Réalisateur : Goro Taniguchi
Scénariste : Osamu Suzuki
Chara-Designer : Yoshitaka Amano
Studio : Tezuka Productions
En l'an 20XX, sur une Terre qui se meurt, les Nations Unies confient à la société Eternal Earth la tâche de recréer un environnement artificiel, Neo-Jungle, où regrouper les espèces animales et végétales en voie d'extinction. Un jeune lion blanc voué à devenir le roi de la faune, Leo, voit le jour dans cet ecosystème de synthèse. Il fait la rencontre de Kenichi, le fils du directeur de Eternal Earth...

Ca y est Jungle Taitei 2009 a été diffusé à la télévision japonaise.
Il s'agit d'un TV Special unitaire d'une heure et demi, qui grâce à ce thread n'aura pas laissé tout le net indifférent.
Ceux qui redoutaient des graphismes et une animation médiocres à l'image de la dernière série Black Jack seront satisfaits de constater que Tezuka Productions a mis le paquet niveau temps et argent sur cette grosse production, censée célébrer les 80 ans virtuels d'Osamu Tezuka. Le design, très surprenant au départ, fonctionne en réalité plutôt bien, la bande-son est correcte et l'animation s'avère tout à fait honorable pour un produit télé. Le téléfilm profite à fond de disposer du savoir-faire d'un vrai réalisateur d'anime, en l'occurrence l'ami Goro Taniguchi, et non de la direction très moyenne de Makoto Tezuka. Bref, c'est techniquement réussi et la 3D n'est utilisée qu'en cas de stricte nécessité.
Le scenario s'éloigne considérablement du manga d'origine - ou devrait-on dire des mangas d'origine. Il s'agit clairement d'une nouvelle histoire, même si les grands thèmes et certains archétypes demeurent. L'une des différences les plus évidentes par rapport aux versions antérieures réside dans la personnalité de Leo, qui est ici - provisoirement - peureux et réticent. Cette re-caractérisation plus en phase avec le Japon actuel s'accompagne d'une "modernisation" un peu accessoire du background : Neo-Jungle, où vivent les animaux du récit, est un lieu de haute technologie où caméras de surveillance, forteresses de métal et autres structures régulationnistes se dressent au milieu de la flore exotique. La société Eternal Earth, qui en a la charge, n'est pas toute rose non plus et s'adonne évidemment à des expériences sur ses cobayes quadripèdes. Globalement, l'histoire est destinée aux enfants, aux adultes empreints de nostalgie et aux fans, sans plus, car si elle se révèle très distrayante elle apparait surtout très en-deça de l'oeuvre originale, bien plus puissante émotionnellement. La fin du récit, en plus de manquer de subtilité, semble assez précipitée.
Au chapitre des erreurs de principe et non d'exécution, on regrettera surtout le manque d'inscription de l'anime dans le corpus général d'Osamu Tezuka : absence du Star-System, de Hyoutan-Tsugi - à moins que je l'aie loupé, de références fines à l'univers de l'auteur. L'anime évolue un peu en vase clos comparativement aux autres essais récents, et cela tranche avec l'interconnexion jouissive caractéristique des oeuvres du Maître. Décision a été prise d'en faire un total stand-alone, et de faire ainsi sans la gigantesque cosmogonie de l'auteur.

Malgré tout, je réserve mon avis pour le moment où des sous-titres, s'ils arrivent, pourront éclaircir certains points restés très vagues pour moi, et sans lesquels il est difficile de jauger le message. De prime abord, ça m'a paru décent, mais je n'approfondis pas pour l'instant. Disons alors simplement que, sur le plan de la seule animation, Jungle Taitei 2009 est ce que Tezuka Productions a proposé de plus abouti depuis l'exceptionnel-extraordinaire-10/10-géniallissime Astro Boy 2003 - massacré en Occident par le remontage américain.