Le choix des animes cités dans cet article est laissé à la discrétion de l'auteur.Apparu au début des années 80 dans le domaine de l'animation, les OAV - Original Animated Video - sont des animes destinés directement à la commercialisation, sans diffusion préalable. Ce format permet aux studios de s'affranchir des contraintes de durée, de temps de production, et de contenu inhérentes aux séries télédiffusées et aux films. Nous le retrouvons utiliser pour viser un public spécifique, adapter des oeuvres non transposables en l'état pour le cinéma ou la télévision, donner leur chance à de jeunes créateurs, concevoir un projet ambitieux, ou tout simplement en guise de bonus pour compléter un anime ou un manga.
Nous admettons traditionnellement que la première série d'OAV fût
Dallos, une création de Mamoru Oshii sortie en 1983 . Néanmoins, quelques mois plus tôt, la même année, sortaient les deux premiers direct-to-video :
Otsuki-sama to Ôjo, suivi de
Midori no Neko de Osamu Tezuka. Le même Osamu Tezuka récidive l'année suivante avec
Amefuri Kozô, mais 1984 est surtout marqué par la sortie de
Birth, une des premières productions majeures du format, ainsi que par les premières OAV produites suite à une série TV, respectivement dévolues à
Mahô no Tenshi Creamy Mami et
Ginga Hyôryû Vifam.
Il faut attendre 1985 et
Area 88 pour que ce soit créée, après
Dallos, une nouvelle série comprenant plusieurs épisodes et non un seul. L'année voit une prolifération d'OAV ; citons notamment
Megazone 23,
Iczer-One,
Genmu Senki Leda, ainsi que de nouveaux animes surfant sur le succès de
Mahô no Tenshi Creamy Mami et
Ginga Hyôryû Vifam. D'autres séries se voient dotées d'OAV dans la foulée :
Mahô no Princess Minky Momo,
Dirty Pair,
Sôkô Kihei Votoms, ou encore
Urusei Yatsura.
L'année suivante ne dément pas cette tendance, avec des titres comme
The Humanoid, la suite de
Megazone 23 - une première pour le format - ou encore le début de l'adaptation de
Violence Jack. Après
Chônôryoku Shôjo Barabanba et
Mujigen Hunter Fandora, c'est une nouvelle oeuvre de Gô Nagai qui reçoit les faveurs d'une transposition en OAV ; au fil des années, nombre de ses manga connaitront le même sort - même si peu dépasseront le stade de l'épisode unique - le format se montrant plus propice pour reproduire la violence et souvent l'érotisme de ses travaux originaux, chose évidemment impossible pour tous les animes qu'il signe pour la télévision.
Parmi les thèmes de prédilection des OAV de l'époque, nous retrouvons particulièrement l'heroic fantasy (notamment avec
Outlanders) mais aussi énormément de SF, avec ou sans
robotto. Avec
Mahô no Star Magical Emi qui a droit à une OAV à son tour, les Magical Girls se font elles-aussi très présente, et avec elle le Studio Pierrot (déjà responsable de
Dallos).
L'année 1987 est surtout ébranlée par l'apparition d'une des oeuvres les plus connues du format, j'ai nommé
Bubblegum Crisis. Autre succès :
Robot Carnival, succession de courts-métrages écrits et réalisés par de nombreux talents de l'animation japonaise, dont Katsuhiro Otomo, lequel répétera l'expérience à plusieurs reprises par la suite. Se démarquant dans la production de l'année, nous pouvons parler de
Black Magic M-66 adapté d'un manga de Masamune Shirow,
Space Fantasia 2001 Nights, l'ambition projet
Twilight Q,
To-Y,
Dangaiô, et la toute première OAV de la célèbre licence Lupin III :
Fûma Ichizoku no Inbô.
Alors que 1987 semblait déjà exceptionnelle en terme de qualité, 1988 va définitivement bouleverser tous les standards, avec les débuts de
Kidô Keisatsu Patlabor,
Dragon`s Heaven,
Meioh Project Zeorymer,
Crying Freeman,
Appleseed,
Dominion, et surtout
Top o Nerae!, anime grâce à qui Gainax va pouvoir éponger les mauvais résultats en salle de
Honneamise no Tsubasa tout en assayant sa réputation, et le légendaire
Ginga Eiyuu Densetsu, la plus longue série d'OAV existante avec pas moins de 110 épisodes (rien que pour son premier anime).
L'année 1989 est celle de la première importante percée de l'univers Gundam en OAV avec
Kidô Senshi Gundam SD Mark-III mais surtout
Kidô Senshi Gundam 0080. Mais il s'agit aussi de l'année de
Crusher Joe,
Shin Captain Tsubasa, ou encore
Gosenzosama Banbanzai!.
A partir de cette période, l'émulation autour de ce format nouveau semble disparaitre progressivement, même s'il reste bien entendu de nombreuses productions d'OAV, plus ou moins ambitieuses et plus ou moins bien accueillies.
Cela ne se ressent pas encore trop en 1990, avec notamment
Sol Bianca,
AD Police (suite de
Dominion), la seconde série d'OAV de
Kidô Keisatsu Patlabor,
Cyber City Oedo 808, et le titre par lequel de nombreux Européens vont définitivement plonger dans l'animation japonaise : le culte
Lodoss-tô Senki.
Très impressionnante en terme de qualité, 1991 se distingue par
Burn-Up,
Slow Step,
Otaku no Video,
Arslan Senki,
Asatte Dance,
Koko wa Green Wood,
Bubblegum Crash (suite de la série de 1987), mais compte surtout sur le célèbre
Kidô Senshi Gundam 0083 : Stardust Memory.
L'année 1992 commence avec
Babel II, enchaine avec les adaptation des populaires
Video Girl Ai,
Tokyo Babylon, et
Bastard, mais sera surtout marqué par la sortie de la première OAV de l'impressionnante série
Giant Robo - Sekai Saigô no Hi, dont la production prendra plusieurs années pour seulement 7 épisodes. Même si cette dernière illumine cette année, nous notons une nette diminution du nombre de productions, avec un nombre important de transpositions de manga ne reprenant que quelques passages de ceux-ci.
Une tendance qui se confirme en 1993, avec les adaptations de
Ah! Megami-sama,
Natsuki Crisis, et
Gunnm, une suite de
Ranma 1/2 et
Black Jack, le remake de
Casshan,
The Cockpit, et peu de créations originales comme
Ryuuseiki Gakusaver. Par contre,
Hello Kitty semble avoir pris ses aises dans le petit monde des OAV, avec un nombre impression de titres divers et variés, telle qu'une version revisitée de
Alps no Shôjo Heidi.
Les titres majeurs deviennent plus anecdotiques, malgré une légère hausse de qualité en 1994 grâce à
Shin Cutey Honey,
Bakuen Campus Guardress,
Iria: Zeiram the Animation,
Macross +, et
Key the Metal Idol.
Les années suivantes verront apparaître - outre les OAV anecdotiques destinés aux fans de manga spécifiques, les suites, et les compléments de série TV -
Armitage III (1995),
Saber Marionette R (1995), les débuts de
El Hazard (1995),
Golden Boy (1995),
Birdy the Mighty (1996),
Aika (1997),
Yokohama Kaidashi Kikô (1998),
Queen Emeraldas (1998),
Change!! Getter Robo : Chikyû Ga Seishi Suru Hi (1998),
Blue Submarine n°6 (1998),
Sol Bianca the Legacy (1999),
Master Keaton (1999), ou encore
FLCL (2000).
Malgré quelques titres qui surnagent, la fin de la décennie voit une nette diminution de la quantité de séries produites en OAV, accompagnée d'une diminution manifeste de la prise de risque.
Le nouveau millénaire débute alors que les OAV semblent presque passée de mode, malgré le succès critique de
FLCL. Quelques titres plus ambitieux font leur apparition, dont
Read or Die (2001),
Mazinkaiser (2001), et
Alien 9 (2001), pour certains des adaptations, mais cela reste presque anecdotique alors que le nombre d'animes augmente. Makoto Shinkai raffle quelques prix avec son
Hoshi no Koe (2002) produit n marge des studios d'animation, d'autres connaissent le succès comme
Trava (2002) et .hack//Liminality (2002), et le jeune Studio 4°C - filiale de Madhouse - essaye de redonner au format son aspect expérimental des origines avec
Sweat Punch (2002), puis
Animatrix (2003) en collaboration avec des créatifs américains. Mais le projet le plus populaire de 2002 reste probablement
Macross Zero (2002), nouvelle suite à succès de la célèbre licence. Cela ne semble pas redonner un souffle nouveau au format, qui se contente essentiellement de suites ou d'animes annexes surfant sur le succès de titres télédiffusés, même s'il reste quelques projets plus risqués comme
Submarine 707R (2003),
Le Portrait de Petit Cossette (2004), Re:Cutie Honey (2004),
Top o Nerae! 2 (2004),
Bokusatsu Tenshi Dokuro-chan (2005),
Karas (2005), et
Pale Cocoon (2005). Les projets les plus marquants de la deuxième moitié de la décennie restent probablement une nouvelle adaptation de
Hellsing (2006), dont le contenu extrême aurait été incompatible avec une télédiffusion, et les OAV produites pour finir de transposer à l'écran la série culte
Saint Seiya (2006) ; la première est une franche réussite, la seconde par contre aura déçu bien des fans de la série d'origine. Parallèlement, Kidô Senshi Gundam continue de passer par les OAV, avec - outre les sempiternels animes annexes -
Kidô Senshi Gundam MS IGLOO : Mokushiroku 0079 (2006) et le prestigieux
Kidô Senshi Gundam Unicorn (2010),
Freedom (2006),
Murder Princess (2007),
Batman : Gotham Knight (2007),
Detroit Metal City (2007), la très attendue suite de
Cobra (2008),
Denpa Teki na Kanojo (2009), et
Mudadzumo Naki Kaikaku (2010).
Difficile de donner un avis global sur les OAV, du fait de leur diversité.
L'OAV unique, adaptant presque un détail de manga, semble ne présenter que peu d'intérêt, mais je répondrais que lorsque nous sommes fan du manga en question, elles sont souvent bonnes à prendre. Parfois, il faut savoir être lucide : certaines séries sont de toute façon inadaptables, car ciblant des populations extrêmement précises et/ou difficilement rentables. En tant que grand admirateur de Gô Nagai, je préfère avoir des OAV comme celles de
Kekko Kamen ou
Oire Sukeban, fussent-elles courtes et presque frustantes, que de ne rien avoir du tout ou alors des animes totalement épurés de leur style d'origine.
Nous pouvons considére les OAV suites/annexes comme des produits purement commerciaux, mais quand nous y réfléchissons, le but d'une OAV reste tout de même de générer du produit ; ce qui n'interdit pas de faire des animes de qualité, d'autant qu'ils disposent généralement de plus gros moyens techniques à l'origine, afin d'attirer les spectateurs. Ensuite, ne restent qu'à apprécier les produits qui le méritent. Dernièrement, j'ai par exemple vraiment apprécié la dernière série tirée de
Mai Otome.
Restent enfin les productions plus expérimentales, plus risquées, ou plus ciblées. Il existe un public pour les animes originaux, prêt à les financer, ce qui permet de donner naissance à des projets parfois très intéressants. Je trouve que cela a surtout été vrai dans les années qui ont suivi l'apparition du format pour l'animation japonaise, car de nombreux artistes ont voulu exploiter le concept, et cela a donné plusieurs titres de légendes. Je regrette qu'il y ait moins de séries d'OAV audacieuses dernièrement, mais les chiffres montrent clairement qu'il y a moins de séries d'OAV de toute façon, même s'il reste quelques animes en cours de grande qualité, comme
Gundam UC,
Hellsing Ultimates, ou
Denpa Teki na Kanojo. Nous n'aurons probablement plus jamais un projet de l'ampleur de
Gineiden, mais cet anime est presque une anomalie à l'origine.