de Gemini le Dim 05 Juin 2022, 10:20
Je le mets ici, tout en ne sachant pas trop s'il s'agit du meilleur endroit. Car s'il existe bien un lien avec kes Magical Girls, il ne s'agit pas stricto sensu d'un anime de Magical Girl (même s'il n'exclut pas l'existence d'une magie autre que "celle que chaque personne possède en elle").
Majo minarai wo sagashite : Mire, Sora, et Reika se trouvent chacune à un tournant dans leur vie. Se rencontrant par hasard et découvrant leur passion commune pour Magical Doremi, elles se lient d'amitié et vont désormais se soutenir les unes les autres.
A l'instar de studios américains, Toei Animation décide de faire dans le méta en abordant l'impact culturel d'une de leurs plus célèbres productions, à travers la vie de trois femmes marquées dans leur enfance par la série. Cela va même assez loin, puisque nous retrouvons notamment aux manettes du projet le réalisateur Junichi Satô et le directeur de l'animation / chara designer Yoshihiko Umakoshi. Ainsi, plus que de parler de Magical Doremi, ce long-métrage ressemble à du Magical Doremi (mais sans les petites sorcières) : nous retrouvons la même palette de mimiques exagérées et hyper expressives, les mêmes couleurs vives et chatoyantes (que nous voyons aussi sur la licence Precure), et la même propension au gag pouvant laisser place à de véritables moments d'émotion. Tout cela appliqué à une histoire de jeunes adultes cherchant quel chemin suivre dans la vie (sauf qu'elles n'ont pas l'option "devenir une petite sorcière").
Au début du film, je me disais que la présence de Magical Doremi ne servait vraiment qu'à réunir les personnages, et basta, que cet aspect du scénario allait rester en retrait par la suite. Ce qui n'est pas le cas, cela gardera de l'importance. Presque trop, le film exagère un peu sur l'hommage à la série lorsqu'une des héroïnes choisit une nouvelle orientation professionnelle (dont je ne vous dirai rien).
Même si les noms de Toei Animation ou des créateurs·ices de la série ne sont jamais prononcés, même s'il n'y a jamais de répliques telles que "cet anime est tellement génial", il y a une forme d'auto-satisfaction dans ce film de la part d'un studio et d'artistes conscients de l'impact de leur travail sur une partie du public, et de la qualité de celui-ci. Lorsque le film nous montre une des héroïnes pleurer devant un épisode de la série, cela ressemble à une critique élogieuse que l'équipe s'adresse à elle-même. Et comme dit tantôt, même si la passion affichée par les héroïnes commence comme un jeu entre elles, cela finit par aller assez loin.
L'impact de la série fût réel, et son existence dans le film l'ancre dans une forme de réalité. Le concept fonctionne, mais en cette unique occasion. Si les studios nippons commencent tous à revisiter leurs anciens succès via des œuvres méta (façon Walt Disney), cela risque de devenir franchement indigeste, voire insupportable. Tant que cela se limite à ce long-métrage, cela me convient.
Pour en revenir sur ce film lui-même, j'ai passé un bon moment, bien plus que ce à quoi je m'attendais. Le savoir-faire de l'équipe est là, c'est indéniable, et cela fait un bien fou de voir à l'écran toute cette bonne humeur et cette recherche dans la mise-en-scène des personnages. Les moments pensés pour être émouvants fonctionnent dans ce registre en particulier, et l'amitié entre les héroïnes fait plaisir à voir. Elles sont crédibles et attachantes. En outre, la façon de Mire de mettre les pieds dans le plat permet de créer des situations très satisfaisantes. Le film possède nombre des qualités que nous retrouvons dans les productions Magical Girls de Toei Animation, appliquées à une histoire de jeunes adultes à la croisée des chemins.
Par contre, cela reste une histoire ancrée dans le quotidien - certes avec un très léger élément fantastique - comme nous en voyons énormément depuis quelques années dans le cinéma d'animation japonais. J'ai vraiment l'impression que cette production ne sait faire plus que cela, quand il ne s'agit pas d'un produit dérivé d'une licence à succès. Je regrette l’hégémonie de ces "petits moments du quotidien", au détriment d’œuvres comme Redline.