ATTENTION: JE FAIS DE GROS SPOILERS DANS CETTE CRITIQUE.Puisque Wakanim a permis aux internautes de voir Puella Madoka Magica gratuitement sur leur site pendant une semaine, j'en ai profité pour découvrir la série.
Moi qui ne suit pourtant pas un fan d'animés de magical girls (avec des exceptions notables comme Cutie Honey, Card Captor Sakura et Princess Tutu), je dois dire que j'ai aimé Puella Madoka Magica.
Une chose est sûre, c'est clairement une série qui sort des sentiers battus.
En tout cas l'opening est trompeur: en voyant le générique de début, on pourrait croire qu'il s'agit d'un animé humoristique, kawaii et charmant...
MONUMENTALE ERREUR!
La série étant l'exact opposé de ce générique qui démontre une fois de plus qu'il ne faut pas se fier aux apparences.
On va d'abord parler d'un des rares éléments que je n'ai pas apprécié: le design.
En effet, il fait penser au premier abord à plusieurs séries animées "moe" (même si l'animé de Madoka ne l'est absolument pas) et c'est un style graphique auquel je suis franchement hermétique.
Et puis, même les adultes font beaucoup trop jeunes: la mère de Madoka doit avoir 36 ou 37 ans minimum, or, quand on la regarde, elle ressemble physiquement davantage à une grande soeur de notre héroïne qu'à sa propre mère. Elle paraît plutôt avoir 20 ans.
En revanche, l'animation est très bonne et la mise en scène est excellente.
J'ai apprécié aussi les effets de style lors des duels entre les Puella Magicas qui sont très originaux et donne une ambiance particulière aux combats.
Ce qui m'a surtout frappé dans cet animé, c'est le ton et l'ambiance: c'est de loin la série animée de Magical Girl la plus sombre et la plus angoissante qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent!
La plus violente, tout de même pas, Cutie Honey est bien plus hardcore (ainsi que fun et délirante).
Princess Tutu avait déjà des passages très sombres qui faisaient écho à la cruauté des contes de fée, mais Madoka est encore plus "sadique" si je puis dire.
Déjà je trouve novateur que Kyubey la mascotte de service soit une ordure de la pire espèce: il est menteur, manipulateur, perfide et n'éprouve pas la moindre empathie envers son prochain.
On est loin de la plupart des séries du genre ou la mascotte sert à la fois de guide à l'héroïne et d'élément comique pour dérider le public.
Et le fait qu'il soit inexpressif le rend d'autant plus inquiétant car on ignore ce qu'il manigance et le bougre cache bien son jeu.
En tout cas pour sa seiyuu, il a du être facile à doubler vu qu'il n'ouvre jamais la bouche!
Il déclare aux jeunes filles qu'il rencontre qu'il peut exaucer n'importe quel de leur souhait à condition qu'elles concluent un pacte avec lui et deviennent des Puella Magica pour traquer et exterminer les sorcières qui menacent l'humanité. En revanche, il se garde bien de dire à ses futures contractantes les conséquences funestes qui découlent d'une telle décision.
Dans Puella Madoka Magica, on voit bien que les auteurs ont voulu montrer à leur manière, l'envers du décor des aventures de Magical Girls.
Dans cette série, être une Puella Magica c'est plus une malédiction qu'autre chose.
Dans le troisième épisode, Mami avait confié à Madoka que lorsqu'on devient une Puella Magica, la "mission" est tellement prenante qu'elle est contrainte de vivre isolée des autres, de ne se lier à personne ce qui représente un lourd fardeau...
Madoka tente de la réconforter et lui dit au contraire qu'elle souhaite vraiment être son amie. Cette déclaration touche Mami et la sort un peu de son désespoir, et elle est persuadée que grâce à Madoka et Sayaka, elle ne sera plus jamais seule... cruelle ironie du destin, peu après, elle se fait décapiter par sa proie, une sorcière.
Ce coup de théâtre m'a surpris tant je ne m'attendais pas à ce qu'elle périsse si tôt, Mami ayant été l'un des personnages les plus présents dans les illustrations promotionnelles de la série.
Quant au traitement de Sayaka la meilleure amie de Madoka, elle s'apparente à une longue et éprouvante descente en enfer.
Elle a d'abord conclu un pacte avec Kyubey afin qu'il puisse guérir la main du garçon qu'elle aime afin que ce dernier puisse à nouveau se consacrer à sa passion: jouer du violon.
Au début, elle se réjouit car lors de sa première intervention, elle a pu sauver des innocents (dont Madoka!) et elle se voit comme une super héroïne qui vient en aide aux gens dans le besoin.
La malheureuse ne tardera cependant pas à déchanter et on la voit petit à petit se morfondre, dépérir et déprimer, réalisant un peu tard qu'être une Puella Magica l'empêchera à tout jamais d'accéder au bonheur.
Hitomi l'une des filles qu'elle a sauvé lui vole son petit copain, elle découvre que son âme est emprisonnée dans son pendentif et si celui ci s'éloigne trop d'elle, son corps devient inanimé.
La scène ou complètement désespérée, elle hurle à Madoka qu'elle n'est même plus une être vivante, mais une vulgaire zombie est déchirante à souhait.
De plus, elle finit par être persuadée que tous les hommes sont des raclures considérant les femmes exclusivement comme de vulgaires objets sexuels, notamment après avoir entendu d'ignobles individus insulter leurs petites amies. Elle se persuade que ces gens là ne méritent pas d'être sauvés.
Mais le rebondissement le plus horrible, c'est lorsque Madoka découvre plus tard que les Sorcières étaient à la base des Puella Magica qui ont sombré dans le désespoir et se sont métamorphosées en ces monstres... ce qui arrivera à la pauvre Sayaka.
J'ai également apprécié le personnage de Kyôko Sakura, même si au début, elle me paraissait franchement antipathique en raison de son tempérament hautain et condescendant et aussi à cause du fait qu'elle laisse vagabonder les familiers des sorcières et qu'elle ne lève pas le petit doigt pour les neutraliser alors qu'ils tuent de pauvres gens.
Toutefois, plus loin dans le récit, elle démontre qu'elle est plus nuancée qu'il n'y paraît et veut sincèrement aider Madoka et rendre à Sayaka son état normal.
Homura est également un personnage bien campé. Elle est froide et distante avec les autres, et pourtant elle donne l'impression de connaître Madoka depuis fort longtemps. L'épisode dévoilant son passé est certainement l'un des meilleurs de la série, et on comprend suite à celui ci pourquoi elle est devenue ainsi. C'est à mon humble avis le personnage le plus touchant de l'oeuvre avec Sayaka.
Madoka a la sensibilité à fleur de peau et est très émotive, mais quand on voit tous les malheurs qui lui tombent dessus ainsi que sur ses proches, ça ne donne vraiment pas envie de lui casser du sucre sur le dos. C'est surtout son sentiment d'impuissance face aux dangers et aux malheurs frappant ses amies qui la désespère.
Parmi les éléments novateurs de Puella Madoka Magica, il n'est pas banal que Madoka le personnage principal ne devienne une magical girl que vers la fin de la série.
Le dénouement quant à lui est franchement étonnant et bizarre: Madoka devient une sorte de déesse qui prend tout sur elle afin que de nombreuses filles et femmes ne deviennent pas des Puella Magicas pour leur épargner la souffrance et le chagrin. Ce que j'ai trouvé assez contestable, c'est que parmi ces Puella Magicas, il y ait des personnes ayant réellement existé comme Cléopâtre : cela sous entend que les grandes femmes ayant marqué l'histoire de l'humanité et de la civilisation sont en fait toutes de pauvres victimes manipulées et qui ont été trop naïves et crédules.
Un point de vue très contestable à mon humble avis.
Quant à Madoka, on peut cependant admirer l'abnégation dont elle a fait preuve, même si la pauvre ne pourra plus jamais parler à sa famille et ses ami(e)s.
Le dénouement est cependant assez amer puisque seule Homura se souvient encore de Madoka.
En conclusion, j'ai beaucoup aimé cette série que je trouve très bonne, les seuls éléments m'ayant désappointé étant le character design qui n'est pas à mon goût (rattrapé heureusement par le scénario et la qualité de la mise en scène) ainsi qu'une fin mitigée.
Espérons toutefois qu'elle ne donnera pas lieu à une ribambelle de séries de magical girls toutes plus violentes, timbrées et torturées les unes que les autres, à la longue cela pourrait finir par devenir gavant et lassant.
J'aimerai bien revoir la série, en espérant qu'elle sortira en DVD en France dans pas trop longtemps. Heureusement, il reste la solution de l'import.
Edgar, Edgar, prince de la Cambriole...