Fan-tas-tique.
Une heure et demie de film qui danse continuellement sur la fine frontière entre absurdité, débilité et génie. Finissant par allègrement mélanger les trois dans un joyeux foutoir des plus divertissant. Un peu comme si on avait pris les clichés et les poncifs les plus représentatifs des comics de super-héros et qu'on les avait mélangé avec ceux de l'animation japonaise. Du coup on a des super-héros reconvertis en ninjas et samurais qui affrontent des super-vilains équipés de robots géants, parce que pourquoi pas. Le récit est, au choix, complètement décomplexé ou absolument je-m'en-foutiste mais impossible de nier que c'est divertissant au possible.
J'ai l'impression que cette fois las américains ont compris comment faire en sorte que ce genre de collaboration avec le Japon se passe bien : en donnant le contrôle créatif complet aux japonais sans ingérence. Les auteurs de la version anglaise reconnaissent ouvertement avoir fait leur propre tambouille du scénario de Nakashima plutôt que de lui imposer de se conformer à leur vision du projet. Du coup on a un film qui est clairement un anime et pas juste qui essaye de se conformer à la vision de l'animation japonaise de créatifs/producteurs nord-américains. Et comme c'est le scénariste de
Gurren-Lagann derrière le projet est porté par une énergie créative assez irrésistible. Régulièrement le scénario manque de sens et certains rebondissements sortent de nul part mais comment bouder l'apparition d'une armée de robots géants qui ne sont présents que parce que c'est de l'animation japonaise.
Il y a bien quelques détails qui m'ont un peu dérangé, comme cette Catwoman ado/jeune adulte plus espiègle que femme fatale, ce Damian Wayne enjoué et facétieux, je crois que Nakashima n'a jamais lu un seul comics avec Damian en tant que Robin c'est obligé, ou bien cette Harley qui n'a aucun remord à participer à un plan qui asservit Poison Ivy. A coté d'autres personnages sont mieux traité, j'ai été surpris par la justesse du traitement de Red Hood/Jason Todd.
Coté technique le savoir-faire japonais en matière de
storyboard et de
layout permet à ce film de surclasser largement tout le reste des
direct-to-video DC, au moins en matière de mise en scène. J'avais envie d'aller voir les équipes de ces autres films et leur demander "
vous voyez, c'est pas si compliqué". Le film abuse un peu de sa nature de film d'animation 3D et certains combats finissent par devenir illisible à force de voir la caméra bouger dans tous les sens, mais dans l'ensemble c'est du bon. Ce qui est aussi du bon c'est que c'est sans doute l'anime 3D qui émule un rendu 2D le plus convainquant qu'on ait eut, loin devant
Rakuen Tsuihô. Impossible de se faire avoir mais le rendu des personnages par moment est vraiment impressionnant. Nul doute que ça aurait eu plus de gueule à la main, mais il fut saluer le travail. Ça a néanmoins ses limites, chaque personnage n'a qu'un modèle 3D, du coup on ne voir aucun des personnage "en civils", même quand ça aurait été opportun. A tel point que les deux scènes qui demandaient d'avoir des personnages changer de costumes sont animées à la main. Le film essaye de faire passer ça pour une démarche artistique et vu que ça permet au réalisateur d'inviter Ohira Shin'ya sur son film ce serait faire le goujat que de ne pas jouer le jeu.
Coté doublage comme dit plus haut la VO est le japonais et le doublage anglais est une réécriture complète de la chose par deux auteurs américains. Préférez le japonais, ne serait-ce que quand le doublage anglais n'aligne que des comédiens de seconde zone et refuse aux personnages leurs voix classiques, à l'exception d'Harley bien doublée par Tara Strong, le doublage japonais est allé cherché une foule de
seiyûs vétérans, dont un Koyasu complètement jouissif en Gorilla Grodd. Au passage e soupçonne le staff japonais d'être comme les fans occidentaux et de détester Damian Wayne vu qu'il est doublé par l'insupportable Kaji Yûki.
Au final un film complètement débilogénial qui arrive pourtant à ne pas tourner au nanard complet et un exemple parfait d'hybridation occident-orient fait correctement. Avec en bonus
the Goddamn Batman. Que demander de plus ? A part une suite sauce SF ?