
Réalisation : Takeshi Koike
Scenario : Yoji Enokido
Animation : Madhouse
Année : 2009-2010
Genre : ???
Disons-le tout net, REDLINE est une ogive nucléaire, une orgie superdimensionnelle, une offrande à tous les sakuga otakus de la Terre qui a d'ores et déjà supplanté Dead Leaves dans les coeurs au chapitre des anime tout droit importés de l'année 2100. Le style neo-comics noir et underground ziguezague au milieu d'une armée de robots munis de calibres gros comme des stégosaures et d'allusions graphiques à Katsuhiro Otomo, Yoshinori Kanada... ces grands noms qui constituent, à la base, la raison profonde de notre attachement à une certaine idée de l'animation japonaise.
Bien sûr, le scenario est rachitique, quoique évocateur, et relève davantage du court-métrage ou du trip personnel que du produit grand-écran à destination des masses, mais il est simplement adapté à l'exercice, de même que le peu de caractérisation des personnages, tous plus nekketsu les uns que les autres, n'altère pas franchement l'expérience. Ca démolit, c'est techno, ça fracasse, le design atteint des sommets d'audace et ce sont les blogchaniens et autres MAListes qui paient l'addition. Quel dommage toutefois que les cinq minutes d'animation éblouissantes du trailer aient été mises à la trappe - quelques modifications pourraient éventuellement favoriser leur inclusion dans la version DVD, si jamais venait l'idée au réalisateur de ne pas jeter cet inestimable matériel par les fenêtres. On regrettera aussi une fin ultra-précipitée - il n'y a pas dix secondes entre l'issue de l'enjeu et le générique de fin - et le peu de résolution entourant un certain projet des militaires de Roboworld, qui empêchent le long-métrage de se hisser au niveau de complétion idoine pour mériter le qualificatif d'incontournable : malgré ses une heure et quarante minutes, REDLINE oublie hélas de faire le tour de la question, ce qui est d'autant plus rageant que cinq minutes et un peu de bon sens auraient suffi à arriver en pole position. On se contente alors de la médaille d'argent et du statut de film culte, car c'est écrit dans la roche, REDLINE incarne le concept même du culte et sera encore cité par le fandom hardcore dans dix ans. C'est évident.
Le bide commercial inévitable du film, encore à paraître au Japon, tout comme le sentiment que jamais Madhouse ne pourra se permettre de nouveau une telle débauche technique labellisée "FUCK 3D", fait beaucoup de peine, surtout lorsqu'on songe à la passion invraisemblable investie dans cet OVNI, à la fois mécanique, poisseux et glamour. La baleine survit une ultime fois sous l'assaut des harponneurs moephiles et l'esprit des Birth et autres OVAs démentielles de la fin des années 80' ressuscite le temps d'un hors-piste condamné au dédain.
8/10