J'ai longtemps eu un problème avec le film
AKIRA, que j'ai vu très tardivement et après avoir lu le manga deux fois. Même en sachant que le film a été réalisé avant l'achèvement du manga j'ai eu le plus grand mal du monde à accepter cette adaptation bâtarde qui coupait trois volumes et demi dans le manga, dont toute la seconde partie, pour arriver, après une pirouette, à exactement la même fin. J'ai longtemps eu l'impression qu'Otomo avait été paresseux et transposé son manga, à quelques détails près, jusqu'à son premier
climax puis fini ici, salut et merci pour le poisson.
Et surtout j'ai eu du mal de voir ce qu'il fait d'Akira lui-même, le personnage éponyme.
Toute la descente dans le complexe secret sous le stade olympique est une fabuleuse montée en puissance qui aboutis à ce qui est encore une de mes planches de BD préférée :
Tetsuo, qui jusque là était omnipotent et instopable se retrouve d'un coup dominé de façon évidente. En une planche, dès la première apparition d'Akira, le rapport de force est inversé. A la place Akira est une série d'échantillon biologique dans des canettes, payes ta monté en puissance qui tombe à plat, ton personnage iconisé dans le vide...
Il m'a bien fallut une dizaine d'année et quelques revisionages, par fois un peu contrait en soirées avec des potes, pour réaliser que le propos du film n'est pas tant d'adapter le fond du manga, même si le propos sur la peur Intrinsèque qu'ont les adultes pour les enfants et leur pouvoir de tout détruire ce qu'ils ont construit pendant leur vie en un instant reste assez présent, mais de sublimer sa forme.
AKIRA le film c'est la matérialisation à l'écran d'un fantasme de destruction comme on en avait jamais vu auparavant, et comme on en a pas revu depuis. Même la scène de l'explosion atomique de
Terminator 2, pourtant encore aujourd'hui très impressionnante, semble anecdotique en comparaison. Otomo fait de Neo-Tokyo la nouvelle Babylone et la détruit en détail avec une précision chirurgicale.
AKIRA le film résonne moins à un niveau cérébral qu'un niveau viscéral, c'est le film de l'ado qui décide de tout envoyer bouler et casse tout sur son passage, les adultes, la ville, la société.
AKIRA le film c'est la pornographie de la destruction poussée dans ses derniers degrés.
Aujourd'hui le slogan des affiches que Glénat posait sur les abribus dans les années 90 pour faire la promo de l'édition kiosque du manga, "
C'est violent mais c'est beau.", me semble plus que jamais la meilleur façon de synthétiser ce film. 30 ans plus tard son énergie et la fascination qu'il génère restent intactes.