
Pour moi, la Fémis, c'était cette école pour l'élite autoproclamée du cinéma français où tu te fais virer si tu dis du mal de Godard. En gros. Le Concours écorne cette image : comme le dit fort bien un des intervenants, le principal débouché, c'est le documentaire. Il n'y a que là que ça embauche. Par contre, c'est aussi normatif et - dans une certaine mesure - standardisé que ce que nous pouvons attendre : dès qu'un candidat sort des clous (par exemple en proposant une histoire ne tournant pas autour d'un couple qui se déchire), aussi doué soit-il, il est qualifié de fou ou d'autiste, c'est au choix. Et le jury semble plus préoccupé par la capacité des futurs élèves à se fondre dans la masse du corps étudiant qu'à produire des œuvres ambitieuses et/ou originales.
Justement, parlons du jury. Petite anecdote personnelle : au moment de passer mon bac de Français, j'appris qu'une de mes tantes avait elle-même été correctrice une année. Ce qui en dit long sur la capacité des correcteurs à juger les copies des bacheliers, étant entendu que de par sa formation, sa personnalité, et ses connaissances, jamais la tante en question aurait dû se trouver à juger des copies d'examen. Ici, c'est pareil. A la Fémis, pas de professeurs, et des jurés issus des métiers du cinéma. Pour un résultat très aléatoire, quelques réflexions surréalistes dont je vous ai donné un aperçu précédemment, et un dernier tour ressemblant avant tout à un entretien professionnel et où les intervenants ont droit de faire fi de toutes les qualités techniques affichées par les candidats jusqu'à présent. Il en ressort une forte impression que la chance et le bagou ont plus à voir dans la sélection que tout autre critère.
Pour une ancienne élève, la réalisatrice garde pourtant au montage des éléments qui ne grandissent pas l'institution (je n'ose imaginer ce qu'elle a coupé). Même si les responsables de l'établissement pourront toujours rétorquer que le problème vient du jury de cette année-là. Néanmoins, quand une membre du jury nous explique calmement que ce serait bien d'avoir des rebeus, des renois, et des pauvres dans la sélection, ça fait tâche. D'autant quand au final, les grands gagnants sont très blancs, avec pour certains de bonnes têtes à claque de Jean-Bobo

Un point positif, c'est que le documentaire ne s'arrête pas sur la section réalisation, mais nous parle des autres métiers proposés par l'établissement, comme la production, les décors, le scénario, etc... Une facette qui n'est pas la plus connue et mérite donc d'être mentionnée.