Sa nature de binational ne doit rien avoir à jouer dedans, du moins directement. Comme écrit plus haut cet épisode est l'aboutissement de trois années de travail par les deux producteurs actuels de la franchise (dont une femme) sur la représentativité des minorités tel qu'on l'entend en occident(/outre-atlantique), notamment les LGBTBBQ+α.
Dans
Mahô Tsukai Precure! la série met en scène deux filles à l'amitié fusionnelle qui élèvent ensemble un bébé puis une jeune fille (qui à la mi-série devient le ranger vert). L'idée que les 4 héroïnes forment une famille est répété tout du long de la série, bien que la forme de cette famille ne soit pas précisée et entièrement laissée à l'appréciation du spectateur (dans la première partie ça tend à pousser le sous-texte que Mirai et Liko forme un couple homosexuel et Mofurun et Ha-chan les enfants mais une fois Ha-chan devenue une humaine les cartes sont brouillées).
Ajoute à cela le fait que la mascotte de la série, Mofurun, un ours en peluche qui acière la capacité de parler et bouger par lui-même, a été pensée comme asexuée avant qu'en cours de prod il devienne une fille. Un élément important de ce personnage est que bien qu'il soit une mascotte il est traité par la série comme un égal de Mirai et Liko, ce qui en fait pleinement un personnage principal et non "juste" une mascotte. Le scénariste expliquait dans un magazine qu'une scène où Mirai parle de lui avec un prénom masculin avant de se faire corriger par Mofurun qui la corrigeait "
Morurun est une fille, mofu !" avait été pensée mais qu'avec le réal ils n'avaient trouvé le moment où la placer au début de la série. Et dans le film elle devient temporairement une cure, la première cure à pantalon pouvait-on lire un peu partout à la sortie.
La série a aussi un personnage secondaire récurent qui est un
queer, certes basé sur le stéréotype japonais de l'
okama mais les dont gags autour de sa nature androgyne sont rarement à son dépend.
Enfin, et c'est pas directement lié à tout ça mais c'est raccord avec Henri, Liko est la première héroïne à venir d'un monde parallèle vraiment traitée comme une étrangère. Au début de la série elle n'a même pas de nom de famille puisqu'il n'y en a pas dans le monde magique et improvise son "Izayoi" lors de son premier jour de classe chez les moldus. Et tout du long de la série il y a des moments d'incompréhension culturelle. On a là une vraie rupture avec les Setsuna, Hime ou Makoto qui étaient des personnages d'un autre monde mais écrits comme des japonaises qui sont nées et ont grandies au Japon.
Dans
KiraKira☆Precure à la Mode on a le personnage de Ciel qui a grandie en France, mais c'est surtout joué à coup d'exclamations de mots français comme "
Bonjour !" "
Très bien !" "
Parfait !" un peu gratuits donc mouif, passons.
Par contre on a la Force Rouge, Kenjô Akira, qui est un garçon manqué et basée sur l'archétype de takarazuka de l'
otokoyaku (quand Yukari, la Force Violette, est basée elle sur la
musumeyaku) et s'habille avec des chemises et des pantalons pendant toute la série. Elle porte néanmoins un uniforme féminin au lycée, là encore on est pas tant dans un personnage qui revendique ouvertement un droit de s'habiller un homme à la Tenjô Utena que simplement une fille qui préfère porter des pantalons. La productrice de la série a clairement dit que le personnage avait été créé là pour montrer aux petites filles qu'il n'y a pas a avoir honte de s'habiller avec des vêtements typés masculins.
Hugtto va bien évidement bien plus loin sur tout ces sujets, surtout avec Henri et la façon dont il assume sa double nationalité "
je suis double !" et ses penchants pour les vêtements féminins, ainsi que la façon dont il repousse franchement les critiques en disant qu'il ne veut pas gâcher son temps et sa vie à savoir si il doit faire quelque chose qu'il veut faire à cause du regard des autres. On peut ajouter l'épisode avec le chien d'Homare et sa morale "
l'amour transcende la barrière des espèces" avec la caméra qui insiste bien sur Emiru et Lulu, légitimant presque-mais-pas-complètement l'idée qu'elle puissent être amantes.
Bref tout ça pour dire que ça ne sort pas de nul part, c'est vraiment l'aboutissement d'une évolution récente et voulue de la franchise dans le fond. On peut même remonter aux origines de la franchise et son premier producteur pour Toei pour qui les filles de mondes parallèles ne pouvaient être des cures, raison pour laquelle on a eu Shinny Luminous et Milky Rose au lieu de Cure Luminous et Cure Rose. Ensuite la série a glissé vers un message "toutes les filles peuvent être des cures", avec le personnage d'Ayumi/Cure Echo qui en est l'incarnation même, puis aujourd'hui un garçon qui devient, même si que temporairement, une cure. La porte est ouverte pour que dans une prochaine série un garçon fasse parti des héro(ïne)s de la série dans laquelle il apparait et puisse de transformer en cure à chaque épisode.
Personnellement, et même si je salue franchement le travail des deux producteurs actuels de la franchise chez Toei sur ces thématiques sociétales, je préférerais qu'on évite. Le fait que la
magical girl soit être une fille est ancré dans les codes du genre et voir des garçons se transformer avec tout ce que ça implique éloignerait un genre déjà pas mal maltraité ces 15 dernières années de ses fondamentaux. C'est quelque chose qu'on attend plus de séries comme
Nanoha ou
Dog Days, de la
magical girl en apparence qui fait semblant de.
Precure étant, par ce que son héritage Toei, la dernière série de
magical girl encore un peu liée aux racines du genre, je préfèrerais qu'elle évite de, pour reprendre l'expression du sieur Karim Debbache, suriner encore un peu plus ce dernier.
Maintenant je ne suis pas contre un personnage masculin qui combat au coté des héroïnes de façon plus ou moins récurrente, à la Xiaolang dans
CC Sakura (j'allais dire à la Tuxedo Kamen, mais ce dernier est un peu un gros connard à arriver en se tapant l'affiche, balancer sa rose, déclamer sa réplique apprise par cœur puis se barrer sans rien faire), mais il ne faut pas que ça empiète sur la place des héroïnes ou qu'il fasse ouvertement parti de ces dernières. Les codes et poncifs d'un genre ont du sens, d'autant plus dans un genre aussi codifié que la
magical girl, et les détourner sans forcément les comprendre c'est nuire à la portée dudit genre.
Maintenant je ne suis pas contre d'autres futures cures masculines non plus plus, mais il faut qu'elles restent des cures ponctuelles, comme Cure Flower, Cure Tender ou Cure Pekolin, pas des membres à part entière du
roster d'une série. Parce que Cure Infini ne reviendra pas, l'absence de transformation ou attaque
stock-shot est un aveux. Et si Henri apparait en civil dans le prochain
Whatever Stars, même sans parler, ça sera déjà une victoire pour lui.
Ensuite, pour en finir avec tout ça, je sais extrêmement gré à tous les dieux qui n'existent pas en ve bas monde d'avoir permis à
Precure de rester une franchise profile bas en occident et plus particulièrement en Amérique du nord. Ça lui permet de faire tout ça dans son coin, discrètement et sans le mettre en avant, sans que les échaudées du vagin viennent crier au génie parce que deux éléments qu'elles estiment progressistes s'emboitent ou, au contraire, d'avoir les abrutis qui ont de la testostérone à la place du sang de se sentir menacés dans leur virilité parce qu'un mec dans une série pour petites filles assume de s'habiller avec des vêtements féminins.
Puisse-t-on rester protéger d'une récupération politique par des gens qui n'ont fondamentalement rien à battre de la franchise