Kamui den

[Ialda]

À l'époque d'Edo, les destins de trois jeunes garçons vont se croiser. Kamui est un enfant de hinin, la classe des « non humains », il s'engage dans la voie des ninjas. Mais en quête de liberté il va s'enfuir de son clan et devenir un nukenin, un ninja déserteur, traqué et menacé de mort. Shôsuke est issu d'une famille de serviteurs et veut devenir agriculteur. Quant à Ryûnoshin, il est fils de guerrier et souhaite venger sa famille qui a été assassinée par un seigneur. Shôsuke provoquera une révolte et sera le seul épargné, Ryûnoshin deviendra rônin, un samouraï sans maître. Tous vont devoir grandir en surmontant les difficultés et en se heurtant au système d'une époque féodale.

Sanpei Shiratô a dessiné des mangas exclusivement sur la vie de ninjas. Il transposait à l'époque féodale les problèmes actuels de la société des années 60. L'oppression, l'exploitation des classes ouvrières sont les thèmes centraux de ses mangas.

(source)

Sans vouloir revenir sur l'historique de ce titre et l'importance qu'il a pu avoir, une petite réflexion : même en ayant été plus que largement prévenu à l'avance, ne connaissant que la série animée dérivée de 69, j'ai été énormément surpris par la politisation affichée par le manga, et l'ambition affichée de raconter une époque plus que les seules aventures du seul personnage de Kamui; En fait, Kamui den est plus proche de la mise en catalogue systématique des pratiques utilisées pour soumettre et diviser la population en castes incapables de se réconcilier pour lutter ensemble contre la domination des castes supérieures, que de la simple histoire racontée sur un mode linéaire (et Shirato ne s'empèche pas le recours à quelques facilités, comme le montrent le coup du body double ou le mini retcon au moment du premier contrat de Kamui et la mort de la famille de samourai).

A lire :
- garo, magazine rebelle par Béatrice Maréchal
- Billet d'humeur sur du9
- Ryan Holmberg on the Early Years of Garo
- Tag 'Garo' sur 3 steps over Japan (TSOJ)
Voir aussi Shiratô Sanpei : Mangaka au service des ninjas par Jetblack.

[Gemini]

A lire aussi : http://gemini.neetwork.net/2010/12/15/kamui-den-tome-1/

[Aer]

Lut le premier tome et c'était de la bonne. Bon, je m'attendais à des ninjas partout et j'ai eu 300 pages des aventures d'un petit loup blanc à la place, mais la progression de l'histoire se fait très bien. Le seul soucis serait peut être du aux relicats de la prépublication, c'est bien de rappeler à chaque chapitre comment marchait la société de l'époque, mais au bout d'un moment t'as compris quoi.
D'ailleurs quel était le rythme de prépub ? Je sais que le mag avait été conçu sur mesure pour cette histoire, mais quand je vois que chaque chapitre fait bien sa centaine de page à la louche, je me pose des questions.

Niveau dessin c'est assez correcte, j'aime bien les bouilles des personnages et leurs expressions rendent très bien, il y a un coté terriblement envoutant qui transparait de certaines cases, voir de planches entières, mettant l'accent sur l'ambiance plus qu'autre chose. La narration séquentielle en elle même est pas mal, mais pas top (on est pas au niveau d'un Taniguchi sur son Kaze no Shô non plus), mais ça reste très lisible. Dommage par contre que nous ayons parfois du mal à différencier des seconds couteaux.

Le seul vrai gros bémol

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C'est le coup des deux frères jumeaux. Dans le genre "salut je veux pas m'emmerder" j'en suis resté sur le cul tant le reste est bon à coté.

j'ai été énormément surpris par la politisation affichée par le manga, et l'ambition affichée de raconter une époque plus que les seules aventures du seul personnage de Kamui

Bizarrement pas tant que ça dans mon cas, peut être parce que j'avais lu des trucs sur Sanpei Shirato avant et son positionnement idéologique. Puis l'histoire saute "rapidement" d'un personnage à un autre, ce qui fait qu'en entamant la lecture, je me demandais déjà quand allait apparaitre Kamui et que pour le coup, je ne peux pas le voir comme seul protagoniste, même si le trio avec Ryûnoshin et Shôsuke est vraiment la tête d'affiche, il se passe tellement de trucs à coté...

[Ileca]

Je te rejoins sur le bémol a tel point que je me suis demandé si Kamui-den n'était pas destiné à se terminer à cet endroit. Ce retournement de situation bancal comme jamais n'étant qu'une manière de remettre la série sur les rails devant son succès. Le contraire me peinerait au milieu d'une oeuvre aussi parfaite.

Quand à la politisation, quand tu connais l'auteur, elle est une évidence. A contrario, même en connaissant Garo, difficile d'imaginer qu'une oeuvre de ninja puisse prendre cette direction d'une manière aussi directe. Après tout, gekiga n'est pas toujours à prendre au sens de critique socialeà la TATSUMI mais de liberté individuelle - ce qui en soi, à l'époque, était un message politique. Tu regardes ISHINOMORI d'en face, c'est pas très politique comme gekiga.

Et Garo était un mensuel. J'anticipe ta prochaine question : oui, il enchaîne pas mal, au moins durant les dix premières années même si parfois, le nombre de pages oscille. Faudrait que je retrouve mes sources si tu y tiens.

[Aer]

Je te rejoins sur le bémol a tel point que je me suis demandé si Kamui-den n'était pas destiné à se terminer à cet endroit. Ce retournement de situation bancal comme jamais n'étant qu'une manière de remettre la série sur les rails devant son succès. Le contraire me peinerait au milieu d'une oeuvre aussi parfaite.

A moins d'un retravail derrière pour la version tankûbon, je ne pense pas qu'elle devait se terminer la. Sinon ça n'aurait vraiment eu aucun sens tout le long passage dans la forêt et tout.

Garô a vraiment été conçu pour Sanpei Shirato, j'avais lu une interview du responsable de création du mag qui était un ami de l'auteur et expliquait qu'ils avaient fondé le magazine pour lui permettre de faire Kamui-den. Après, ils acceptaient qui ils voulaient selon leur ligne éditoriale, mais je pense pas que le contrat incluait une ligne "si t'es pas politisé tu dégages chez Minamoto-kun-de-la-shueisha-d'en-face".

J'étais juste curieux si c'était un mensuel, bi-mensuel voir trimestriel.

Edit : Désolé si tu ne repasses pas avant un moment. Bref, en y repensant un peu plus longuement, cette "fin" aurait eu un sens avec les passages en forêt, montrant la différence entre le règne animal - sévère mais juste - et humain - punitif et exclusif -. Mais malgré tout, ça aurait laissé tellement de choses en plan, je n'arrive vraiment pas à saisir. Surtout que

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l'espèce de "prédiction" avec le vieux fou des montagnes qui vient et appelle l'enfant Kamui comme si c'était son destin, finalement c'est lequel des deux ? Et celui qui joue avec le loup ? C'est peut être expliqué plus tard, je ne sais pas, mais pour le coup ça perd vraiment le lecteur.

Au final je ne sais vraiment pas quoi penser, à par que c'est une idée qui à priori à l'air nulle.

Surtout que comme je dis, Shirato fait partit de ses rares mangaka qui a eu toutes les largeurs possibles pour faire son manga (de tête je ne vois d'autre que le Nausicaä de Miyazaki et dans une moindre mesure le FSS de Nagano - je laisse à ceux connaissant vraiment Tezuka le soin de dire si oui ou non il était dans ce cas - donc il se retrouve dans tout les cas responsable de ça.

[Ileca]

C'est que c'est tellement télescopé que ça en est suspect.
Si on raisonne, il n'aurait pas appelé son manga La Vie de Kamui pour 600 pages avec une intro forestière de 200. Il me semble que Den est un terme fort et ne s'adapterait pas à un passage éphémère de la vie de quelqu'un.

Après, ils acceptaient qui ils voulaient selon leur ligne éditoriale, mais je pense pas que le contrat incluait une ligne "si t'es pas politisé tu dégages chez Minamoto-kun-de-la-shueisha-d'en-face".

Et c'est exactement ce que je viens de dire, raison pour laquelle, sans connaître l'auteur et même avec la réputation du magazine en tête, je comprends que Ialda puisse s'étonner.

[Ialda]

Disons que, avant d'entamer la lecture, c'était sur la manière dont il arriverait à mêler le sujet avec un propos politisé qui me laissait dubitatif : voyais pas comment il allait s'y prendre.

J'ai dû laisser tomber la lecture aux alentours du second ou troisième tome, à force de faire passer le focus d'un groupe de personnages à un autre, les fastforward/flashbaks, à force j'ai trouvé ça illisible