
Réalisation : Rémi Chayé
Scénario : Fabrice De Costil, Claire Paoletti, Patricia Valeix
Saint-Pétersbourg en 1892. Sacha, jeune fille de l’aristocratie russe passionnée par la mer, décide de tout quitter pour sauver l’honneur de son grand-père Oloukine : navigateur, ce dernier a disparu plusieurs mois plus tôt au Pôle Nord alors qu’il commandait le Davaï, vaisseau réputé insubmersible. Blessée par les quolibets incessants sur celui qu’elle admire, Sacha est déterminée à retrouver le navire par ses propres moyens, si possible intact.
La grande classe que cette production franco-danoise annoncée vers 2010 et enfin arrivée à (bon) port. Premier long-métrage de son réalisateur, un ex-collaborateur de Jean-François Laguionie, il a tout de la maîtrise affichée par les vétérans chevronnés. Pour faire bref, Tout En Haut Du Monde est d’une beauté, d’un raffinement permanents et contourne les limites de son modeste budget de six millions d’euros et quelques en réduisant tant que possible le nombre de lignes nécessaires à chaque design ; démarche qui n’entrave en rien la qualité de l’animation, facilitée par l’usage de tablettes numériques Flash mais, faut-il le préciser, dessinée à la main, ce machin là situé à l’extrémité du bras, selon une inspiration que l’on devine plus orientale qu’américaine. A noter pour ceux que cela intéresse que 100% de l'animation a été réalisée en Europe, au terme de huit ans de recherche de financements.
Sur le fond, on a là un petit récit d’aventure typique, au bon sens du terme, qui devrait enthousiasmer plus d’un(e) gamin(e). Porté par une histoire simple, et des personnages de baroudeurs et faux durs à l’efficacité immédiate. L’excursion sur la banquise possède bien une (ou deux) longueurs narratives, phénomène récurrent de tous les films ayant trait au Pôle Nord, et l’on regrette un peu de ne pas revoir certains acteurs du premier tiers du récit par la suite ; mais c’est là bien peu de grief à formuler à l’encontre d’un film bien écrit et dont l’héroïne aussi courageuse que féminine récolte aisément les suffrages. Si le but premier d’un film est de ranger le spectateur du côté du rêve de son protagoniste, alors rien à dire si ce n’est mission accomplie.
Tout En Haut Du Monde, Prix du Public Annecy 2015, devrait jeter l’ancre au début de l’année 2016. C’est une réussite de plus du grand écran à mettre au crédit de l’animation hexagonale.