physique, également appelée technique, relève aussi de la connaissance, en tout cas pas moins que la chimie du boulanger. Enfin troisièmement, tu interprètes cette immersion dans les corps de métier comme significative d'une évolution intellectuelle, mais rien ne permet d'affirmer qu'il ne s'agit pas simplement d'un cycle industriel de diversification des récits consécutif à la segmentation du public. On le voit dans les séries américaines, grâce aux chaînes du câble on a progressivement ôté aux policiers le monopole des histoires afin de pouvoir raconter des intrigues différentes, aujourd'hui ça va jusqu'au quotidien des taxidermistes. Dans le manga, Osamu Tezuka dès les 70' avait déjà un personnage médecin, un autre détective privé, un autre archéologue etc... volonté de baser le récit sur la connaissance ? Non, simplement de raconter plusieurs types d'histoires, de changer de formule, et juste après il a embrayé sur un chauffeur de taxi, un musicien... Tu vois des trucs anthropologiques là où je vois l'instinct de survie de l'industrie des médias en action.
Sinon, pour te rejoindre, il faudrait envisager CG comme une production essentiellement commerciale.
C'est le cas.
Moi je parlais de Full Metal Panic quand j'ai marqué FMP or je ne pense pas qu'il s'agisse de la même chose.
C'est bien de Full Metal Panic dont il s'agit.
Et je me questionne en quoi le lambda driver de certains Arm Slaves, qui permet de matérialiser les pensées des pilotes en bouclier ou en missile, est en adéquation avec les vues initiales de la série. Davantage qu'un Code Geass où Lelouch tend des pièges invraisemblables qui fonctionnent.
Si des créateurs ont voulu construire ce projet, c'est bien qu'ils pensaient qu'il y avait moyen de faire du pognon sur un real robot très très réaliste et actuel.
Oui, mais un programme comme ça est né aussi du fait que de plus en plus d'anime sont diffusés la nuit. Evidemment, à deux heures du matin, on peut essayer de s'adresser à un public plus âgé. A mon avis tu accordes beaucoup d'importance à des réflexions philosophiques secondaires, et pas assez aux problématiques que sont les mutations de l'industrie et de la télévision comme média.
Pour finir, je ne trouve pas que je parle de broutilles alors qu'au contraire, ton obsession pour la dénonciation du fanservice me paraît en être une. Tu penses encore qu'on peut y échapper aujourd'hui ?
Ce n'est pas ce que je veux dire.
Evangelion est bourré de fan-service, mais ce fan-service ne conditionne pas les réactions des personnages ou les évènements importants. Dans Code Geass si, c'est du fan-service invasif. Les personnages réagissent davantage en fonction de ce qui pourrait plaire ou amuser les fans qu'en fonction d'une caractérisation qui serait validée par les plus élémentaires notions de psychologie béhavioriste. C'est ça l'irréalisme nocif de Code Geass, parce que Code Geass se revendique du drama, le problème ne vient pas de robots qui logiquement ne devraient pas tenir sur leurs pieds en penchant leur buste vers l'avant. Pour moi tu loupes le coche de ce qu'il y a à critiquer dans Code Geass.
Enfin, je ne me souviens pas avoir lu que Code Geass était un chef-d'oeuvre ou un anime messianique, et ce dans la bouche de qui que ce soit en dehors d'une poignée de kidz. C'est le nec plus ultra du divertissement, et en soi c'est déjà pas mal étant donné qu'un rythme efficace est la denrée rare de l'animation télévisée japonaise. Et ça on le doit en grande partie à Goro Taniguchi. Tout le monde ne pouvait pas réussir Code Geass, mais lui connait la science du rythme.
Je veux me barrer...