de Gemini le Dim 02 Aoû 2015, 22:59
Petit compte-rendu du week-end.
Go for Broke : C'est MSZ qui a porté à mon attention l'existence de ce film, racontant l'histoire du 442ème Régiment, et à travers lui des camps d'internement et du racisme anti-Japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le début est peu engageant, car les soldats "Nisei" apparaissent comme des figures avant tout comiques, et j'avais peur qu'au lieu de mettre en avant leurs exploits, le scénario nous les présente comme une bande de maladroits que le premier rôle masculin, un grand blond venu du Texas, doit transformer en soldats. Heureusement, cela ne dure qu'un temps, et au final, c'est bien un des Nisei qui tient la vedette, le Texan apparaissant plus comme un ramassis de préjugés sur pattes.
Le sujet est traité d'une manière étonnante. Dans la mesure où il essaye de coller un minimum à la réalité historique, le scénario nous épargne les divers débarquements habituels - auxquelles le régiment n'a pas participé, si nous omettons les membres du 100ème Bataillon - et nous invite à suivre leurs pérégrinations à travers l'Italie et le Sud de la France, faites de rencontres avec les civils et d'escarmouches. C'est justement ce traitement des populations civiles et de la vie du soldat en dehors du combat qui donne à Go for Broke une identité assez unique, puisque nous voyons des aspects de la guerre rarement mis en valeur dans le cinéma américain de l'époque. Si le réalisateur distille régulièrement une petite scène d'action, il faut attendre la fin pour que les protagonistes arrivent sur le terrain d'un de leurs plus fameux exploits : le sauvetage du Lost Battalion, dans les Vosges. Un passage beaucoup plus sanglant, qui là encore reflète la réalité dans une certaine mesure.
Go for Broke n'a pas les moyens techniques et financiers des plus grosses machines du genre, même s'il bénéficie de la présence, parmi les acteurs, d'authentiques membres de l'unité. Nous pourrions lui reprocher de finalement peu mettre en avant les exploits du bataillon américain le plus décoré de la Seconde Guerre Mondiale (rien que ça), mais son approche différente et les thèmes qu'il aborde en font une curiosité.
Pearl Harbor : J'avais un peu peur - le film est long et n'a pas forcément bonne réputation, sans compter que Michael Bay quoi - mais je voulais me faire ma propre idée. Concernant la longueur, j'ai vite été rassuré par la présence du personnage incarné par Alec Balwin, qui laissait présager que l'histoire ne se limiterait pas à l'attaque de Pearl Harbor, malgré son titre.
Je m'attendais à un scénario presque révisionniste, imaginant mal un obsédé des USA comme Michael Bay adapter une telle défaite sans essayer de magnifier les Américains et de diaboliser leurs antagonistes. Au final, de ce point de vue, j'ai été relativement surpris, en bien. Même si je préfère la rigueur de Tora! Tora! Tora!, le film a le bon goût de ménager les Japonais et de s'en tenir aux faits, dans une certaine mesure. Concernant la seconde partie, je m'en tiendrai à Trente Secondes sur Tokyo, qui détaille mieux la mission.
Le budget aidant, la reconstitution fonctionne, même si les CGI commencent à accuser leur âge. Cela fait plaisir, de temps en temps, de voir un grand film de guerre de studio, patriotique en diable, presque mégalo. Voyez-vous, j'adore Le Jour le plus long et Patton. A ceci près que, dans ces deux-là, nous sentons le réel, les navires, les avions, les décors, là où tout parait tellement artificiel dans Pearl Harbor !
Surtout, là où le bât blesse, c'est cette relation amoureuse dont, honnêtement, nous n'avons rien à foutre. Clairement, comme l'indique Monsieur Bobine dans sa vidéo, l'idée est de surfer sur le succès de Titanic, en mettant la grande histoire en parallèle d'une romance dramatique. Sauf qu'on s'en branle. Jamais les personnages ne sont intéressants, à part, peut-être, Doris Miller (déjà présent dans Tora! Tora! Tora!). Même si le fait que la nana soit en première ligne est une bonne idée.
Pearl Harbor est trop long, trop artificiel, trop gnangnan, et avec le recul, il est clair que l'opération finale ne sert qu'à clôturer le film sur une note positive pour les Américains, alors qu'il était simplement censé parler de Pear Harbor. Pour autant, il reste des éléments à sauver, c'est un spectacle aujourd'hui rare dans l'industrie hollywoodienne - j'ai parfois eu l'impression de me retrouver pendant le Golden Age d'Hollywood - et il ne mérite pas tout ce qu'il a pu se prendre dans la gueule.
Gamera contre Barugon : Une petite note de légèreté, pour finir, et pourtant le meilleur film que j'ai vu ce week-end. Gamera contre Barugon est le second opus de la série des Gamera, produite par la Daei. Le premier m'avait beaucoup déçu, mais le dernier numéro de Tokuscope m'a convaincu de regarder celui-ci ; je précise au passage que, entre un court flashback au début, et le fait que la tortue géante n'apparaisse même pas 10 minutes au total, il n'est absolument pas nécessaire de connaitre le Kaiju et d'avoir regardé le précédent long-métrage.
Pendant la Guerre du Pacifique, un soldat trouva une opale gigantesque sur une île, qu'il cacha dans une grotte avant d'être fait prisonnier ; vingt ans plus tard, il monte une petite expédition pour la retrouver. Mais, refusant d'écouter les avertissements des autochtones, le groupe réveillet le Dieu Barugon.
Le meilleur film de Kaiju que j'ai vu depuis longtemps. Rien ne manque : une reconstitution et des effets spéciaux concluants - la ville d'Osaka prise sous le givre est particulièrement saisissante - une violence incroyable, des personnages forts, de l'aventure dans les mers du Sud laissant place à la destruction et à l'horreur, et un vrai sens de l'angoisse, magnifié par une musique marquante. Surtout, Barugon est un monstre très intéressant, que ce soit dans ses origines, ses capacités, ou ses faiblesses ; ses deux armes principales, à savoir sa vapeur glaçante et son arc-en-ciel, apparaissent comme d'excellentes trouvailles, qui sortent des poncifs et rendent parfaitement à l'écran.
Comme mentionné tantôt, les humains ont beaucoup plus d'importance que Gamera, un Kaiju que je trouve globalement peu attrayant ; le scénario tourne donc essentiellement autour d'une confrontation entre eux et Barugon, de laquelle je retiendrai en particulièrement une remarquable scène de poursuite en jeep.
Si vous voulez découvrir les classiques du genre, j'estime qu'il s'agit d'une bonne porte d'entrée, après le Godzilla matriciel de Inoshiro Honda.