de Tetho le Ven 09 Déc 2016, 00:57
Kimi no Na ha. (no spoil)
Ou comment Shinkai décide de passer Super Sayan pour dépasser ses films jusque là.
Taki et Mizuha sont deux lycéens japonais qui ne se sont jamais rencontrés, le premier vit à Tôkyô, la seconde dans une petite ville de campagne du département de Gifu. Mais d'un coup, et sans raison apparente, ils se mettent à échanger leurs corps pendant leurs sommeils et passent des journées entières dans la peau l'un de l'autre, puis se réveillent sans réels souvenirs de l'expérience comme si ce n'était qu'un rêve. Commence ainsi une étrange relation entre ces deux adolescents qui partagent leurs vies sans jamais se côtoyer...
Je passe vite fait sur l'aspect visuel, le combo Tanaka x Andô fait toutes les merveilles qu'on pouvait attendre de lui. La direction de l'animation, surtout dans la première partie où elle m'a semblé être la plus signée, rappelle clairement le rendu des films de Ghibli mais en même temps les designs de Tanaka en étant très éloigné ça fait qu'on a pas l'impression d'y voir une tentative de copier le style Miyazaki. C'est très bien joué. Mais là où ça brille le plus c'est vraiment pendant le générique (ouais un film qui a un vrai générique au début et pas à la fin en 2016 !! Miracle), directement supervisé par Tanaka lui-même. A noter que quelques stars du "sakuga" sont présents au générique, comme Okiura, Matsumoto Norio et Nishigori (de ce que j'ai pu reconnaitre pendant que le générique passait, c'est pas exhaustif).
Et comme les personnage étaient depuis toujours le talon d'Achille des films de Shinkai, le niveau visuel est sans commune mesure avec ses précédents films. Couplé aux décors plus beau que nature qui ont fait sa signature visuelle c'est vraiment magnifique. Le film est clairement inattaquable sur sa partie visuelle, à part peut-être pour la baisse de qualité de la direction de l'animation passé la première partie.
Niveau récit aussi c'est vraiment son meilleur film, et plus simplement le plus anime de tous. C'est clairement plus maitrisé, surtout dans le rythme, que ses précédents films. Le film commence comme une comédie bien menée avant que bien évidement shit gets real. C'est un peu cliché comme procédé, mais c'est amené logiquement et surtout ça fait qu'on s'attache vraiment aux personnages avant que ça commence pour de bon. Au moment où la rupture arrive j'étais même déçu que la comédie s'arrête, j'aurais bien aimé 5-10 mins de plus. Surtout qu'on a sur la fin un clip musical pas super qui arrive pour accélérer la narration quand ils commencent à trouver leurs marques dans leurs étranges vies. Je ne vais pas spoiler la suite, mais la progression et la monté des enjeux est vraiment bonne et maitrisé, et le final à la hauteur. Et une fois le film vu je comprend mieux pourquoi, en 2016, il a pu tant parler aux japonais.
Il y a quand même quelques problèmes ici et là, notamment une série d'éléments qui ne fonctionnent narrativement que parce que le film ferme sciemment les yeux dessus. Mais toutes les personnes venues avec moi ont trouvé que ça ne se tenait pas. Si on l'a vu pendant le film c'est qu'il y a clairement un problème là dessus. J'ai aussi pas vraiment accroché à la conclusion, qui tire en longueur parce que Shinkai voulait clairement une fin à la Shinkai après un film au traitement si éloigné de ses habitudes. Dommage aussi.
Mais ça n'entache pas profondément cette histoire d'amour à distance avec un twist surnaturel qui permet à Shinkai enfin de vraiment se renouveler. Et au passage de me réconcilier avec son cinéma, ce qui me fait du bien. Shinkai a fait de gros efforts pour combler les lacunes qui se trouvaient dans ses films précédents, et ce travail paye vraiment à l'écran.
Allez voir le film, passez outre la hype artificielle autour de ce film que tout le monde ne semble être capable de vendre que comme "le film qui a battu Miyazaki", comme si il n'avait que son succès populaire pour lui. C'est avant tout un film vraiment réussi, très chaleureux, touchant et qui sonne (dans l'ensemble) juste. Et en plus il est magnifique, ce qui ne gâche rien vous en conviendrez. Je n'irais pas jusqu'à dire que son succès démesuré est mérité, surtout quand il dépasse les meilleurs Miyazaki qui restent des films autrement plus aboutis, mais il ne l'a clairement pas volé pour autant.
Achieve your mission with all your might.
Despair not till your last breath.
Make your death count.