Bon les supers-zéros Marvel c'est cool, mais parlons de films sérieux, sombres et virils, parlons de
Terminator 1 à 5tum-tum tum tum-tumAu début du mois j'ai entamé un revisionage de l'ensemble de la saga pour me préparer (brrrr) à
Genesys (visionage même pour
Salvation vu que je l'avais esquivé à sa sortie en salle).
Je dois avouer que mon film préféré de la franchise reste le premier. Bien sûr que
T2 est un meilleur film, plus cinématographique avec son cadre 2.35:1 et sa photographie autrement plus travaillée, avec ses enjeux bien plus élevés, son action de folie et j'en passe. Mais le premier me semble être un film autrement plus malin que la brute qu'est sa suite.
The Terminator est un film qui sans être fauché n'a pas un budget de folie. Du coup pour raconter son histoire de bataille finale entre les humains et les machines Cameron est un peu coincé, et ça le force à avoir des idées. Du coup la bataille n'a pas lieu dans le futur, mais dans notre présent. Ce soir même.
tum-tum tum tum-tum
Le film est une véritable série B, le genre de scénarios taillés pour la TV qu'on retrouvait dans
The Twillight Zone ou
The Outer Limit. Changer le script pour faire des deux flics les protagonistes et ajoutez une fin un peu plus ouverte et ça aurait pu faire un épisode de
The X-files. Et le film le sait et sait retourner ce qui aurait pu être ses faiblesses pour en faire ses forces.
Il y a besoin d'un gros morceau d'exposition pour expliquer ce qui se passe ? OK, mais on fait ça pendant une course-poursuite en voiture assez longue en dosant habilement les moments d'action et ceux d'explications. La scène est un exemple parfait de comment donner des informations au spectateur sans avoir à écrire une scène où les persos se posent et discutent sans rien faire d'autre.
L'acteur principal est un autrichien qui parle avec un accent assez costaux ? OK, on limite au maximum ses répliques et son accent rend son personnage d'autant plus inhumain.
Le film tire vraiment le maximum de ses 6 millions de dollars et du coup je me sens plus enclin à excuser l'animation saccadée de l'endosquelette du T-800 à la fin que les CG vieillissantes de sa suite.
Et puis si ce n'est le problème de causalité que créé la fin de l'histoire, encore une fois une fin ouverte très série B et que l'on retrouve dans la quasi-totalité des histoires de voyage dans le temps, l'histoire se tient bien sans incohérence ou
plot hole.
Et c'est un de mes principaux griefs à sa suite : elle a sacrifié la cohérence au spectacle. A partir du moment où on considère qu'on peut réécrire un futur pourtant certain (puisqu'il a envoyé des choses dans le passé), plus rien n'a réellement de sens. C'est pas trop grave car le spectacle assure comme peu de films l'ont jamais fait, mais scénaristiquement
T2 dit déjà merde à toute la cohérence de la franchise, bien avant le 3 ou
Genesys. Et en soit le bordel sans nom que les suites (que ce soit les films ou la série TV) vont établir trouve son pécher originel dans le film de Cameron plus que dans le manque de talent des scénaristes de ces suites.
Le film a bien pour lui son habile twist autour de la 30e minute, mais de toute façon
la bande annonce le balançait cash (et après ça les bandes annonces de chaque film suivant spoileront aussi un twist majeur du film) donc je doute que qui que se soit ait jamais été surpris par cette révélation pourtant vraiment bien trouvée. Tellement bien trouvée que tout le film est à son image : la structure similaire mais on inverse les valeurs. Schwarzy deviens le protecteur, Linda Hamilton resplendit en incarnant l'image même de l'
action mom, la police bosse sans réaliser pour le terminator... C'est bien pensé pour atteindre le fameux "rien n'a changé mais tout a changé" que les fans demandent inconsciemment. D'autant le film se place sans problème au top des films d'action du tournant des années 80-90 et que cet aspect ne peut décevoir.
Et puis bon, Schwarzy à moto qui recharge son fusil à canon scié en le faisant tourner

C'est l'image même de la badasserie. Hier, aujourd'hui, demain et à jamais.
Et justement c'était tellement badass que quand l'heure tant redouté de faire un troisième film est arrivée, ben ils se sont contentés de copier le 2. Parce que T3 est un remake caché du 2. Non, je ne déconne pas, lisez.
Un terminator très avancé est envoyé dans le temps tuer John Connor (et d'autres membres de la résistance car Skynet a du réaliser qu'il bloquait toujours sur Connor donc autant supprimer ses lieutenants avant de s'occuper de lui). Un T-800 reprogramé est envoyé pour le protéger. Les deux se commencent leur poursuite et finissent par se retrouver au moment même ou le premier terminator va tuer Connor (et sa futur femme). S'ensuit une course poursuite qui implique un imposant camion. Pendant que le mauvais treminator s'occupe de la famille des héros, ces derniers vont retrouver Sarah Connor là où le nouveau terminator les y retrouve. Après s'en être sorti ils décident d'aller détruire Skynet à sa source, rattrapés par leur poursuivant et on fini dans un site industriel avant que les fin ne dévient vraiment l'une de l'autre.
Je ne sais pas si c'est de la paresse ou simplement jouer la sécurité, mais en tout cas l'économie d'imagination à tourné à plein régime. En fait je distingue quelques embryons de bonnes idées dans le script, mais aucune n'est correctement exploitée. Le John Connor faible qui refuse son destin aurait pu être intéressant si le film le montrait devenir le chef qu'on sait qu'il va devenir. Le terminator qui retourne à un état plus machinal après le copain et le père qu'il était dans le 2 aurait û être pas mal si c'est Connor lui même qui le tuait cette fois. le T-X féminin aurait pu... Ouais non avec une première scène où il augmente la taille de sa poitrine le perso était foutu d'avance. Et puis la nana qui le joue est tellement transparente quand Robert Patrick te glaçait le sang avec son regard dans le 2... En fait je serais bien incapable de dire qui a joué le T-X, alors que j'ai revu le film il y a deux semaines quoi...
En fait le seul vrai moment réussi du film, c'est sa fin. Son coté défaitiste et rétrospectivement inévitable est assez surprenant.
Ce qui est toujours mieux que cette catastrophe qu'est
Salvation, le film qui n'a rien compris à Terminator et nous montre donc la guerre contre les machines. Encore une fois, c'est cette tendance moderne de tout vouloir montrer. Quand justement tout le propos du premier film était de déplacer le combat final de la guerre entre les humains et les machines dans le futur au présent. Du coup on sait d'avance que ça va pas être jojo.
Et ça ne manque pas, le film est puissamment inintéressant. Déjà parce que maintenant que les terminators sont produits en série, il suffit de 3 balles dans la tête ou un piano dans la gueule pour les tuer, syndrome
Aliens dans ta face. Mais aussi parce qu'aucune des intrigues du film, que ce soit les problèmes de Connor avec ses supérieurs, le besoin de sauver Kyle Reese ou ce qui arrive à Marcus, n'arrive à soulever l'intérêt.
La seul chose qu'avait le film pour lui,
si j'en crois un de ses nombreux scénaristes, c'était sa fin.
The one thing we did have was a strong ending. Connor is fatally wounded during the attack on the Skynet complex. He gives Kyle Reese the Polaroid of Sarah Connor. As he's dying, he asks Marcus to become him-- resistance doctors can reskin Marcus' mangled frame and alter his voice. After all, it's Marcus who understands Skynet, he's the one who connected to its machine mind. The symbol of John Connor, the icon of a savior, is infinitely more important than the man. In essence, JC himself becomes the terminator.
Ça ça aurait été un ajout intéressant à la mythologie
Terminator, et quelque chose d'à la fois couillu et pourtant logique vu le second film. Sauf que non, ça été refusé et avec le peu que le film avait sombre.
L'échec de ce film est d'autant plus dommage qu'en soit on avait presque
Terminator vs Batman là, avec le frère Nolan à l'écriture en plus !
Et donc on arrive à
Genisys, le dernier film tant décrié qui dès sa première bande-annonce ressemblait à une fanfic et pour qui tout le monde a perdu tout espoir quand la seconde bande-annonce a lâché le spoiler syndical des bandes-annonces de
Terminator.
Et vous savez quoi ? ben j'ai bien aimé.
Alors mettons nous d'accord, le film est raté. Son casting est à coté de la plaque, que ce soit son Kyle Reese absolument plat, sa loli-Sarah Connor qui fait de son mieux mais n'arrive pas à nous enlever l'image de Linda Hamilton la clope au bec qui démonte son M-16 et Schwarzie est tout simplement trop vieux pour ces conneries. La photo est dégueulasse, j'en veut pour preuve les plans au début qui recréent à l'identique certains plans iconiques du premier film. Les SFX sont décevants, le T-1000 est à peine plus réussi que celui de
T2, un demi-siècle plus tard, et l'explosion atomique qui ouvre le film est moins crédible et réaliste que celle que l'on voit dans la séquence du rêve dans le même
T2. Quand au scénar est un bordel sans nom qui se croit malin mais qui est en réalité un
melting pot d'idées piquées à toute la saga.
Lisez donc ce qu'était le premier jet du scénar pour le 3 (même source que plus haut, btw) :
Arnold shows up and tries to kill rich, smug John Connor. A female terminator, a nanotech assemblage of micro-bots, strives to protect him. Yet it turns out Arnold was sent by the Resistance-- and the nano-chick is Skynet's most nefarious creation of all. See, after the first two pairs of terminators were sent back from 2029 for the first two movies, JC revealed himself to be evil-- a Skynet deep-cover agent. He destroyed/will destroy the human resistance from within. This is all because the female nano-terminator supposedly defending him actually infects him in the present day, with a nanobot that bores deep into his brain. So after Connor betrays humanity in 2032, his mortified wife Kate sends Arnold back to kill John Connor in 2003. (Sarah Connor is already dead of cancer, by the way.) In the film's action, the Arnold terminator fails, nano-bitch kills true love Kate-- but Judgment Day seems to have been prevented yet again (although Connor still has a scrap of Skynet inside his head, the-end-or-is-it?).
Ok, vous voyez la chose, Connor qui bosse dans l'informatique et est transformé en agent de Skynet vient de là. Ajoutez les voyages dans le temps dans tous les sens de la série TV, des hommages-repompe en-veut-tu-en-voilà et la nécessité d'adapter le rôle du Terminator à un Schwarzie vieillissant et vous avez un film.
Mais j'ai bien aimé. Déjà parce que les 25 premières minutes sont vraiment réussies, le film annonce cash qu'il ignore le 3 et
Salvation nous laisse entrevoir un futur plus proche des flashbacks du 1&2 que du 4, et enchaine avec un combat T-800 vs T-800 vs T-1000 très cool, et ce jusqu'au bout. Et puis la vraie intrigue du film débute et tout s'effondre. Et en même temps le vrai fun débute.
Le film devient à ce moment un nanar total et, malgré son budget, évite de devenir un bête navet. Tout y devient complètement débiloïde, des histoires de voyages à travers le temps en pagaille au Skynet sur tablettes doté d'une vraie personnalité comme un humain. Le film manque de finesse et, comme les cons, ose tout. Et moi ça m'a bien amusé tout ça. C'est bordélique et souvent
campy mais on évite le film sans surprise qu'était le 3 ou le néant d'intérêt qu'était
Salvation. Et comme d'un on ne refera pas
T2 et que de deux la continuité de la franchise est devenu tellement bordélique pour construire quoi que ce soit de solide dessus, ben ça me va (un peu).
Par contre vu la fin, bon courage aux scénariste du 6 si la trilogie en chantier est avortée comme le fut celle sur
Salvation.
Donc pour finir ce post déjà trop long que je me traine dans un onglet ouvert depuis déjà quelques jours et que j'ai la flemme de relir en entier pour m'assurer de sa cohérence, qu'est-ce que je retiens de cette rétrospective ?
Que le 1 et le 2 sont le canon intouchable de la saga, les films écrits et réalisés par son créateur et ceux sur lesquels se basent toutes les suites. Ensuite c'est le bordel sans nom entre le 3-4, la série TV ou
Genisys et tout le monde fait sa propre cuisine. Mais en soit les graines des plot-twist à la cons qu'ils nous ont offerts ont été semé par Cameron lui-même dans le 2 en passant en mode OSEF la continuité et en offrant un plot-twist génial que tout le monde a fait semblant de ne pas savoir à l'avance alors que c'était pas possible qui appelait forcément par la suite à des choses comme "John Connor devient un agent de Skynet". Au point où j'en suis je suis presque tenté de donner leur chances aux
Sarah Connor Chronicles, même si je sais que la série n'a pas de fin.
Je note aussi que les scénaristes actuels ont un mal fou à donner un rôle à une machine dans leur film sans la personnifier d'une façon ou d'une autre. C'est cons les mecs tout est dans
2001, si vous faites une copie en un peu moins bien de HAL-9000 personne ne vous en voudra. Ça sera toujours tellement mieux que de les faire parler via des hologrammes de gamins.