
Réalisation : Benjamin Renner + Vincent Patar et Stéphane Aubier (Panique Au Village)
Histoire : Daniel Pennac
Production Animation : Les Armateurs (Les Triplettes De Belleville) + Melusine Productions
Oeuvre Originale : Gabrielle Vincent
L'amitié naissante d'Ernest, un gros ours saltimbanque et gourmand qui peine à joindre les deux bouts, et de Célestine, souricette orpheline qui voudrait échapper aux règlements très rigides de la société des rongeurs.
Librement adapté du classique de la littérature enfantine Les Aventures D'Ernest Et Célestine, ce long-métrage produit en France est un ravissement dont la beauté aquarelle appelle régulièrement à chanter cocorico sur son siège. Véritable pied-de-nez à l'américanisation intensive des techniques, antidote contre la grossièreté de l'hégémonie CG rongeant progressivement le cinéma d'animation du vieux continent, Ernest Et Célestine utilise à bon escient son budget de neuf millions d'euros pour offrir, non pas aux consommateurs mais aux gamins, en tant que gamins et qui y ont droit, une animation dessinée de qualité, épurée, aux vertus réconfortantes : un résultat qui tend à montrer qu'une utilisation modérée de la technologie Flash peut s'extirper de la masse. Le long tire aussi profit de l'esthétique chaleureuse héritée des livres originaux mais y insuffle un design bien plus expressif - plus japonais via l'inspiration revendiquée de Mes Voisins Les Yamada - et un dynamisme en conformité avec le temps présent. Décidé à ne céder plastiquement ni aux sirènes de la modernité, ni aux tables de lois laissées par les vieux râleurs, le petit film sépia se fraye son chemin à soi dans son coin, et c'est un chemin qu'on ne se lasserait pas d'arpenter un peu plus fréquemment, quitte à délaisser le sentier ronceux des Dreamworks et autres marchands de lessive sans âme.
Côté histoire, s'il possède un fond plus "social" que les ouvrages auxquels il emprunte son nom, Ernest Et Célestine contourne plutôt bien le pédagogisme lénifiant dont se rendent coupables beaucoup de productions hexagonales, en proposant un film qui d'abord, avant toute autre considération, aime ses personnages. Le métrage ne paraît jamais être le prétexte, ou bien l'ours et la souricette l'alibi, ce qui, mine de rien, lui octroie un capital sympathie plus conséquent que bien des concurrents démonstratifs jusqu'au sermon : le conte est bon dirait l'autre. Tout juste pourra-t-on regretter la résolution du récit, un peu faible, facile car solution plus symbolique qu'authentiquement narrative, mais les marmots eux n'y verront, c'est le cas de le dire, que du feu... et saluer au passage l'hommage rendu aux livres de Gabrielle Vincent au travers d'une mise en abyme rigolote.
Séquence d'animation influencée par Le Château De Cagliostro.
Si vous avez un rejeton, un petit cousin, une nièce de huit ans, ça sort dix jours avant Noël.
Vous n'aurez sans doute rien de mieux à lui proposer.