Succintement, Zettai Karen Children, ce sont les X-men en jupe plissée arborant des noms tirés du Dit du Genji et où le professeur Xavier est une bonnasse vampirique de quatre-vingt balais d'age.
Dans le Japon de 20XX, c'est à dire de maintenant mais où la population mondiale aurait connue un accroissement drastique en son sein d'individus doués de capacités que, faute de mieux, l'on qualifiera de paranormales et allant souvent au-delà du simple origami de cuillère sans les mains. La société doit faire face à ce nouveau défi et ses corolaires, depuis les nouveaux problèmes de criminalité que celà entraine quand les voyous sont capables de se téléporter directement dans la salle du coffre, comme les phénomènes de rejet et de racisme auxquels nos psionistes doivent faire face.
La réponse s'intitule BABEL et leur arme secrète consiste en trois gamines de dix ans surpuissantes (Level 7, soit le maximum théorique *tousse* dans l'univers de la série), rassemblées sous le nom de code de The Children, lesquelles, au début de la série surtout, causent presque autant de destructions qu'elles ne permettent d'en éviter. Ces trois furies juvéniles sont Kaoru (Force Rouge / pouvoir : télékinésie / quirk : ojisan option pelotage avec mains baladeuses avancées), Aoi (Force Bleue / pouvoir : yoga téléport / quirk : le clown blanc du groupe) et Shiho (Force Mauve / pouvoir : psychometer / quirk : penchants un tantinet déviants et/ou sadiques, il y a clairement de quoi s'inquiéter pour le reste du monde quand la donzelle aura atteint ses vingt printemps et si elle est toujours en liberté à ce moment-là). Le manga, et la série avec lui, débute avec l'arrivée d'un nouveau superviseur nommé Minamoto, à charge pour lui de les apprivoiser voire, si possible, en faire des jeunes filles convenables. C'est la composante Genji. Les paris les plus optimistes lui laissaient à peine quelques jours avant de jeter l'éponge voir de trépasser sous les attentions de Kaoru, mais il finira par devenir finalement un vrai père de substitution et l'objet d'une sincère affection de leur part (donc en fait finalement c'est du Genji mais à l'envers).
Débuté dans les pages du Shônen Sunday et parlant d'un thème (les pouvoirs psys) qui passionne son auteur, ZKC a réussi au bout de 6 ans et 25 volumes a être la première série de Takashi Shiina à égaler son seul précédent succès, Ghost Sweeper Mikami (sur les conséquences de la bulle immobilières japonaise sur la vie des yokais et autres fantomes japonais de l'archipel au début des 90s). Mieux encore, puisque la série se bonifie avec le temps : d'un shônen un peu simpliste, faisant la part belle aux bons sentiments de Minamoto comme à l'attitude nekketsu de Kaoru, et avec des blagues pas toujours fines (voire, dans le cas de Muscle Ôkama, en dessous de la ceinture - littéralement), on a vu rapidement poindre des thèmes un peu plus sérieux, terrorisme, traitement des minorités - que vient souligner une prophétie sur une guerre future mutants/humains et où Kaoru aurait un rôle important à prendre. En attendant, chacun positionne ses pions. Le fait que l'équivalent de la bombe à neutrons dans la série soit une gamine de dix ans positiviste oblige tout ce petit monde à rester courtois entre eux. Mais pas question d'oublier non plus que plus le temps passe (on a d'ailleurs récemment eu doit à une éllipse de trois ans), plus nos héroines grandissent et plus on se rapproche du moment où cette prédiction s'accomplira. Cette montée en puissance des enjeux et la menace d'un destin inéluctable pour signifier que les protagonistes deviennent petit à petit plus matures, quittent l'enfance pour affronter les vrais problèmes du monde réel est l'une des réussites de la série.
"Tout ce petit monde" représente au bas mot des dizaines de personnages, répartis entre plusieurs factions (Babel, organisation suprémaciste mutante Pandora, familles, camarades de classes, etc), et pour la plupart - mis à part les terroristes conditionnés par Black Phantom - éminemment sympathiques, mêmes les plus secondaires qui pourtant bénéficient eux aussi de caméos dans les innombrables yonkomas de l'auteur qui sont passés au fur et à mesure de petits délires fanservice à un statut d'autorité quasi-canonique - des personnages telles que ceux des nouvelles équipes The Little Mice ou The Little Women y ont été introduits avant même leur apparition 'officielle' dans le manga. Et en plus de ça, ils sont généralement assez drôles.
Certains de ces personnages secondaires sont presque aussi charismatique que les protagonistes principaux et auraient fournis la matière à un manga à part entière chez un mangaka inférieur, comme The Wildcat, The Hound, ou Muscle&Mio (urusai !). C'est sans doute ce que j'apprécie autant dans ce manga, ici on sent que l'auteur adore TOUS ses personnages, qu'ils ont tous au moins un embryon de personnalité, et leurs interactions confère une réelle densité aux histoires.
Au final, j'ai débuté la série avec une opinion plutôt tiède, et j'ai de plus en plus aimé au fil des chapitres. Si vous aimez les shônen un peu à l'ancienne, que vous préférez que l'accent soit mis plus sur les personnages que l'intrigue principale et que vous n'avez pas peur d'être patient et de vous investir à long terme, donnez sa chance à cette série, elle le vaut vraiment.
__________________________________________
Dernier chapitre en date donc, le 264; L'équipe Bullet/Aoi a réussit à sauver un Tim retombé dans les griffes de Black Phantom, personnifié par un tout nouveau personnage venu remplacer Phantom Daughter. Direction l'hopital donc, où les Children tombent sur l'ancienne chambre qu'elles ont occupé enfants depuis le moment de leur rencontre, ce qui les replonge dans leurs souvenirs.
Jusqu'à maintenant on avait eu droit à la rencontre Aoi/Kaoru/Shiho que par les yeux de Kaoru, et le récit de Shiho (en raison aussi de ses pouvoirs) jette un éclairage nouveau et attendrissant sur l'état d'esprit de la rouquine au moment de rencontrer les deux autres membres de son trio.
Par contre, pour l'instant je ne vois absolument pas ce que peut être cet endroit où Shiho entraine Minamoto et qui était censé avoir une importance particulière pour Kaoru. Curieux de voir la suite et ce que ça peut nous révéler sur le personnage.
En ce moment, Shiina aime bien dessiner ses personnages à différents âges de leur vie, ce qui permet de voir que certains défauts sont loin d'aller en se corrigeant.
Twipic Shina :
http://twitpic.com/photos/Takashi_ShiinaShogakukantvtropes