(Toei Animation / Tezuka Productions)

Difficile de foirer un anime adapté de pareil classique.
Et en même temps, difficile de tenir la comparaison avec le matériel d'origine.
D'emblée la réalisation se montre à la hauteur de l'enjeu, la Toei ayant tout de même confié la responsabilité du film à son vice-président Kozo Morishita, ni plus ni moins : en conséquence, et pour rendre hommage comme il se doit à Osamu Tezuka, la direction artistique du studio s'éloigne de l'esthétique "super-épisode" véhiculée par les long-métrages One Piece et Pretty Cure, pour enfin se rapprocher d'une exigence purement cinématographique. Quoique modernisé, le chara-design à quelques exceptions près ne dénote pas tellement du style rond et dynamique du Maître ; si le consensus graphique trouvé par l'équipe fonctionne, notons néanmoins qu'il amenuise le concept clef du mangaka, à savoir son star-system, en modifiant les traits de certains protagonistes. Tout comme Jungle Taitei 2009, mais sans s'accorder le dixième de ses malheureuses libertés, cet opus semble vouloir lui aussi capter l'attention des spectateurs occasionnels avant de satisfaire les fans - la hippie Miguaila est devenue une jolie poupée.
Le scénario, pondu par une transfuge de K-On !, alterne corrections intelligentes et pertes notables. Au rayon des bonnes idées, on pourrait citer le fait que Siddharta et Chapra se rencontrent sur le champ de bataille dans la version animée – un élément qui confère une unité sans doute supérieure au film. Dans l’ensemble, aucune scène majeure n’est occultée, en dépit de modifications sporadiques – le châtiment de Miguaila – et les quelques séquences dispensables de la version papier sont passées à la trappe. Hélas, si la logique du tout est perceptible et bienvenue, il s’avère que d’un point de vue émotionnel, l’opus n’atteint jamais réellement les sommets haut perchés du manga ; par exemple, la dimension paternelle et les dilemmes du Général Budai sont complètement oubliés par l’adaptation. Production familiale oblige, les dialogues ont également été simplifiés à la serpe, de sorte que l’intensité des personnages est tombée d’un cran. On ne passe donc pas si facilement du moe à Tezuka, quand bien même est-il impossible de livrer autre chose qu’un bon produit partant d’un tel support. Et bon produit, ce premier volet de Buddha l’est assurément. Plus que tout ce que l’industrie a produit de tezukien depuis le formidable Tetsuwan Atom 2003. Rusée, la fin du métrage annonce un hypothétique second volet mais offre aussi une semi-conclusion qui pourrait se suffire à elle-même au cas où le studio abandonnerait son coûteux projet de trilogie.
Trop fidèle au manga pour déraper, mais sans la même quintessence tragique, c'est un bel hommage qui est rendu à l'oeuvre, quitte à se montrer parfois un peu craintif et scolaire. Un film appliqué qui comptera dans l'histoire de la Toei, par trop formaté ces derniers temps.