Avis sur les derniers animes vus

[VpV]

Ballpark de Tsukamaete : C'est bien connu, les animes (et les manga) peuvent aborder n'importe quel sujet. Voici donc une série consacrée aux coulisses d'un stade de baseball. Et j'insiste là-dessus : l'important n'est pas tant le sport lui-même et les résultats de l'équipe résidente - même si nous aurons fatalement des informations à ce sujet - que la vie grouillant sur et autour du terrain. Nous ne suivrons pas que les joueurs, qui ne seraient presque des personnages secondaires. S'il devait y avoir une héroïne, ce serait Ruriko, vendeuse de bière. Un métier tout sauf anodin, car contrairement à ce que nous pourrions attendre, son métier consiste à... euh... vendre de la bière, oui, évidemment, mais en l'apportant directement dans les tribunes, en trimballant sur son dos un impressionnant réservoir. Apparemment, cela existe réellement au Japon (jamais vu ça dans un stade de baseball aux USA... enfin pas plus que les stands vendant des bento). Forcément, cela implique qu'elle interagisse beaucoup avec les spectateurs·ices. Mais en réalité, la série nous invite à suivre de nombreuses autres personnes gravitant autour du stade : supporters, vendeurs·ses, joueurs, mascotte, agents de sécurité, et ainsi de suite. Chaque épisode est constitué de plusieurs segments de 5 à 10 minutes, dans lesquels nous allons vivre un événement, ou découvrir un protagoniste. La plupart sont unidimensionnels, mais cela ne signifie pas qu'ils ne présentent aucun intérêt. Il y a vraiment de tout, dans ce stade ; tout en restant globalement crédible (sauf la mascotte). Dans ces conditions, cet anime ne présente pour ainsi dire aucun enjeu ; il s'agit juste de suivre le quotidien dans un stade de baseball, à travers les nombreuses personnes qui s'y croisent, avec un ton avant tout comique. Cela ne vole pas bien haut niveau humour, développement de personnages - même s'ils s'avèrent tous aisément identifiables - ni même concernant la technique, avec un chara design allant du basique à l'affreux, et une animation somme toute limitée. J'ignore pourquoi cet anime existe, et à quel public il peut bien être destiné. Pour ma part, je ne l'ai regardé que par pur curiosité, et si j'estime avoir passé un bon moment - en fait, je pourrais signer pour une seconde saison, si seconde saison il y a - je me vois mal le recommander à qui que ce soit. Enfin, dans le fond, c'est plutôt original comme concept, et dépaysant pour un public occidental (sauf peut-être les Américains).

Les beer girls japonaises, je les avais rapidement entrevues au dernier World Baseball Classic. Donc oui, elles existent bien et sont même plutôt considérées comme des coqueluches locales. Connaissant plus le baseball US que son homologue nippon, cette série m'intéresse grandement. Merci d'avoir pris la peine de la mentionner et de la décrire.

[Gemini]

VpV >> Tant mieux si j'ai pu te faire découvrir cette série

[Ikki]

En effet ce fut très sympa Ballpark de Tsukamaete. Je suis pas très branché slice of life mais là c'est bien passé. Ruriko est trop mimi.

J'apprécie particulièrement les animés sportifs et notamment de baseball. D'ailleurs j'espère que l'animé Major 2nd reviendra.

[GregN8]

Vu dernièrement Solo Leveling. Enormément apprécié !

Pour faire court, c'est une sorte d'isekai mais plutôt "sombre" et avec un p'tit côté réflexion sociétale (justement ) sympathique : dans notre monde, des "vortex" commencent à s'ouvrir un peu partout déversant des "monstres" (façon fantasy) insensibles aux armes à feu.
Des personnes vont avoir un "éveil" et vont développer des pouvoirs pouvant éliminer cette menace en entrant dans le vortex et en "battant" le donjon qu'il représente.

On suit l'histoire d'un de ces "éveillés" qui est considéré comme le plus ...Faible de toute l'histoire.

Fini la première saison de Solo Leveling et je me range du côté de Koga : c'était une excellente série, l'une des meilleures que j'ai vues ces dernières années. Je me fichais totalement des attentes et de la hype qui s'est formée autour d’elle : cela m'a certainement aidé à l'apprécier puisque je l’ai regardée sans préjugé.

Au-delà des superbes scènes d'action et du rythme bien géré qui ne laissent aucune place à l'ennui, certains éléments rendent à mon sens cette série quasi-exceptionnelle. Ce sont les points qui contrastent avec la production japonaise habituelle. Solo Leveling est à l'origine un web novel coréen. Et justement cette Corée, j'ai comme l'impression de l'avoir un peu goûtée dans cette série, malgré A-1 Pictures à la réalisation.

Niveau narration et ambiance, le ton est anormalement froid et sec. Le personnage principal est un asocial plus ou moins antipathique. Mais contrairement à Light dans Death Note, sa noirceur n'est pas compensée narrativement par un retour au bien. Son opportunisme et son obsession pour la puissance sont normalisés, partagés par tous, justifiés par un régime social très dur, où la force est nécessaire pour survivre.

Là où les Japonais beurrent presque toutes leurs séries avec une grosse couche de rondeur et de pathos, même pour les trucs les plus sombres, il n’y a rien dans Solo Leveling qui justifie un retour à une éthique des relations humaines. Pas de rédemption, mais de la domination. Les alliances sont fonctionnelles, la loyauté ne sous-entend aucune réciprocité affective ; l’imaginaire tout entier est centré sur la compétition et la puissance. D’un côté c’est effrayant, cela fait écho à la dystopie coréenne. De l’autre cela crée une sorte de malaise intéressant, qui donne du corps et de la profondeur au récit.

Je crois qu’Hayao Miyazaki détesterait cette série. Toute chaleur affective est absente dans Solo Leveling, qui confond parfaitement jeu vidéo compétitif et réalités humaines. Moi j’ai adoré, car elle rend compte de la dynamique à l’œuvre dans nos sociétés capitalistes avancées. On peut trouver ça moche, violent ou superficiel, mais je pense que cette série a bien sa place dans notre écosystème culturel : elle rend compte d’un truc important. Faudra juste bien faire attention à sortir la tête de l’eau : c’est un très bon divertissement, mais aussi un cri d’alerte.