C'est probablement pas le bon sujet pour en parler, mais bon vu qu'on a commencé ici...
Tel que je le vois c'est moins l'état de la société japonaise qui fait que qu'une évolution logique du
fandom. Les premiers créateurs d'anime n'étaient pas des fans, c'était avant tout des producteurs qui essayaient de recréer au Japon ce qui fonctionnait ailleurs (lire "chez les américains" vu que c'est la culture de ces derniers qui a irrigué le Japon de l'après-guerre). Les ambitions de la Toei étaient d'être le Disney de l'orient, Takahata est un grand amateur de cinéma et ça se sent dans son approche de la réalisation,
Yamato ce n'est rien d'autre que
Star Trek par le prisme de la seconde guerre mondiale en Asie,
Gundam c'est les romans de Heinlein croisé avec la même seconde guerre mondiale en Europe (Tomino étant de nature universaliste), Takahashi aussi allait chercher ses influences dans le cinéma américain et européen...
Puis arrive la première génération de fan devenu créateurs, celle qui a grandit en regardant
Yamato et
Gundam, celle de l'époque où
fandoms anime et SF ne faisaient qu'un, celle des Anno, Kawamori, O'bari et autres Hirano. Des créateurs qui vont chercher à recréer ce qui lui plaisait "en encore mieux". Ce n'est pas pour rien que
Macross est le véritable premier anime post-moderne avec son mélange improbable "les robots de
Gundam dans le
Yamato qui protègent des
idols". Ce n'est pas pour rien que c'est à cette époque que des anciens rolistes créent
Les Chroniques de la Guerre de Lodoss. Ce n'est pas pour rien qu'à cette époque les projet de mini-séries d'OVA souvent
high-concept et presque toujours dans un contexte SF plus ou moins bâtarde.
Puis vient la génération de créateurs post-
Evangelion qui a grandi en regardant les œuvres de la génération précédente et vont tenter d'émuler ce qu'ils ont aimé. Et le cycle se reproduit à nouveau avec les créateurs actuels. C'est le syndrome de la photocopie de photocopie de photocopie. Naturellement, et à force de regarder leur nombril, ils se sont coupés de leurs racines. C'est pas pour rien qu'un Urobuchi arrive à être un créateur de premier plan de nos jours, dans une industrie qui célèbre de la
fantasy de supermarché comme
Zero no tsukaima ou la SF bâtarde comme
Strike Witches c'est un des rares qui cites K. Dick, Lovecraft ou Goethe. Au royaume des aveugles...
Je suis parfaitement d'accord avec toi que l'animation japonaise s'est construite sur une base de culture occidentale, mais à chaque fois réinterprétée par le prisme de la conscience nippone. C'est pas pour rien que les animes produits par WOWOW sont restés fidèles à ces racines plus longtemps que les autres, c'était une chaine payante spécialisée dans la rediffusion de films hollywoodiens. Même lorsqu'ils produisaient une
rom-com comme
Onegai Teacher l'excuse de la SF étaient là. Le risque avec la tendance plus haut c'est de voir les désires des fans occidentaux, ou pire l'idée de ce que ces fans veulent, servir de base aux projets. Et ça on sait à quoi ça aboutis, des
Under the dog, des
Bakuretsu Tenshi et autres
Speed Grapher (et probablement maintenant des clones au rabais de
Kimi no Na ha.). Soyons clair, j'en sais énormément gré à Netflix et Aniplex d'avoir permis un
Débileman Crybaby d'exister, même si Netflix n'est probablement pas à l'origine du projet, mais quand je vois les autres projets de co-production, de
FLCL 2&3 à
Perfect Bones en passant par
Children of Aether je me méfie énormément te je me dit que quelque chose de pire que la batardisation qu'à connue l'animation Japonaise ces 15 dernières années nous menace.
Zêta Amrith a écrit:Le premier problème c'est que Netflix ou Disney ne sont pas la culture américaine.
Même s'ils essaient de la posséder.
Ils en sont aujourd'hui les principaux diffuseurs. Quand Disney place de façon consistante 5 films par an dans le top 10 des films les plus rentables de l'année ils en deviennent le porte-étendard. Parce que l'image qu'ils projettent rayonne dans le monde entier. Ce n'est pas pour rien si quelques années après le début du MCU on a vu les mangas/animes ayant pour sujet les super-héros ressurgir en masse. Parce que d'un coup Marvel et Disney ont envoyé un signal fort que le cool du moment c'est ça.
Et Netflix avec sa puissance de diffusion qui rend instantanément n'importe lequel de leurs programmes maison disponible dans plus de 100 millions de foyers dans le monde entier dispose d'une puissance comparable. D'autant plus qu'avec eux un succès en est un dès qu'ils l'annoncent, vu qu'aucune mesure indépendante de leurs audiences sont disponibles. Tu sais bien que personne ne se serait intéressé à l'anime de
Sidonia no Kishi si au lieu d'être diffusé sur Netflix il l'aurait été sur Crunchyroll ou, pire, en fansubs. Mais d'un coup grâce à la puissance de Netflix ça été un succès qui a été suivi par les films de
BLAME! et
Godzilla.