Tetho a écrit:j'ai l'impression que ta position sur les exclus est souvent que tu est pour ce que les exclus tiers qui peuvent l'être soient portés chez Nintendo, surtout les jeux 2D à la Cuphead ou Odin Sphere, mais que les exclus Nintendo doivent le rester parce qu'elles défendraient une proposition de jeu différente et décalée.
C'est pas exactement ça, non.
Au risque de me caricaturer moi-même, si on voulait aller à l'os et résumer en quelques mots ce que je pense, ça donnerait ça : les exclu' qui me parlent sont celles qui me semblent exister
parce que derrière il y a une volonté de construire un univers marqué, cohérent et identifiable. Cuphead chez Microsoft c'est "un coup", ça ne relève pas d'une vision. Et à vrai dire, je ne raisonne pas comme ça, je me demande juste si les conditions permettant aux jeux d'être les mieux pensés et développés possibles sont réunies. Or, je ne crois pas à l'assertion selon laquelle, "Nintendo, s'ils étaient tiers, ils feraient des super jeux sur des hardwares dignes de ce nom, et ce serait mortel". Je pense même exactement l'inverse. Je sais que l'analogie avec ce qu'est devenu Sega est contestée, mais elle devrait au moins instiller le doute : peut-être que
certains ne sont jamais meilleurs que lorsqu'ils développent pour leur propre écosystème. Pour des raisons que tu connais d'ailleurs certainement par cœur, tant il s'agit de choses que j'ai sur-rabâchées ici. La première fois, ça m'a même valu un duel d'une demi-douzaine de pages avec Sch@dows.
Mais ce que je pense aussi, c'est que cette philosophie s'est effectivement perdue. Et oui, je pense que Nintendo a l'image d'une sorte de vestige du passé. Parce qu'ils portent une Histoire incarnée par des IP's que tout le monde leur associe sans même réfléchir. En fait, Nintendo sont leurs jeux & personnages, et réciproquement. C'est comme s'ils avaient une quinzaine de mascottes solubles dans un même "esprit vidéoludique". C'est une singularité en soi, quoi qu'en dise Deluxe. Et à mes yeux, c'est un héritage à défendre. C'est même pourquoi, malgré tout, je garde de la sympathie pour ce brave Miyamoto : c'est un gardien du temple, aussi sincère que probablement un peu largué, aujourd'hui. Mais comme il a l'air de s'effacer pour de bon, j'espère qu'on ne le regrettera pas dans dix ans.
Deluxe a écrit:La Différence Nintendo® est l'excuse qu'il se sont inventés pour justifier leur indigence technologique et leur modèle économique basé sur un investissement minimal pour des marges maximales, et l'Internet de les regarder avec tendresse en saluant le départ du vendeur de pizzas Reggie parce que c'est "différent".
Au-delà des outrances de forme, je partage certaines de tes critiques. J'ai râlé assez souvent pour ne pas avoir à me défendre d'être un fanboy béat.
Mais le coup de "l'indigence technologique", c'est a minima un raccourci grotesque. Pour rappel, la SNES, la N64 et la Gamecube misaient sur leur "puissance", parfois d'ailleurs de façon puérile. Mais il s'avère que la dernière citée s'est méchamment plantée, alors qu'elle était précisément tout ce que les Nintendo bashers reprochent à la marque de ne plus être. On peut ergoter à l'infini, il n'empêche que quand Iwata est arrivé, il y avait le feu : la PS2 les avait écrasés dans des proportions démentielles et il fallait rebondir. Franchement, avec juste une pincée de recontextualisation, qui leur reprochera un virage à 180° avec la Wii ? Cette décision radicale a peut-être sauvé le segment "Console de salon". De la même façon, en revenir n'est pas si simple, parce que ce succès les a pour partie redéfinis.
Personne ici ne nie les erreurs au long cours de Big N, mais tu simplifies outrageusement les choses : leur stratégie de repli technologique n'a pas procédé d'un simple calcul économique vénal, mais s'est avéré être une issue (de secours) salutaire quand l'inverse ne marchait plus. Entendons-nous bien, je ne dis pas que la GC s'est plantée
parce qu'elle était puissante - ça n'aurait évidemment pas de sens - mais l'Histoire a prouvé qu'il ne suffit pas à Nintendo d'arriver avec une bête de compétition pour tuer le game. Ou même juste d'éviter de se vautrer.
Après, pour la Switch - puisque j'ai l'impression que ton fiel la vise elle tout particulièrement - ses soucis de finition (cf. ses retours anormalement nombreux au SAV) me semblent bien plus critiquables que ses perf' pures. J'ai voulu croire l'inverse longtemps, mais il semblerait qu'arriver début 2017 avec une machine hybride, capable de tirer la bourre à une Xbox One, c'était très compliqué. A moins peut-être de vendre le hardware à perte (ce que Nintendo ne fait jamais), mais même ça, pas sûr que c'eut été possible.