de Gemini le Sam 05 Mai 2007, 22:15
Résumé :
Sous le règne de Louis XV, le Général de Jarjayes attend la naissance de son dernier enfant, espérant, enfin, avoir un garçon. Hélas, il hérita d’une nouvelle fille ; c’est alors qu’il prit une décision qui devait déterminer le destin de son enfant : elle s’appellerait Oscar, et serait élevée comme un garçon.
Grâce à sa grande maîtrise de l’épée, et son intelligence, Oscar François de Jarjayes put devenir le chef des Gardes Royales ; il put ainsi devenir un ami proche de Marie-Antoinette, et fut témoin des splendeurs de Versailles, ainsi que de la révolte qui grondait dans le Royaume de France.
Année : 1979
Titre français : Lady Oscar
Titre original : Versailles no Bara (Les Roses de Versailles)
Genre : Historique/Drame
Distributeur : TMS
Auteur : Ikeda Ryoko
Character Designer : Shingo Araki
Réalisateurs : Tadao Nagahama et Osamu Dezaki
Critique :
Œuvre historique, lutte épique des personnages, amours interdits : tout est réuni pour donner un grand anime, qui passionne le spectateur tout au long des 40 épisodes, sans pour autant, je trouve, lasser, si ce n’est à quelques rares moments. Il faut dire aussi que ce passage de l’Histoire de France a toute la portée dramatique et épique nécessaire pour donner une adaptation exceptionnelle (dans la catégorie «dramatique et épique», je pense d’ailleurs que seul Saint Seiya Asgard peut rivaliser avec Lady Oscar).
Cet anime réalise le tour de force, de par sa qualité et sa diversité, de pouvoir plaire autant aux fans de shojo qu’aux détracteurs de ce style. Oubliez Candy ! Oubliez Heidi ! Nous sommes en présence d’une histoire sérieuse et prenante qui a su révolutionner le style, justement car elle n’était pas comme les shojo classiques, mais un véritable chef d’œuvre japonais.
De la Fiction à la Réalité :
J’ai jugé ce sujet nécessaire, afin de clarifier cette série, et d’expliquer ce qui, à l’intérieur, tient de la réalité historique, de la création, voire de l’interprétation de l’auteur, dans son oeuvre. En effet, Ikeda Ryoko, sans doute pour les besoins de son histoire, prend parfois des libertés quant à la réalité.
- L'Affaire du Collier : Ce passage célèbre du règne de Marie-Antoinette nous est retranscrit dans Lady Oscar ; néanmoins, l’auteur prend ici une liberté que je qualifierais d’ « Interprétation ». En effet, aujourd’hui encore, cette affaire reste mystérieuse : machination créée de toutes pièces par Jeanne de la Motte, dont le Cardinal de Rohan n’est qu’un pion ? Ou alors, est-ce vraiment une escroquerie de la Reine, comme Madame de la Motte l’a clamé ? Nul ne le sait. Dans Lady Oscar, l’auteur raconte cette histoire en se basant sur le résultat du procès de Jeanne de la Motte, disant que seuls les De la Motte étaient coupables, ainsi que leur faussaire, et que le Cardinal et la Reine n’avaient été que les jouets de ces voleurs ; bien entendu, il est impensable que Marie-Antoinette ait été accusée, à l’époque, et toutes les hypothèses restent possibles.
- La Prise de la Bastille : Il s’agit là d’un point pour lequel il est important d’expliquer la réalité historique. Si, dans Lady Oscar, cet événement marquant possède toute la portée épique que l’on peut en attendre, ce qui c’est passé est toutefois différent. Ce qu’il faut retenir, c’est que la prise de la Bastille est avant tout symbolique, puisqu’il s’agissait da la prison où Louis XIV emprisonnait les opposants au régime ; mais à l’époque de Louis XVI, la prison ne comprenait que peu de prisonniers, et surtout peu de gardes, dont beaucoup d’invalides. Bref, cet événement, né d’un formidable élan populaire, n’a pas été la bataille que l’on se plaît à imaginer, du fait de son importance qui n’était que toute symbolique.
- L'Arrivée de Marie-Antoinette en France : Il s’agit là d’un passage de l’Histoire utilisé dans la série, mais modifié par le scénariste de l'anime. Avant d’entrer en France, pour des raisons diplomatiques, Marie-Antoinette dut se débarrasser de toutes ses possessions provenant d’Autriche, qui restait malgré tout une puissance ennemie. Elle fut donc obligée d’enlever tous ses vêtements, jusqu’au moindre bijou, pour revêtir des habits fabriqués en France. Par contre, elle n’a pas fait l’objet d’une tentative d’enlèvement à ce moment, ni été momentanément remplacée par un traître : il s’agit là d’une fantaisie du scénariste.
- Oscar François de Jarjayes : L’héroïne de la série n’est, bien entendu, qu’une pure invention de l’auteur, même si on peut trouver la trace d’un personnage similaire : Charles Geneviève Louis d'Eon de Beaumont (1728 – 1810), espion et diplomate de Louis XV, puis de Louis XVI, qui finit sa vie ruiné par la Révolution, fut en effet un personnage ambiguë, vêtu tantôt en homme, tantôt en femme.
Note : Bien entendu, toutes les actions que l’on impute à Oscar dans l’anime n’ont soit jamais existé, soit été réalisé par d’autres personnes.
- Bernard Chatelet : Il n’a pas réellement existé, mais représente à lui seul nombre de révolutionnaires qui ne sont pas cités dans Lady Oscar, comme Danton ou Mura ; s’il ne possède pas un de ces noms-là, c’est à cause du rôle supplémentaire qu’il joue dans le récit.
Note : Comme pour Oscar, les actions qui lui correspondent sont soit fictives, soit attribuées à d’autres personnes.
- Marie-Antoinette d'Autriche (1755 – 1793) : Fille de Marie-Thérèse d’Autriche, elle épouse le Dauphin Louis en 1770, afin de réconcilier leurs deux nations. Elle fait vite l’unanimité à la Cour, mais elle sombre rapidement dans la démesure et les intrigues, d’autant plus que son époux ne lui porte que peu d’attention : tout pour elle n’est que dépenses inconsidérées et déboires conjugaux ; de plus, il faut attendre huit ans avant la naissance de son premier enfant. Devenue Reine en 1774, elle gouverne, dans un sens, du fait de la faiblesse de son époux. Ne pouvant supporter l’idée d’une nouvelle nation, elle reste ferme lors des Etats Généraux ; lors de la Révolution, c’est sur elle que se porte toute la haine du peuple. Emprisonnée à la prison du Temple, elle est jugée puis guillotinée le 16 Octobre 1793.
- Hans Axel Von Fersen (1755 – 1810) : Il est issu d’une grande famille de la noblesse Suédoise. Il parcourt l’Europe pour parfaire son éducation ; au gré de son voyage, il est présenté à Louis XV en 1774, et c’est à ce moment-là qu’il rencontre la Dauphine Marie-Antoinette, qui tombe amoureuse de lui. Axel de Fersen passe la plupart du temps à faire la fête, mais refuse de se marier, par amour pour Marie-Antoinette. Grâce à elle, il est nommé à plusieurs postes importants de l’armée, puis part pour les Amériques. Dès 1789, il tente de venir en aide à sa bien-aimée, et est l’instigateur de la fuite à Varennes en 1792, faisant même le cocher une partie du trajet, mais sa tentative échoue. Par la suite, il tente de monter l’Autriche et la Suède contre la France, pour faire la guerre, et ainsi libérer le couple royal. En 1810, une rumeur raconte qu’il a empoisonné le Duc d’Augustenborg ; lors des funérailles de ce-dernier, il est pris à parti par la foule, et lapidé.
- Louis XV (1710 – 1774) : Surnommé le Bien-Aimé, il est l’arrière-petit-fils de son prédécesseur, Louis XIV. Au début de son règne, grâce au ministre Fleury, la France étend son économie, et gagne en stabilité gouvernementale ; néanmoins, après la mort de Fleury, le Roi se lance dans des dépenses inconsidérées, ainsi que dans des guerres désastreuses : la France perd ses colonies d’Inde et du Canada, et doit vendre la Louisiane. Il meurt en 1774, des suites de la petite vérole.
- Louis XVI (1754 – 1793) : Roi de 1774 à 1791. Passionné par la chasse et la serrurerie, il est intelligent, mais très timide, et il manque de caractère. Il épouse Marie-Antoinette en 1770, et aura avec elle 4 enfants, dont 2 morts en bas-âge. Son coté vertueux le fait apprécier par le peuple, mais il ne fait pas les réformes modernistes qu’il attendait de lui. En politique extérieur, il regagne un peu de son prestige perdu grâce à son soutien aux colonies d’Amérique ; néanmoins, cela s’accompagne de très fortes dépenses. La crise financière et sociale s’amplifie, et le Roi ne sait que faire face à la montée révolutionnaire ; il déçoit aux Etats Généraux, et renvoie une nouvelle fois Necker, ce qui déplait au peuple. Le 14 Juillet 1790, après avoir été assigné à Paris, il doit jurer fidélité à la nouvelle nation ; mais il tente de s’enfuir par la suite. En 1791, il est nommé « Roi des Français » ; il est néanmoins arrêté, puis destitué, le 10 Août 1792. Louis XVI, alias Louis Capet pour le tribunal révolutionnaire, est guillotiné le 21 Janvier 1793.
- Madame de Polignac (1749 – 1793) : De son vrai nom Yolande Martine Gabrielle de Polastron, elle épouse en 1767 le Comte Jules de Polignac. Elle rencontre Marie-Antoinette en 1775, à Versailles, et devient vite sa meilleure amie. Grâce à cette amitié, Madame de Polignac engrange des sommes considérables, et peut ainsi rembourser ses dettes ; toute sa famille se voit aussi placée à des postes importants. Ces faveurs excessives sont pour beaucoup dans la disgrâce de la Reine auprès de son peuple. Lorsque la Révolution éclate, elle s’exile, avec sa famille, et meurt à Vienne en 1793.
Note : Dans la série, Madame de Polignac se prénomme Julie, il s’agit d’une erreur. En effet, étant donné qu’elle est l’épouse de Jules de Polignac, elle n’est pas Julie de Polignac, mais bien Madame Jules de Polignac.
- Madame du Barry (1743 – 1793) : Née Jeanne Bécu, sa paternité reste incertaine, du fait des mœurs légères de sa mère. Elle fut élevée par des religieuses jusqu’à ses 15 ans ; par la suite, elle fit plusieurs travaux, avant de rencontrer Jacques du Barry, qui fit d’elle une prostituée de luxe, avant de « l’offrir » à Louis XV ; c’est à cette époque qu’elle se renomma, illégalement, Madame du Barry. En 1768, elle fût introduite à Versailles sous le nom de Jeanne du Barry, mais pour l'accepter sous ce nom, Louis XV obligea Jeanne a épousé le frère de Jacques du Barry, Guillaume, en 1769. Dès son entrée à la cour, elle fut adulée et gâtée par le Roi, qui alla jusqu’à lui offrir le Petit Trianon, alors que la Dauphine, Marie-Antoinette, refusait même de lui adresser la parole. Elle fut renvoyée par le Roi en 1774, alors qu’il venait de tomber malade. Le 8 Décembre 1793, elle fut décapitée, par ordre du tribunal révolutionnaire, sous inculpation de vol.
- Maximilien de Robespierre (1758 – 1794) : Né à Arras, il est issu d’une famille de la petite bourgeoisie. Il fait des études pour devenir avocat, puis se fait élire député du Tiers Etat aux Etats Généraux. Membre des Jacobins, il s’oppose aux Girondins, à l’instar de Saint-Just, et est partisan de la Terreur. Malgré ses victoires révolutionnaires, sa situation politique se dégrade, et il est finalement condamné. Le 28 Juillet 1794, il est guillotiné, aux cotés de Saint-Just, et de 19 autres de ses partisans.
- Louis Saint-Just (1767 – 1794) : Né à Nevers. Il publie en 1791 « l'Esprit de la Révolution et de la Constitution de la France », où il explique que la mort du Roi est nécessaire pour établir un nouveau régime. En 1792, il est élu à la Convention, puis devient membre du Comité de Salut Public, en 1793. Entraîné par Robespierre dans sa chute, il est guillotiné en 1794.
Note : Dans Lady Oscar, il apparaît comme un révolutionnaire assoiffé de sang, qui n’hésite pas tuer les nobles, ce qu’il n’était pas, en réalité ; ou du moins, il n’a pas assassiné de nobles avant la Révolution.
Le Film :
Lady Oscar possède une particularité : un film de plus de 2 heures, réalisé par une équipe franco-japonaise, et tourné par des acteurs anglophones ( Catriona Mac Coll, Barry Stokes), avec aux commandes Jacques Demy, et Michel Legrand à la musique. Le fait le plus intéressant est que le film date tout de même de 1978, c’est-à-dire qu’il est plus ancien que l’anime, qui, je le rappelle, date de 1979.
Le film n’a été diffusé que très peu de fois en France, sur Arte ou le satellite (et moi, je l’ai vu ^^), en anglais sous-titré français, alors armez-vous de patience si vous voulez vous le procurer ; à moins que vous parliez italien, car là, vous pourrez plus facilement le trouver, et même en DVD.
Néanmoins, sachez que vous ne perdez rien si vous ne voyez pas ce film, qui, comme la plupart des adaptations, est décevante par rapport à l’œuvre d’origine. Les événements sont changés, ou omis (ce qui est normal, vu la durée d’un film, par rapport à celle d’une série de 40 épisodes), et on perd même le moment l’un des moments les plus tragiques de l’histoire (mais je vous dirais pas ce que c’est ^^). Bref : le fait que ce film soit presque inconnu n’est pas du tout surprenant.