Terminé la lecture de la première partie de Galaxy Express 999, soit les tomes 1 à 14.
Une série tout de même assez particulière à laquelle je pense il faut pouvoir être réceptif. J'ai eu un peu de mal avec certains chapitres jusqu'à ce que je change ma vision de l'oeuvre. En fait, je la vois plutôt maintenant comme une fable. Chaque chapitre donnant matière à réfléchir. Et surtout, en considérant l'oeuvre ainsi, cela permet d'accepter l'extrême malchance des personnages de se faire kidnapper et voler leur billet tous les deux chapitres.
Dans un lointain futur, la science et les technologies ont connu une incroyable avancée. Les hommes sont parvenus à coloniser l'univers et ont créé des voies "de chemin de fer" spatiaux sur lesquelles transites de superbes trains de l'espace. Les hommes ont quant à eux abandonnés leur corps de chair et de sang au profit de robotiques permettant une quasi-immortalité. Un gigantesque empire robotique s'est ainsi mit en place tandis que les hommes sont eux la cible des railleries et de la violence des hommes-robots.
Tetsuro Hoshino, un jeune garçon vivant dans la pauvreté avec sa mère sur Terre a le souhait le plus cher d'obtenir un corps robotique mais n'a pas les moyens de se l'offrir. Un jour sa mère se voit terrassée lors d'une partie de chasse du comte Robotique. Désormais seul, Tetsuro fait la connaissance de Maetel qui le prend sous son aile. Jeune femme à la beauté divine et aux mystères insondables, elle offre un billet pour la planète de robotisation gratuite. La seule condition sera qu'elle puisse accompagner Tetsuro tout au long de son périple.
Ce synopsie résume en gros le premier chapitre de la série, dès le suivant chaque chapitre représente ainsi une escale de Tetsuro. Chaque escale sera alors l'occasion d'en apprendre un peu plus sur les conséquences de la robotisation, de faire réfléchir ce héros sur la condition qu'il souhaite avoir alors que lui même ne connait en faite qu'une seule facette de la vie. Celle de la pauvreté et des hommes de chair pourchasser par les robotiques.
Chaque histoire est différente, certaines un peu naives, d'autres d'une extrême poésie. Mais toujours différentes.
Pour ma part, je reconnais avoir été vraiment touché par certains chapitres. Je pense par exemple à celui de cette femme ayant un corps robotique de glace.
Si cela n'est pas nécessaire pour son corps, l'un de ses désirs les plus forts est de pouvoirs manger une soupe mizo comme lui cuisinait son père. Malheureusement, tout ce qu'elle touche perd instantanément toute chaleur. Tetsuro de part "la chaleur de son coeur" parviendra à faire une soupe que la jeune femme pourra manger. Mais chaque cuillère fait fondre un peu plus son corps alors que celle-ci ne peut se refréner pouvant enfin retrouver ses sensations d'enfant.
L'un des points majeurs de la série est bien entendu le mystère qui entoure le personnage de Maetel. Qui est-elle ? Il semble que Tetsuro ne soit pas le premier enfant qu'elle accompagne, mais pourquoi et que sont devenus les autres ? Qu'elle est cette voix qui se fait par moment entendre et avec laquelle elle parle ? Est-elle humaine ou robotique ? A chaque question posée, celle-ci répond par de nouvelles enigmes ou phrases mystérieuses.
Maetel est une véritable accroche qui ne cesse de titiller le lecteur, il y a tant de zones d'ombres autour d'elle que l'on se demande si l'on parviendra réellement à cerner son personnage.
Au niveau du dessin, la série porte son âge c'est évident. Étonnamment, les extrêmes se côtoient avec par moment des planches qui semblent rushées avec de simples yeux sur fonds blanc alors que d'autres sont réellement sublimes. Souvent les pages entières ou les doubles pages ont une attention particulièrement soignées. Sans oublier ce design spécifique à l'auteur des personnages féminin. Maetel est un personnage vraiment splendide, et qui pourtant est assez épuré. Un regard saisissant, une chevelure dorée imposante, une taille longiforme et un simple manteau noir et une petite toque (?). Tetsuro est d'ailleurs l'opposé du personnage dans tout son être. Exubérant, joviale, petit mais surtout laid, souvent considéré comme un singe ou un autre animal.
J'ai noté quelques incohérences malgré tout qui m'ont interpellé à plusieurs reprises. Par exemple, au début de la série, nos héros sont en retard pour reprendre le 999. Le contrôleur indique alors à Tetsuro que Maetel est un passager très spécial et que le train ne pouvait repartir sans elle. Pourtant à plusieurs reprises le 999 quittera le quai sans elle dans la suite du récit.
Dans la même veine, je sais que la traduction a été confiée à un fan de l'univers de Matsumoto mais je me suis interrogé plusieurs fois sur l'adaptation proposée. J'ai du relire certains passages plusieurs fois pour pouvoir en comprendre le sens.
Sinon, concernant cette fin que je trouve fabuleuse :
Finalement de nombreux mystères autour de Maetel sont levés. Sur ses origines, sur le pourquoi de ses voyages mais aussi de la voix qui pouvait se faire entendre. Elle a souffert de nombreuses années afin de pouvoir faire tomber l'empire des robots que dirige sa mère. Elle lui a fait croire qu'elle obéissait aveuglement à ses ordres en lui amenant de jeunes hommes qui une fois robotisé renforçaient la structure de Grande Andromède. On peut alors tenté de saisir toute la tristesse du personnage mais aussi de sa force. Avoir voyagé tant de fois à travers l'univers en s'attachant toujours à son compagnon de route pour finalement le voir devenir un élément inerte aussi futile qu'une vis. Tetsuro lui de son côté n'avait qu'un seul but : obtenir un corps robotique. Et même après tous ce qu'il a pu observer tout au long de son voyage il ne pouvait remettre en question cet objectif qui était devenu sa raison de vivre. Au moment fatidique, confronté à son rêve, il réalisa enfin la porté de sa décision et refusa de choisir un corps robotique mais trop tard pour revenir en arrirèe. Le 999 ne repart toujours qu'avec un unique passager, Maetel.
J'avoue que j'aurai été séduit par une autre fin. Celle où Tetsuro terminait réellement en Vis mais qui se sacrifiait pour mettre à mal la structure de la planète. Malgré tout je ne boude pas ce dernier chapitre qui m'a scotché d'un bout à l'autre même si je pense qu'il repose en grande partie sur toutes les révélations que découvre le lecteur.
Je débute maintenant le seconde partie et vais me lancer dans le visionnage du premier film de l'oeuvre.