Hades : Valeur sûre du milieu dit indépendant depuis plusieurs années, Supergiant Games revient avec
Hades qui est probablement leur jeu le plus ambitieux à ce jour. On y incarne Zagreus, prince des Enfers, dans sa tentative d'échapper à l'emprise de son père le roi des Morts et gagner le droit se s'asseoir à la table des dieux de l'Olympe.
Le principal gimmick de ce titre est sa progression semi-aléatoire, puisqu'à chaque partie les niveaux sont composés différemment et surtout les pouvoirs dont Zagreus pourra s'équiper sont distribués au hasard. Pour donner une idée c'est le même principe que des jeux tels que
Binding of Isaac ou
Dead Cells, ou encore le récent
Curse of the Dead Gods à qui ce
Hades ressemble beaucoup. Tout le principe du jeu réside dans la répétition des parties jusqu'à avoir une connaissance complète des diverses possibilités ainsi que des potentiels adversaires, ce qui compense l'aléatoire par le skill.
Là où Hades tire son épingle du jeu par rapport à d'autres titre du genre, c'est qu'il autorise le joueur à se sentir très fort très vite. Certes les niveaux sont aléatoires mais chaque partie rapporte quelque chose que ce soit in-game avec des ressources qui permettent d'améliorer de manière permanente le joueur ou l'une de ses cinq armes - correspondant chacune à un certain style de jeu, ou en dehors du jeu avec comme dit plus haut cette connaissance des synergies de pouvoirs et des patterns ennemis qui rendent la prochaine partie plus facile que la précédente, et ainsi de suite jusqu'à conquérir complétement les Enfers... Avant d'y retourner.
Supergiant est surtout connu pour ses ambitions narratives, qui s'expriment ici de manière exotique puisque le jeu doit tenir compte de l'aspect aléatoire de la progression si bien qu'il est impossible pour deux joueurs de suivre l'histoire exactement de la même manière ; certains déclencheront les bons dialogues au bons moments tandis que d'autres devront compléter plusieurs boucles avant d'être autorisés à continuer le scénario. Cela rend le jeu passionnant puisque l'écriture, ici de haute qualité comme on s'y attend chez Supergiant, est un excellent moteur pour pousser le joueur à relancer des parties encore et encore.
Honnêtement, terminer une partie de Hadès est à la portée d'un chimpanzé et ne pose aucune réelle difficulté ; c'est ensuite que les choses se corsent puisque le jeu propose divers handicaps que le joueur peut activer pour se donner du challenge et obtenir les récompenses qui vont avec. C'est donc vraiment une expérience à la carte, qui laisse le joueur libre de choisir son rythme de progression. Néanmoins, et c'est à mon avis la grande faiblesse du titre, le manque de réel contenu finit par se faire rapidement sentir : quatre zones, cinq armes, une dizaine d'ennemis boss inclus et une demi-douzaines de pouvoirs, le panthéon grec a connu des jours meilleurs. Certes chaque arme propose un gameplay bien distinct et les pouvoirs sont amusant à combiner pour créer les synergies les plus OP, mais on fait le tour du sujet bien assez tôt surtout que le jeu oblige à relancer constamment des parties pour faire avancer les quêtes de personnages.
Artistiquement c'est irréprochable avec un style qui je trouve se rapproche du plus en plus de la BD voire du manga, et ce n'est pas
la cinématique d'introduction en mode anime japonais qui me fera douter. Néanmoins je trouve que l'on reste (un peu) derrière
Transistor pour la partie artistique, et (beaucoup) derrière
Pyre pour la partie narrative. En revanche niveau gameplay c'est dans le mille, il aurait juste fallu un peu plus de viande sur les os.