Le topic cinéma

[Gemini]

Avec de vrais morceaux de Kinji Fukasaku dedans.

[Lion_Sn@ke]

J'y crois très fort

[Ialda]

Quelqu'un aurait un extrait de la version japonaise de Mad Max sous la main ? Ça semble râler fort sur la performance d'une star de la jpop dans le rôle titre

[Tetho]

Pour ce qu'il parle... On doit plus entendre Keiffer Sutherland dans MGSV que Tom Hardy dans Fury Road.

Avec de vrais morceaux de Kinji Fukasaku dedans.

Je m'attendais à ce qu'il défende le film selon un angle aussi inattendu qu'improbable et à la place il le défonce dans les règles. Et c'est intéressant (même si je ne le remercie pas de rappeler à mon souvenir les deux heures de ma vie que ce film m'a pris). Y a pas a dire ce type est bien plus intéressant quand il parle d'un film précis que quand il fait des top 10 pour meubler.

[Ramior]

Information d’intérêt publique :

[Gemini]

Cela faisait longtemps.

The Player : Un responsable d'un studio hollywoodien, chargé de sélectionner les scénarios à adapter, est harcelé par un auteur auquel il a refusé son script.
Un film intéressant par l'envers du décor qu'il nous montre et car il repose sur quelques bonnes idées. Les idées en question font son charme, mais cela ne suffit pas à en faire une réussite à mes yeux, je l'ai trouvé laborieux dans sa construction et j'ai eu du mal à rentrer dedans. En fait, The Player est un méta-film, comprenez qu'il est son propre sujet. Robert Altman, son réalisateur, donne le ton d'entrée en proposant un plan-séquence pendant lequel plusieurs personnages parlent de plan-séquence. Il crée aussi un jeu ludique entre les affiches disséminées sur tous les murs et le sujet de son propre film. Le tout pour se fermer sur une dernière scène ingénieuse. Mais aussi amusant que soit son concept, lequel justifie de le regarder malgré tout, je m'attendais à bien mieux.

Assault Girl : Quatre joueurs parcourent le Désert 22 dans le but de vaincre le boss final du monde, et ainsi passer au suivant tout en engrangeant un maximum de points au passage. Comme ils ne peuvent y arriver seuls, ils doivent s'allier.
Un film de Mamoru Oshii se déroulant dans le même jeu qu'Avalon, mais cette fois avec des acteurs japonais et alors que le principe du MMORPG est désormais bien mieux connu qu'il ne l'était à l'époque. Assault Girl n'a pas bonne réputation, ce que je peux comprendre ; le réalisateur se contente de laisser ses quatre personnages déambuler dans son désert, rajoutant un prologue abscons et deux scènes d'action pour le coup réellement jouissives, ponctuées par la musique de Kenji Kawai. Le tout noyé dans de l'imagerie numérique - assez logique puisque l'histoire se déroule dans un jeu - et avec des scènes aussi surréalistes que celle où nous voyons un des héros manger comme un dégueulasse pendant plusieurs minutes. Il n'y a pas vraiment de but, à part vaincre le boss de fin.
Assault Girl est avant tout un film d'ambiance ne pouvant déclencher que des réactions viscérales : on déteste ou pas. Pour ma part, j'avoue bien volontiers avoir été transporté par le sens de l'image d'Oshii et les compositions de Kawai.

[Gemini]

[Ramior]

Juste pour la mise en scène cette vidéo critique est un MUST:

[Gemini]

J'ai hésité un instant à écrire ce texte dans le topic politique (hips) tant il y aurait totalement eu sa place.

La lecture récente du très bon Unlucky Young Men de Eiji Otsuka m'a poussé à me replonger dans le cinéma japonais, et surtout dans les travaux de Masao Adachi et Koji Wakamatsu, réalisateurs d'extrême-gauche.

Armée Rouge - PFLP : Déclaration de Guerre Mondiale : Le film date de 1971. Comme ils connaissaient Fusako Shigenobu, chargée des relations internationales pour la Fraction Armée Rouge et future fondatrice de l'Armée Rouge Japonaise - que Masao Adachi rejoindra l'année suivante, et dont il fera parti avant d'être arrêté en 2000 - ils ont pu se rendre en Palestine où son mouvement organisait une collaboration avec la Front Populaire de Libération de la Palestine, frange communiste des mouvements palestiniens. Cela en fait un témoignage rare au plus près de ce groupe - le deuxième en terme de taille au sein de l'Organisation de Libération de la Palestine lors de sa fondation, derrière le Fatta de Yasser Arafat.
Ce documentaire se présente à la fois comme une œuvre de propagande et une réflexion sur la propagande. Mais, entre nous, il vaut surtout pour son témoignage, car trop abstrait et expérimental pour servir de propagande efficace, consistant essentiellement en des instants de vie des combattants palestiniens, avec par-dessus des témoignages sur le Communisme. Tout le paradoxe d'un mouvement voulu populaire mais destiné à des intellectuels.
Si le sujet vous intéresse, vous arriverez à surmonter la forme du documentaire. Sinon...

United Red Army : Film réalisé en 2007 par Koji Wakamatsu. Pour celui-ci, il y a quelques pré-requis : savoir qu'il narre des événements réels - Koji Wakamatsu connaissait personnellement nombre de personnes impliquées, en particulier Mieko Toayama, qui a participé au documentaire ci-dessus - et avoir quelques notions sur les origines des mouvements étudiants japonais des années 60, sur lesquelles le cinéaste s'attarde peu. De plus, sa façon de s'appesantir sur des individus précis fait qu'il passe sous silence certains événements auxquels ceux-ci n'ont pas participé.
Cette fresque de 3h narre l'évolution de la Fraction Armée Rouge puis de l'Armée Rouge Unifiée, née de la fusion avec le groupe d'extrême-gauche de Hiroko Nagata. Le film mélange documents d'époque et reconstitution des événements qui n'ont pas été directement couverts par la presse de l'époque, comme les réunions entre les membres, les stages commando, et la retraite du groupe dans les montagnes de Gunma, dont je ne vous dirai rien. Koji Wakamatsu dispose de sources d'information privilégiés, et décide de s'en tenir aux faits, associant chaque intervenant à des détails personnels le concernant. La seconde moitié étale sa narration, parfois au point d'en devenir difficilement supportable, mais c'est pour mieux nous faire ressentir le côté incroyable de ce qui se passe sous nos yeux. Bien que proche de leurs idées, le réalisateur ne s'en montre pas moins critique et lucide. Il en résulte un long-métrage certes instructif, mais surtout fascinant dans le déroulement des événements. A découvrir.

Pour finir, petite anecdote : à l'heure actuelle, le Japon reste le pays non-communiste dont le Parti Communiste compte le plus de monde. Comme quoi

[Tetho]

Si tu te plonges là dedans, tu voudras probablement voir Une Jeunesse Allemande docu sur la Fraction Armée Rouge de Jean-Gabriel Périot, que l'on connait tous pour ses courts-métrages engagés (vous ne le connaissez pas ? jetez donc un coup d'œil à The Devil ou Eut-elle été criminelle... sur le lien juste avant là). Ça relate l'évolution d'un groupe d'extrême gauche allemand, de leur débuts étudiants à taguer des croix gammées sur les murs pour provoquer leurs ainés qui se refusaient de leur parler du IIIe Reich, puis leurs premières créations provocatrices jusqu'à à leur prise des armes et attentats, puis leurs morts dans des conditions étrange (l'un d'entre eux s'est suicidé d'une balle dans la tête en prison, un autre est mort de grève de la faim...). Et constitue une chronique de la radicalisation d'un groupe qui sent ses revendications ignorées par le reste de la société.
C'est constitué uniquement d'images d'archives, pas de commentaire voix-off et c'est certifié "vraiment très intéressant".

Je ne sais pas si ça doit sortir dans ton pays de bouilleurs de viande, mais nul doute que ça sera encore en salle d'Art et d'Essai si tu passe en France pour la Noël.

[Gemini]

Pour l'instant, je suis surtout sur le versent japonais de ce genre de mouvement, dans la mesure où autant nous savons qu'ils ont existé en Europe, en Amérique du Sud, et en Asie du Su-Est, autant leur présence au Japon parait incompatible avec l'image que nous avons aujourd'hui de ce pays, ce qui les rend encore plus fascinants. Mais Une Jeunesse Allemande m'intéresse, en effet.

[Tetho]

En soit ces mouvements me semblent désormais incompatibles avec l'ensemble de l'occident actuel, et encore plus celui post-9/11, pas qu'avec le Japon actuel. Et reconnaissons que c'est pour le mieux.

[Aer]

Et reconnaissons que c'est pour le mieux.

T'es sur ?

[Tetho]

Certains que la société se porte mieux sans les étudiants et les révolutionnaires du dimanche qui ont décidés que si personne ne les écoutaient la meilleur façon de faire bouger la société était la violence et le terrorisme. D'autant qu'en ce moment on en a assez sur les bras avec les islamistes radicaux qui ont décidés de vérifier empiriquement si leur dieu existe pour lui exiger leurs 42 vierges.

[Aer]

Je ne dirais rien si la majeur partie de tes acquis sociaux et libertés ne découlaient pas de ses étudiants et révolutionnaires du dimanche. Mais j'imagine que la sainte voix de la discussion va nous amener vers un monde meilleur.... Enfin pour le moment c'est pas trop ça ~~.

[Zêta Amrith]

Indépendamment de l'aspect idéologique, la Bande à Baader ou leurs succursales n'ont rien à voir avec les acquis sociaux et libertés qui peuvent exister aujourd'hui en France. A moins que l'on parle ici de Mai 68, plus grand carnaval capitaliste de la seconde moitié du XXème siècle.

[Aer]

Je pensais à ça, mais aussi et surtout aux mouvements sociaux/radicaux du 19ème.

Mais bon, dès qu'on parle d’extrême gauche, il y a tout de suite ce rejet de facto de la moindre possibilité d'échange concret. Largement plus qu'avec le FN en face.

[Tetho]

Aer > l'équivalent français de la RAF c'est Action Directe, et à ma connaissance on ne leur doit pas d'avancée sociale majeure. Mais si t'as des exemple, je suis tout ouïe.

Mais bon, dès qu'on parle d’extrême gauche, il y a tout de suite ce rejet de facto de la moindre possibilité d'échange concret. Largement plus qu'avec le FN en face.

Parce qu'une bonne partie des mouvements de gauche étaient traditionnellement révolutionnaires et que donc ils refusaient toute évolution progressive qui ne se fasse pas dans la révolution justement. la LCR, Lutte Ouvrière et compagnie n'étaient pas des partis de gouvernement, ils étaient juste là pour faire entendre leurs revendications.
Et ça été le cas du FN pendant des années, mais depuis ils se sont acheté une tenue, ont viré le borgne et essayent de nous faire croire qu'ils sont présentables et ont des proposition concrètes et apliquables. Même si comme on l'a vu sur Inter cette semaine, chassez le naturel, il revient au galop.

[Aer]

Pourquoi est ce que tu parles au passé ?
Je viens de passer deux jours à faire de la mise sous pli pour les régionales et il y a une liste Lutte Ouvrières dans ma région.

[Gemini]

Pour rappel, le mot "terrorisme" désigne à l'origine la doctrine d'une fraction de la Révolution Française ; en l'occurrence, celle de Saint-Just. Pourtant, jamais tu n'attendras un de nos gouvernants prétendent que la Révolution Française, c'est caca.

Dans une démocratie, la lutte armée renvoie à un constat d'échec car elle implique que ces mouvements n'ont pas réussi à obtenir le soutien du peuple dont ils prétendent servir les intérêts. Elle part du principe que le peuple est aliéné et qu'il faut combattre pour lui, pour son propre bien, car lui en est incapable.

[Tetho]

Une Jeunesse Allemande illustre assez bien ça quand la RFA prend les armes, avec Ulrike Meinhof (je crois) qui explique que le peuple et les élites de gauches qui refusent la lutte, devenue seule issueà leurs yeux, sont complices de ceux qui les exploitent et donc coupables, et qu'en tuer quelques un pour faire bouger les choses est donc acceptable.
On va loin avec une telle logique.

[Ialda]

Il y en a qui appelle ça le progrès.

[Aer]

Voir le libéralisme.

[Gemini]

Grand écart culturel :

The Hunger Games: Mockingjay - Part 2 : Vu en salles car je m'attendais à quelques scènes d'action devant bien rendre sur grand écran, mais au final, ce film reste à l'image de la série : sympathique, mais plombé par quelques fausses notes et surtout une incapacité manifeste à exploiter ses meilleurs éléments. Principalement car cela reste une saga pour adolescentes, ce qui oblige à réaliser des long-métrages PG13 alors que le scénario nous parle de battle royales entre enfants et de guérilla ultra-violente. D'où, par exemple, ces scènes d'action illisibles du premier opus, pour cacher ce qui peut l'être. Concernant Monckingjay en particulier, l'idée de le séparer en deux films distincts - alors que le bouquin fait la même épaisseur que les deux autres - donne lieu à une narration forcément diluée qui lui fait perdre de son impact.
Pourtant, comme indiqué tantôt, il reste pas mal de points positifs à souligner. Pour une saga pour adolescentes produite seulement pour profiter d'une mode, elle sait se montrer plus couillue que la moyenne. Déjà, en ne se limitant pas à son style "système totalitaire pour les nuls" et allant jusqu'au bout de sa logique révolutionnaire, se permettant de montrer l'impact d'une telle logique sur les populations civiles ou d'évoquer la torture. Surtout, en nous proposant une héroïne bien moins naïve et innocente que ce à quoi nous pourrions nous attendre ; Katniss est même plutôt cynique et violente

[Montrer] Spoiler

comme l'atteste sa décision lors du conseil des vainqueurs à la fin du dernier film, ou sa certitude que Finnick va se débarrasser de Mags dès le début du 75th Hunger Games, car c'est ce qu'elle ferait.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que c'est son alter ego masculin, Peeta, qui hérite de l'humanisme, de la foi en son prochain, et de l'idée qu'il est possible de trouver des alliés parmi des gens dont le but est de te tuer ; des traits plus couramment dévolus aux héroïnes, et qui font dire à une partie du public que le personnage est faible
Le budget permet une reconstitution réussie de cet environnement dystopique (mention spéciale aux scènes tournées dans le 93 wesh wesh), et la mise en avant assumée des goûts douteux des habitants du Capitole, qui en temps normal auraient été amoindris afin de ne pas brusquer le public.
Mais entre des incohérences (issus des livres), une réalisation somme toute moyenne, et cette auto-censure constante pour ne surtout pas perdre la mention PG13, chaque film échoue à déployer son plein potentiel. Spoil : les bouquins sont mieux.

[Tetho]

Mais les livres sont ils bons pour autant ?



Grâce à France 2 j'ai revu Quantum of Solace ce soir. Je me souvenais du scénario sans queue ni tête. Je me souvenais du méchant ridicule et de son plan encore plus ridicule qui renvoie les cosmétiques stérilisateurs de Blofeld dans On Her Majesty's Secret Service au rang de plan génial et totalement crédible. Mais je ne me souvenais pas du montage épileptique qui rend la moindre scène d'action illisible et fait ressembler les scènes calmes à des pubs... On a envie de donner de la ritaline au réal et au monteur pendant tout le film. C'est insupportable, un exemple parfait de tout ce qu'il ne faut pas faire en salle de montage. Ce film n'a vraiment, mais vraiment rien pour lui.
Par contre je serais curieux de voir un making of, ils avaient 5 caméras par prise ou est-ce qu'ils ont refait chaque scène 15 fois sous 15 angles différents ? Et c'était storyboardé dès le début ou comme le scénario ça été improvisé en postprod pour cacher d'autres manques ?