Après visionnage complet de la série, celle-ci renforce mon idée que NAKAMURA Kenji est une version light de MASAAKI Yuasa. (Et je ne dis pas ça parce qu'il a bossé avec.) Me reste plus qu'à voir ce que vaut Mushrambo. Rambo sous champignon ? Ca peut le faire.
Série largement pénalisée par sa longueur et le message que l'on peut voir dans l'ending ("ED sequence for noitamina 26th episode... has no name, but it called "C"") renforce l'idée que la production n'était pas maîtrisée.
Cela donne des séquences proprement imbitables à cause de la densité d'informations à assimiler. D'où la nécessité d'étaler les explications sur une vingtaine d'épisodes.
La mise en scène n'arrange pas les choses puisqu'elle tranche dans le lard au point de rendre un joli massacre par moment, notamment lors des combats. Ce n'est pas forcément leur absence qui me peine que le fait d'en couper un d'un coup, ou d'alterner un autre et sa musique ample avec des scènes de quotidien avec bruitages réalistes, ce qui donne un beau déphasage limite épileptique. Pas la meilleure chose à faire. Ce qui n'empêche pas d'être une série bourrée de bonnes idées à ce niveau. Je me rappelle Birdy Decode et sa manière de faire participer les deux personnalités contenues dans un même corps. C'était fin nul, sans doute plus à cause de l'inertie de l'apport que du choix de mise en scène proposé mais, là, la manière de s'exprimer des Assets n'était en rien gênante et participe au délire ambiant à l'esthétique léchée.
Bien entendu, la 3D sur les personnages est une horreur mais celle des décors ne me gène aucunement. Elle a un charme très Gonzo, infographie pour jeu-vidéo un peu kitsch mais dans l'ensemble, c'est décoiffant. Le choix d'une animation survitaminée avait de quoi surprendre mais c'est typique de ce que j'attends d'une série réalisée par NAKAMURA, c'est-à-dire qu'il dit toujours oui à l'expérimentation. Bien entendu, seul le dernier épisode rendra justice au travail des animateurs.
La teneur anti-capitaliste est terrifiante. Je ne connais pas d'équivalent, même Speed Grapher fait pâle figure. Le pire est que si l'on réfléchit deux secondes,
la fin n'est qu'un faux happy end, un effet accidentel, le combat idéologique étant biaisé dès le départ puisque la solution du moins pire préconisée par Sôichirô est la plus pragmatique. L'alternative est la disparition pure et simple à cause de l'arrivée de C, ce qui revient à dire que le combat final, du point de vue du héros, n'est qu'un suicide.
Encore une fois, la longueur n'est pas à la hauteur des ambitions, ce qui donne une série trop absconse, maladroite, une sorte d'édifice qui s'est cassé la gueule. En fait, TAKAGI Noboru a sans doute mal considéré ses forces et les contingences en voulant réitérer à sa sauce l'écriture virtuose dont il fit preuve sur Baccano! mais aussi sur Durarara!!. Fort de la confiance apportée par ces deux adaptations, il s'est lancé, a voulu faire pareil et s'est ramassé. De là à dire que lui et ses collègues sont de gros incompétents qui se sont contentés d'empiler du vent, j'appelle ça soit de la mauvaise foi, soit de la petitesse d'esprit. Il est clair que le "vide scénaristique" se base sur notre histoire économique. Ce serait certainement une erreur de les surestimer en voulant voir quelque chose de grandiose over-crypté mais ne pas reconnaître leurs efforts ne serait-ce qu'en ayant essayé de nous procurer un nekketsu économique qui justement cadre extrêmement bien avec la ligne éditoriale de noitaminA, c'est faire son intéressant.
Et puis l'OST est somptueuse. Quiconque a un peu d'oreille, sans jamais avoir entendu le nom d'IWASAKI Taku peut griller tout de suite que ce mec est à l'origine des OST de Soul Eater et de Tengen Toppa Gurren Lagann vu qu'on y retrouve les mêmes sonorités et que le rappeur de la piste ultime de TTGL, Libera Me, y apparaît. Quand je vois qu'il a aussi écrit la musique de Witch Hunter Robin ou encore, de Kuroshitsuji, c'est dire à quel point ce compositeur est bon.
[C] est une série décevante non pas du type à se tirer une balle dans la tête devant tant de gâchis et de médiocrité, non, [C] est décevante parce qu'elle tente quelque chose avec de véritables forces en présence, une vraie trempe, mais trébuche trop souvent (peut-être simplement à cause de son format trop court et de sa très mauvaise gestion) pour réussir.
Ce n'est en tout cas pas cette série qui me fera perdre espoir en NAKAMURA Kenji pour nous proposer de l'alternatif un peu loufoque. Quand je dis que c'est une version light de Yuasa, je sous-entend aussi qu'il est loin d'être aussi bon donc n'allez pas croire que je le porte aux nues.