Donc, après avoir eu le jeu qui traine des mois dans ma bibliothèque, j'ai enfin fait "le jeu de la génération précédente"
The Last of Us (remastered) :TLOU, TLOU, TLOU est fini entre NLOU, NLOU...Avant de commencer, une précision nécessaire : le
game design des jeux Naugthy Dog, du moins la recette qu'ils ont perfectionné depuis
Uncharted, s'oppose clairement à ce que je considère comme les fondamentaux d'un bon jeu. Ce sont des jeux pensés avant tout autour de leur scénario, tel un film, et où les niveaux sont organisés pour permettre à la narration de se dérouler. Ce sont aussi des jeux dont les différents
gameplays qui les composent restent assez superficiels et ne cherchent pas à créer un ensemble aboutis. Les phases de tir à couverture sont assez superficielles et prévisibles avec les inévitables vagues de renforts qui débarquent une fois les premiers ennemis éliminés, les phases d'infiltration sont assez frustrantes tant le comportement des ennemis semble n'obéir à aucune règle claire, surtout les infectés dans les difficultés avancées, et les phases de marche, dignes des meilleurs
walking simulators, ne sont souvent là que pour permettre de l’exposition en laissant le temps aux personnages de discuter.
Ceci dit, une fois la manette en main impossible de faire preuve de mauvaise foi, c'est un plaisir à jouer et je ne lâche pas la manette tant l'envie d’avancer et de savoir ce qui va se passer ensuite est forte. C'est tout le paradoxe de ces jeux à mes yeux, comment la somme de ces gameplays fondamentalement imparfaits ou superficiels dépasse largement celle de leurs valeurs totale pris à part. Et là il ne faut pas chercher, c'est le savoir faire de Naughty Dog en terme de narration et de mise en scène qui fait la différence.
Parce que sur ces points là le jeu est irréprochable. Le jeu est écrit avec un soin digne des film hollywoodiens. Les personnages sont attachants, les différents niveaux(/scènes) vraiment bien pensés, la progression du récit est parfaitement rythmée entre séquences d'action, d'infiltration, passages contemplatifs et cinématiques, et le final fonctionne à merveille, coupant pile là où il faut. Il y a une maîtrise de la narration et la mise en scène qui en impose, le fait que la plupart des cinématiques ne fassent pas plus de 2 minutes le montre, Naughty Dog sait mettre en scène son récit sans jamais trop éloigner le joueur du contrôle de son personnage. Et il y a un vrai équilibre entre la violence du jeu (et de son monde) et la relation que Joel et Ellie vont nouer qui font que le joueur va se projeter dans leur histoire. Si j'avais à regretter une chose, c'est l'impossibilité de finir le jeu sans tuer personne, certaines zones demandant d'éliminer tous les ennemis avant de progresser alors que j'aurais aimé tenter de les passer juste en mode infiltration.
En ce sens Naugthy Dog est clairement le studio le plus en phase avec la politique éditoriale actuelle de Sony : des jeux solos à forte composante narrative. Et il n'est donc pas étonnant que leurs jeux soient au sommet des listes des jeux les plus vendus.
Mais du coup, autre défaut majeur intrinsèque à la recette Naugthy Dog : la collectionite aiguë. Comme dans les
Uncharted il y a trop d'objets à récupérer sur le bord de la route qui détournent l'attention d'un jeu dont le rythme est réglé comme du papier à musique et du coup la narration et les secrets cachés sont en conflits. La première voudrait qu'on avance toujours, pour optimiser le rythme du jeu et de l'histoire, mais les seconds incitent le joueur à s'attarder sur le moindre recoin des niveaux pour ne rien manquer. Et c'est pas comme avec
Uncharted où on peut ignorer les trésors et ne les récupérer que plus tard lors d'une partie pour le platine, ici tout ce qui est récupérable ou presque est important. Déjà les munitions et objets de soins, on est toujours à la limite d'en manquer, ensuite les objets de craft pour améliorer les armes ou les capacités de Joel. Mais surtout, surtout, certains objets à collectionner sont nécessaire pour comprendre ce qu'il s'est passé à certains endroits, je pense avant tout au drame dans les égout, ne pas lire les différentes notes c'est passer à coté d'une partie du récit, ou bien de l’insurrection à Pittsburgh. Les ambitions de narration cinématographique et de narration environnementale du jeu se tirent dans les pattes l'une de l'autre.
Rapide mot sur le multijoueur : c'est sympa mais avec des potes. J'ai fait les deux (longues) campagnes, strictement similaires, en partie avec Lion Sn@ke et ensemble on s'est bien amusé. Le multi est bien pensé, on a vraiment peu de munition et on meurt très vite, tenter de charger l'adversaire c'est la mort assurée et c'est le travail d’équipe qui fait la différence. Du coup forcément seul c'est plus aléatoire vu les mecs à plus de 7000 parties finies qui le campent et sont sans pitié avec les nouveaux ainsi que les mecs qui partent dans leur coin tenter de faire du kill au lieu de rester groupir -__-
Au final je dirais que
The Last of Us n'est pas tant un grand jeu qu'une grande expérience vidéo-ludique. Quoi que je puisse reprocher à la formule Naughty Dog ou à leurs jeux sur le papier, une fois que je joue au jeu j'oublie tout ou presque et ne souhaite qu'avancer dans ce dernier. C'est imparable tant ils ont su . Je leur tire mon chapeau, et suis du coup correctement hypé pour la suite.
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J'ai aussi récemment refait
Gravity Daze (Remastered aussi) :Mon avis général n'a pas changé depuis
la version vita, ce jeu (et sa suite) reste mon exclu préféré Sony de la décennie. C'est un jeu avec une vraie proposition de
gameplay originale, comme on en retrouve chez Naitendeau, et des ambitions artistique. Et aussi un scénario gloubiboulgesque un assez décevant de la part du créateur de
Siren.
Rejouer au premier après le second c'est réaliser que les éléments de l'histoire qui semblaient un peu arbitraires dans la suite étaient déjà là en fait et que le premier était bien mieux rythmé. Pas de mission secondaire, à part celles des DLC, trois ou quatre défis par zone, et beaucoup moins de gemmes à récupérer. On avance bien plus vite dans le jeu là où le second opus noie le joueur dans les distractions qui ralentissent la progression dans l'histoire.
Par contre le
level design est bien plus sage que le second et sa carte toute en verticalité. Le second est sans doute plus aboutis, mais à vouloir trop en offrir au joueur il tombe dans le pièce de ces
open worlds qui finissent par le noyer sous les trucs à faire.
En plus d'offrir une image propre en 1080p et 60fps, le vrai gros plus de cette version PS4 c'est les contrôles à la manette qui rendent le jeu instantanément plus agréable. Que ce soit l'esquive sur une gâchette et non plus au tactile, la glissade gravitationnelle au stick et non plus au gyroscope ou bien la visée gyroscopique à la manette bien plus précise, tout est un plaisir. Et du coup on réalise que c'était bien ces derniers qui contribuaient à créer le challenge du jeu, je l'ai plié tranquillement en 15 heures, platine et DLC inclus.
Recommandation toujours plus chaude si vous ne l'avez pas déjà fait.