Ramior a écrit:Faudrait changer de disques les gars.
Il est un autre disque, à tout le moins aussi usé, qui promet qu'à condition de "renégocier les traités", les vertes contrées d'une "Europe sociale" gauche-compatible nous seraient promises. Les mêmes nous racontent que nous devons à cette construction, dévoyée à des fins technocratiques claires, non seulement "la paix", mais carrément le dépassement du concept de "nation". Ce serait à pouffer de rire si on ne s'était pas lassés du spectacle.
Mais oui, le Brexit a pris des formes problématiques, qui tiennent en ce que, d'une part, on ne s'extrait pas d'un écosystème qui s'est appliqué à fabriquer de l'interdépendance économique, sans en payer le prix à court terme. D'autre part, ce n'est pas moi qui défendrai les mensonges grotesques portés par Boris Johnson, qui n'a évidemment pas pu/voulu dire à quel point quitter l'UE serait sources de tensions, dont certaines leur sont d'ailleurs adressées à dessein, puisque nombreux ont publiquement déclaré vouloir le leur faire payer. L'Europe c'est la paix, à condition de
marcher droit.
J'ai cru qu'on avait un peu progressé sur ce sujet. J'ai cru que les dysfonctionnements structurels et politiques d'un grand ensemble cherchant soi-disant à
faire converger l'hétérogène (en vrai, ça n'est pas le souci de grand monde, l'Allemagne elle-même s'affranchissant de règles qu'elle dit défendre) pouvaient être débattus sans disqualification automatique. Mais c'est un espoir déçu et je trouve qu'on a sévèrement régressé en France ces dernières années : les accusations en nationalisme brun pleuvent à la moindre interrogation possiblement eurocritique. C'est une des défaites cuisantes de la gauche : l'idée n'est guère assumée qu'à droite, avec des arguments "de droite", imprimant l'idée qu'ils sont donc l'alpha et l'omega d'une alternative au conte de fées europhile. Cela étant dit, s'il faut adopter un point de vue purement gestionnaire et responsable, je ne sais pas dire s'il
faut quitter l'UE, quand bien même j'en réprouve puissamment les fondations structurelles. Sur le plan idéel en revanche, je suis convaincu qu'il faudrait restaurer les outils de souveraineté là où ils sont pertinents et efficients. C'est-à-dire au plus près des concernés, au regard des nécessités et choix propres que chaque Etat doit pouvoir opérer, via un processus de délibération démocratique fonctionnel. Or, quand on y soustrait la batterie de sujets économico-financiers que l'UE préempte par des traités et cercles technocratiques interposés, c'est peu dire que de "processus démocratique fonctionnel", il n'est plus vraiment question.