Voici les vingt premiers, tous tirés de jeux édités et/ou développés par SEGA au cours de sa tumultueuse histoire. Pour se remémorer (ou comprendre) pourquoi des gens marchent encore dans la rue avec des t-shirts et sweats à l’effigie du feu constructeur, là où une boîte aussi "parfaite", irréprochable et corporate que Nintendo n’a jamais réellement généré de culte extra-vidéoludique. SEGA ne faisait pas que des jeux. SEGA was an attitude.
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Il eût peut-être été trop simple de débuter en piochant dans le répertoire de ses deux premiers Streets Of Rage. Avant les BTA sus-nommés, Yuzo Koshiro fit ses armes auprès du ninja furtif de SEGA, engendrant au passage deux ou trois pièces parmi les plus fameuses de son catalogue. Il fallait bien ça pour tenir le coup face à la difficulté du soft, fidèle à l’exigence élevée de la série.
Takenobu Mitsuyoshi fut au meilleur de son art au milieu des années 90, et la bande-son de Virtua Fighter 2 caracole probablement en tête de ses principales réussites. En compétition avec celui de Lion pour la médaille d’or, le thème de Shun compte parmi les titres appréciés du compositeur-chanteur. On y retrouve la basse slappée qui fait un pan de l’identité musicale du SEGA des 90.
Un bijou presque expérimental de midboss theme signé Hikoshi Hakimoto, dont a du mal à croire qu’il est paru en 1990. Je l’écoute encore et encore sans me lasser tant l’antienne offbeat à 0.38 est monumentale, hallucinante pour un jeu de cette époque. Titre moyen, Alien Storm fut le second jeu développé par SEGA pour le board System 18.
Dur de faire un choix parmi la magnifique collection de morceaux écrits par Shinichi Sakamoto pour le vraiment non moins magnifique WonderBoy III : The Dragon’s Trap, souvent qualifié de Legend Of Zelda de la 8 Bits noire et le jeu que j’emporterais dans ma tombe. Le morceau de la plage reste le plus iconique et le plus chargé d’émotions infantiles. La Master System à jamais dans nos coeurs.
Fumio Ito se dépasse sur ce track post-funk intense qui suinte l’huile de moteur et la sudation sous les paupières. Si en écoutant ça tu ne veux pas améliorer ton chrono c’est que ta première console était une PS2, certain. Il existe aussi une version chantée par Takenobu Mitsuyoshi, mais il faut avouer que ses performances vocales sont bien inférieures à celles de Dennis St. James...
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Compositeur mythique de SEGA Europe durant la période Saturn, Richard Jacques a laissé sa marque dans l’histoire de la firme, au point d’avoir été le seul musicien occidental convié à participer au grand whos’s who de SEGA Rally 2006. Ni vu ni connu, il y lâche le meilleur morceau du lot. Plus d’un fan candide de Nintendo s’est brisé le col du fémur en écoutant ce break survolté.
Encore plus connus que les jeux, les soundtracks de Jet Set Radio sont une collection de titres pseudo garage et groovy supervisés par Hideki Naganuma, le fabuleux superposeur de sons et de voix qui regrette de n’être écouté aux States. C’est lui qui s’est chargé de ce track cassé et hors du temps dans lequel le concept of love continue de nous échapper à grandes enjambées.
Hiroshi Kawaguchi dit Hiro est le maestro musical du SEGA des origines. Entre 1985 et le début des années 90, il créé du rêve pour toute la crème de la crème, de Hang On à Power Drift, en passant par Space Harrier, OutRun et After Burner. D’inspiration brésilienne, sa célèbre partition pour Fantasy Zone est moins avant-gardiste et plus mélodique.
L’emphase sur la ligne de basse, les percussions saccadées inspirées du mouvement jungle, pas de doute c’est du SEGA et façon NAOMI/Dreamcast de surcroît. Confidential Mission est un rail shooter stylisé dans le plus pur style des années fastes de l’éditeur. Son compositeur Seiichiro Matsumura a surtout collaboré avec l’AM3 avant de quitter la firme.
Les amateurs d’animation connaissent bien Kohei Tanaka et sa formidable propension à créer des instrumentaux que l’épique dispute au kitsch le plus vindicatif. Il reste indécrottablement fidèle à ce label sur la saga RPG Sakura Wars, dont il est un peu le fil conducteur irréductible. C’est le moment douceur, yukata et chatons du post.
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Les vrais savent, c’est durant leur période SEGA que Platinum Games étaient réellement badass. Pour Anarchy Reigns, ils étaient allés chercher les Dilated People pour un morceau inédit, à une époque où le groupe faisait figure de dernière formation intègre de la Côte Ouest. Dj Babu scratche dans tous les sens, gloire qu’aucun autre jeu ne peut revendiquer. Faut monter le volume, ça déchire.
Dynamite Headdy est l’un des joyaux développés par Treasure pour SEGA, un gros jeu de plateformes qui ne fait pas de cadeaux. A gameplay hardcore, bande-son hardcore. Ce titre incroyable produit par Katsuhiko Suzuki plagie le début de Taurian Matador de l’artiste fusion Billy Cobham... les japs qui planchaient sur la Mega Drive en ce temps là avaient les bases du goût.
Sorti en 2010, Super Monkey Ball Step & Roll n’est pas exactement un bon cru pour la série mais la musique powerpop proposée par Tomoya Ohtani, grand manitou des productions Sonic, vaut largement l'attention. Pas moins de huit chansons féminines upbeat et très plaisantes ont été composées pour le jeu. C’est Jun Senoue qui fournit la guitare sur celle-ci.
L’un des classiques de la Master System, Phantasy Star apportait sa propre lecture du genre grâce à un mélange SF-Fantasy plus raccord avec l’identité de SEGA que ne l’aurait été un Final Fantasy. Tokuhiko Uwabo, compositeur très présent jusqu’aux débuts de l’ère Mega Drive, s’occupe d’enrichir l’âme pittoresque des planètes et donjons. Version FM.
La dédicace aux clowns qui pensent que Miku « base de données » Hatsune est le successeur de Ulala ; un peu comme Christophe Maé marcherait sur les traces de Paul McCartney. Par-delà l’instrumentation sixties et un beat à tuer un chameau, on y décèle les discrètes influences jazz de Kenichi Tokoi, musicien barré toujours là chez les bleus mais sous-utilisé. Bad dancing is a killing.
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Jeu d’arcade sorti sur System 16 en 1986 puis porté sur Master System, Quartet jouit d’une OST dans la veine synthpop des blockbusters américains des années 80. L’intéressant Katsuhiro Hayashi n’a pas eu une carrière très longue chez SEGA, mais il a composé pour quelques jeux renommés tels que Galaxy Force, Hokuto No Ken (aka Black Belt) et Gain Ground.
Une grosse équipe bien énervée officie sur les musiques de la saga Yakuza depuis ses débuts et les titres potentiellement sélectionnables sont donc pléthoriques. Mon choix se porte sur ce morceau explosif de Hiroyoshi Kato, musicien moins connu que Hidenori Shoji, la « star » de la bande chapeautée par Toshihiro Nagoshi. Simple, musclé, brut, désinvolte, carrément mafieux quoi.
C’est le RPG maison inoubliable de la Dreamcast, miyazakien par tous les côtés et lesté d’une jolie bande originale co-réalisée par Yutaka Minobe juste avant qu’il ne passe freelance. Le bonhomme est essentiellement connu pour sa participation aux jeux Super Robot Wars chez Banpresto et il est aujourd’hui régulièrement invité sur les cutscenes de Sonic.
Hidenori Shoji secoue le cocotier Nintendo avec du hardcore technoïde qui attaque les oreilles comme les tracés de F-Zero GX épuisent les mirettes. Il n’y a pas que sur le plan du gameplay que Amusement Vision n’a consenti à aucun compromis, au point que certains morceaux sont difficiles à aborder hors jeu. Et on est clairement sur l’un des tracks les moins heavy du paquet.
On termine provisoirement sur du lourd avec le Replay de Virtua Racing Deluxe en version 32X, héritier des années fusion de SEGA. Ici c’est Naofumi Hataya, compositeur clé des années 90, qui manie la console. Le titre a tellement marqué les rares joueurs qui se sont penchés dessus qu’il a été réorchestré façon Model 1 pour la réédition SEGA Ages du jeu il y a quelques mois.
BONUS STAGE
Naofumi Hataya toujours, pour l’un des sept thèmes de boss de NiGHTS Into Dreams, hors d’oeuvre prestigieux de la Sonic Team sur Saturn. Pas grand-chose à commenter, il suffit de l’écouter pour réaliser combien c’était en avance sur son temps, une implémentation brillante d’éléments free jazz sur des rythmiques drum’n’bass pas moins complexes que celles qu’on lance en 2020.

To be continued... peut-être, si j'ai pas la flemme.