de Tetho le Mar 08 Jan 2019, 01:53
Je profite de la nouvelle collection chez Delcourt pour enfin acheter les Tezuka que je n'avais jamais acheté car leurs éditions étaient en sens de lecture inversé ainsi que pour combler enfin les manques à ma (in)culture. Le prix des ouvrages est cher mais la qualité d'édition des ouvrages, malgré un format pas super pratique, et le fait d'enfin avoir Les 3 Adolfs, Hi no Tori et Buddha en sens de lecture original en valent le prix. D'autant que quand il y a un appareil critique (les Adolfs, Barbara...), il est intégré.
Du coup je découvre Buddha, que je n'avais jamais lu car je me suis intéressé à Tezuka après avoir juré à la face du ciel de ne plus acheter de manga inversé et que contrairement à Hi no Tori ou les Adolfs je n'avais pas d'amis à qui les emprunter. Et je suis un peu surpris du ton. Je savais que c'était un manga destiné avant tout aux enfants, mais je ne m'attendais pas à tant de comédie,surtout autour d'un sujet aussi dramatique que les conditions de vie des esclaves. Je savais aussi que Tezuka prenait de très grande liberté avec les récits du canon bouddhiste, au point de préférer appeler son manga Buddha en anglais et non Budda en japonais, mais au final je suis un peu déçu de voir l'humaniste Tezuka en faire un messie malgré tout au lieu d'insister sur le fait qu'il était un homme comme les autres. Je réalise qu'on est bien loin de la tradition bouddhiste qui le fait sortir seul du ventre de sa mère avant de marcher dans les 4 directions cardinales pour prendre possession du monde mais la farandole des animaux de chez Disney a un coté un peu excessif. Je suis aussi surpris de voir Siddhartha quitter le palais si jeune et si tôt dans le récit, surtout vu le temps passé sur la situation de l'Inde avant sa naissance. Là aussi je me demande si lui donner les 29 ans et la famille que la tradition lui donne lors de la renonciation n'auraient pas pu renforcer la force symbolique du récit.
A part ça c'est une lecture passionnante, le rythme est parfait, la comédie comme le drame fonctionne à merveille. Et l'ampleur mythologique associée au personnage du Bouddha Gautama en fait une œuvre d'une ampleur rare dès la première page. Je suis impatient de lire la suite.
Autre découverte, Barbara, un Tezuka "adulte" cette fois. Je suis moins convaincu là tant le manga semble changer de direction au cours de son récit. On commence avec les fantasmes pervers et inavoués de son personnages principaux, qui vont jusqu'à la zoophilie, puis ça enchaine avec une allégorie sur la création artistique avant de prendre un tournant politique puis de finalement basculer dans le thriller surnaturel. J'ai l'impression que Tezuka avait surtout son personnage principal et a construit son histoire autour. Et encore, la nature de cette dernière change avec le temps, de muse à sorcière, ce qui la dessert un peu. On tient là un manga résolument expérimental (ces perspectives complètements dans les choux quand Mikura et Barbara rentrent bourrés dans les bras l'un de l'autre), ancré dans l'époque de sa création, par un auteur qui n'a eu aucun scrupule à en changer la direction devant les retours des lecteurs.
Je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture, je sens dans ce manga une volonté de Tezuka de parler de la création artistique, il y a du Faust dedans, mais ça se perd un peu dans un récit mal maitrisé qui se perd pas mal malgré la courte durée du manga.
Achieve your mission with all your might.
Despair not till your last breath.
Make your death count.