Quelque peu échaudé par les premières critiques qui, sans être catastrophiques, étaient pour le moins plutôt fraiches, je n'avais encore jamais pris le temps de regarder l'adaptation animée des aventures du dynamic duo spacio-temporal imaginé par Mezières et Christin. Mis à part la douzaine d'épisodes qui me reste à voir, c'est une lacune qui est en passe d'être résolue.
Année 2417, Galaxity, capitale de la Terre. Brillant étudiant à l’Académie Spatio-Temporelle, Valérian se voit confier sa première mission. Il doit observer un village normand en l’an 912, pour l’université intergalactique d’Oxford. Perché sur un arbre, les choses dégénèrent quand il vol au secours de Laureline, une belle demoiselle en détresse. Au mépris de la loi numéro 3 des voyages dans le temps qui interdit de modifier le passé ou le futur, Valérian sauve Laureline des griffes de Wilfrid de Tancarville, un cruel seigneur local. Il ne se doute pas encore qu’il est sur le point de modifier l’avenir de l’humanité.
Je ne vais par perdre de temps à revenir sur la bédé, tout le monde connait, ou à défaut (bouh) vous pouvez aller consulter l'intégrale, laquelle couvre grosso modo la partie intéressante de la série (rappelons qu'en ce qui concerne les derniers tomes, c'est très simple : ILS N'EXISTENT PAS).
Les prémices de la série animée sont en partie inchangées : Valerian, agent spatio-temporel, remonte le temps jusqu'au moyen-age, rencontre une rousse au tempérament de feu et les deux font équipe ensemble. Ça, ça reste. C'est tout le reste qui change puisque : suite au sauvetage de Laureline, on passe directement à du post-Hypsis : de retour dans son présent, Valerian découvre que Galaxity et la Terre ont mystérieusement disparus, et une panne du système de voyage dans le temps empèche toute enquète dans le passé. Les deux naufragés font de Point central leur point de chute et s'établissent comme troubleshooters galactique avec l'oeil constamment rivé sur le moindre indice qui pourrait les renseigner sur le sort de leur planète d'origine. Occupation qui les mène à croiser régulièrement la route des vilains Vlagos, aberrations crustacées et tentaculaires (et animée en 3D, c'est dire que ce sont les méchants de la série), lesquels cherchent à établir une majorité au parlement galactique (oui, on a vu plus répréhensible, comme plan de conquête de l'univers); s'opposant directement à eux, le prince Baral et la Confédération d'Aldébaran seront les pourvoyeurs réguliers de missions pour Valerian et Laureline.
Evidemment, les vlagos ne sont peut-être pas étrangers à la disparition de la Terre, et Valerian et sa co-équipière sont peut-être même manipulés par Galaxity même, mais il faudra attendre une vingtaine d'épisodes avant de commencer à en apprendre plus sur le sujet...
Outre l'intrigue, l'univers et les personnages qui l'habitent n'ont pas échappés non plus à quelques évolutions. Nos héros, tout d'abord : ils rajeunissent de plusieurs années : Laureline s'en tire bien, plus vive et énergique encore que dans la bédé; Valerian et ses faux airs d'ados particulièrement attardé, moins. Au rayon des trahisons mineures, relevons aussi les shigouz, un chouilla moins crapules qu'à l'accoutumée. Monsieur Albert est bien là, mais il semble avoir la mainmise sur le service spatio-temporel et ne serait pas étranger aux tribulations que subit Valerian. Enfin, comme vilains de service, les vlagos (inconnus dans la bédé, il me semble) remplissent parfaitement leur rôle avec ce mélange d'amoralité qui les pousse à asservir le reste de la galaxie et d'incompétence qui les rends presque sympathique : voir Gork Yodol annoncer une fois par épisode à son Grand Stratéguerre de chef que leur dernier plan en date est un ratage complet - et la punition qui s'ensuit - fait parti des rites de la série qui font doucement sourire.
Une remarque en passant : confier le rôle des antagonistes à un tiers appauvrie quand même la série en faisant du coup l'impasse sur le rôle ambigue de la terre dans la bédé originale, cette critique de l'impérialisme que l'on pouvait trouver dans Alflolol ou L'ambassadeur des ombres - si on excepte un épisode de la série, où un bond dans un univers alternatif laisse découvrir à Valerian un univers où les terriens sont les alliées des vlagos, et les opposants politiques des Aldebaran.
Par contre, plusieurs épisodes critiquent le marketing (Laureline se reconvertit en idol publicitaire), le cinéma à grand spectacle ou mieux encore, a la télé réalité tendance Running Man (l'épisode 25, mon préféré pour le moment). Anecdotique mais c'est l'intention qui compte.
Quelques mots sur le design et les aliens, enfin : on est loin de l'inspiration exotique et les civilisations Vanciennes de la série originale, sans être completement fades la plupart des designs sont assez typique du gros de la production animée de masse.
En conclusion : même si elle est loin de s'élever au même niveau que les meilleurs tomes de la bédé d'origine, j'apprécie cette adaptation animée : d'une part parce qu'il s'agit d'un bon divertissement, doté d'une animation et de designs acceptables, et d'autre part parce qu'elle nous renvoi à un autre type de SF que les modèles que l'on a trop l'habitude de voir - une SF d'inspi plus franchouillarde et qui rappelle les grandes heures d'un Ulysse 31, Il était une fois l'espace ou Les mondes engloutis. A condition d'oublier que l'on regarde une série à destination d'un public enfantin, il y a de quoi passer un bon moment.