Afloplouf a écrit:Et qu'on me sorte pas la farce comme quoi, il n'appartient qu'aux gens de voter.
Ben... si.
A fortiori parce que les forces politiques se revendiquant de la contestation dudit système étaient représentées dans la quasi-totalité des circonscriptions. L'offre étant proposée, qui plus est crédibilisée par les scores importants de LFI et du FN à l'élection présidentielle, les mécontents du systèmes avaient l'opportunité de jouer le "match retour". Après, peut-être que les forces politiques en question ne contestent pas assez le fameux système, mais cela constitue un autre débat.
Petit commentaire de quelqu'un qui a le nez dedans : dès l'élection de Macron, la constitution d'une majorité parlementaire à ses couleurs ne semblait pas chose aisée, tant il a agrégé des soutiens politiquement disparates et tant le pays semblait fracturé entre quatre blocs, ceux des principaux candidats à l'élection présidentielle. Toutefois, dans les jours suivant le second tour, il est devenu
évident qu'il n'y aurait pas le "match retour" promis par les contempteurs du nouveau président. La distorsion entre les discussions d'acteurs politiquement homogènes sur internet et les mesures du corps électoral pris dans sa globalité étaient à ce titre particulièrement divertissantes à suivre pendant la campagne.
La victoire d'En Marche aux législatives était évidente de par le positionnement centriste revendiqué (amis rouges, je pense à vous) du parti et la déliquescence des partis historiques. Sauf personnalité locale assez populaire pour inverser cette loi, le candidat En Marche se retrouvant au second tour contre soit un candidat de LFI, soit du FN est sûr de sortir vainqueur de l'élection. Déjà avantagé par cette logique de configurations, le raz-de-marée a été au-delà des attentes à cause de l'élément le moins prévu (et toujours délicat à évaluer) de ce scrutin : l'abstention. Plus elle est haute, moins les triangulaires sont possibles. Et en duel, En Marche gagne neuf fois sur dix.
Bref, En Marche était objectivement gagnant dès le soir du second tour. La question est : pourquoi, en dépit de scores importants, les partis d'opposition revendiqués ont-ils essuyé de lourdes contre-performances ? Parce que l'abstention, c'est bien leur électorat (les structures sociologiques se croisent remarquablement). On privilégie surtout deux hypothèses : soit ils ont estimé que la bataille était perdue d'avance... soit ils auraient voulu laisser une chance au nouvel exécutif (sans toutefois lui accorder son blanc-seing par le vote). Soit ils s'en foutent, et ce serait sans doute cela le plus grave.
Comme le soulignent pas mal d'éditoriaux du jour, Macron a su tirer parti de la Ve République, dans ses règles écrites et ses usages, pour parachever sa prise de contrôle du pays. Oui, le "système" permet qu'une force très minoritaire en pourcentage des inscrits finisse ultra majoritaire dans les chambres du pouvoir. On peut considérer cela comme injuste, voire antidémocratique (encore faut-il définir la "démocratie", on peut se marrer). Mais toujours est-il que les électeurs avaient le choix et la marge de manœuvre, à travers l'offre politique bien répartie sur le territoire (je ne parle pas du nombre d'étiquettes, c'est une farce). Si ceux-ci sont infantilisés au point que "la politique" elle-même soit considérée comme responsable des les intéresser ou de les motiver suffisamment pour qu'ils daignent voter, j'estime personnellement que le problème se situe du côté des gens qui ne font alors qu'ils le peuvent (et qui viennent geindre ensuite), pas de l'autre.