de Zêta Amrith le Dim 13 Nov 2011, 01:27
Ayant mis la main sur une place de cinéma gratuite je me suis rendu au lieu idoine pour découvrir que les seuls films que j'aurais pu trouver intérêt à voir étaient déjà complets - Real Steel et Contagion pour ne pas les nommer. Par dépit et pour ne pas rebrousser chemin j'ai donc choisi un film au pif dans la liste, à la sonorité, sans jamais en avoir entendu parler : un certain Forces Spéciales.
Une fois en salle, j'apprends par mes voisins que le film est français, ce qui déjà instille en moi un scepticisme las. Après quoi ces mêmes personnes consultent via leur iphone les critiques du long-métrage sur AlloCiné... et j'entends, presque atterré, que la production que j'ai contribué à rentabiliser s'est mangée 04/20 de moyenne par la presse française. Télérama parle de navet, CinéLive de clip promotionnel, Libération de daube, Le Figaro de propagande...
Puis le film commence. Et se termine. Basique. Mais loin du ridicule annoncé.
Bonne photographie. Scénario light, pas aussi crédible que son réalisateur voudrait le faire croire. Quelques plans involontairement comiques. Gros efforts de tournage, pas une seule scène en studio. Action pas si mal ficelée pour un produit français. Musiques très mal utilisées.
Indubitablement, on sent que l'auteur admire des classiques type Platoon ou Le Soldat Ryan auxquels il ne peut arriver à la cheville, lorgnant plutôt du côté de la série TV The Unit. Oui, le manichéisme qui voit la lutte entre braves soldats français et affreux talibans est souvent de mise, malgré quelques rares nuances. Effectivement, le contenu politique est réduit à son plus simple appareil afin de ne pas créer de polémique, et surtout, de ne pas délégitimer une guerre aux motifs assez douteux - l'intervention française ayant pour but, dans le script, de libérer une journaliste, autrement dit de mener une opération tout ce qu'il y a de plus consensuelle. Et donc en conclusion, oui, ce film, qui semble avoir bénéficié de la participation active du Ministère de la Défense, revêt un caractère particulier : certains diront qu'il s'agit d'un spot publicitaire vantant les actions de l'armée de terre, les plus sévères parleront ni plus ni moins de propagande.
Je dirais qu'on s'en fout.
Non pas que le film soit fantastique, loin de là, mais c'est précisément cet aspect là qui le singularise. Grosso merdo, c'est du cinéma français fait à l'américaine, construit à l'image de ces histoires saluant le courage et l'amitié virile des soldats de l'Oncle Sam. C'est un film qui, parce que dénué de la plus petite rhétorique anti-guerre habituelle, sera qualifié par beaucoup comme étant "de droite"/"phallocentrique" - film dans lequel d'ailleurs la journaliste "de gauche" se voit venir en aide par la corporation qu'elle invective quotidiennement. Il y a donc fort à parier que le long-métrage se fasse démolir par les critiques hexagonaux en raison aussi de son aura idéologique, réelle ou extrapolée, mais dans l'ensemble pro-militaire. Parce que si le film n'a rien d'exquis, il me paraît difficilement mériter 04/20 sur ses seules tares objectives lorsque le même genre de films produit par les cainris passe comme une lettre à la poste dans les rédactions depuis des décennies. La question intéressante que tout ceci pose sans le vouloir est doit-on être entièrement d'accord avec les partis pris d'une fiction pour être équitable dans le jugement qu'on en fait.