Dématérialiser permet de faciliter l'archivage, car on peut copier à l'infini sans perte d'information. Au contraire d'un livre papier qui est par définition produit à un certain nombre d'exemplaires voués à disparaitre un par un avec le temps (le papier, et surtout celui de l'édition moderne, n'étant pas éternel). A l'inverse un livre (ou un jeu, un disque,
whatever) dématérialisé peut être reproduit à l'identique sans la moindre dégradation. On peut ainsi multiplier les stockages au cas où, utiliser des systèmes pour parer aux déficiences matérielles (
cloud, raid, stockage hors tension...), partager l'information pour que quand une bibliothèque numérique perd une partie de son fond, d'autres lui permette de le reconstituer en lui renvoyant. On peut transférer les données d'un support de stockage vieillissant vers un neuf, encore une fois sans dégradation ni modification, assurant sa pérennité dans le temps.
Bien gérée la dématérialisation assure la transmission de la culture aux générations futures. Bien plus que des support physiques destinés à devenir obsolètes car justement elle le rend indépendant de ce dernier (qui possède encore un lecteur de disquettes 5 pouces un quart ? de Laserdisc ? de ces cassettes utilisés par les vieux amigas ? qui peut encore consulter le contenu d'un disque dur IDE ? Et dans 30 ans c'est peut-être le CD et le DVD qui à leurs tours ne seront plus consultables aisément).
Oui une tablette de pierre d'il y a 500 ans ou un codex du 12e siècle sont encore consultables. Mais une clef USB ou un disque dur SATA dans 50 ans ? Et je ne parle pas des parchemins antiques, c'est une vue de l'esprit, imagine que la bibliothèque d'Alexandrie ait eu des copies de sauvegarde identiques à travers l'empire. Imagine alors quelle somme de connaissances nous serait arrivée.
Alors en cas de guerre nucléaire je dis pas, mais aux dernières nouvelles les cartouches Super Famicom et le papier c'était pas encore résistant à la bombe atomique, donc match nul
Quand aux liseuses, tu n'as probablement jamais lu avec un de ces appareil. Je veux dire vraiment lire, pas une démo sur une borne à la Fnac ou au salon du livre, mais se poser tranquillement et lire pour lire, pas pour essayer. Les derniers modèles sont vraiment impressionnants en terme de temps de réponse, de définition et de contrats. j'étais assez réticent à lire du manga là dessus, la faute à une résolution trop faible, mais un pote m'a récemment montré ce qu'il achète sur Amazon pour son Kindle récent (pas le Voyage, celui avant) et c'est surprenament nickel. Le niveau de contraste entre le noir et le blanc est même supérieur à celui que l'on peut trouver sur certains mangas papier

. Les comics passent très bien sur tablettes, le format similaire aide, mais le poids d'un iPad n'est pas négligeable et ça peut finir par géner. Par contre la BD franco-belge je suis d'accord c'est pas encore ça. La grande taille des albums n'aide pas.
Je peux comprendre les réticences, je suis très attaché au papier et c'est un de mes problèmes au quotidien, mais les liseuses actuelles en terme de confort de lecture c'est vraiment équivalent. Il ne manque que l'odeur du livre de poche qui a passé 40 ans dans une bibliothèque, mais là ça devient du snobisme. Le livre électronique n'est pas le mal absolu que certains annoncent, c'est au contraire une innovation complémentaire qui offre tellement de possibilités. Il reste bien sur des trucs à régler, comme les DRM, ou la multiplication des formats, mais ça viendra en temps voulu.
Quand aux résultats commerciaux des
e-books, j'ai (aussi) une anecdote à ce sujet. Il y a quelques années au salon du livre j'ai suivi une conférence sur le livre électronique où intervenait des représentant de diverses maisons d'éditions. Une personne dans le public leur fait remarquer que quand un livre sort en nouveauté grand format, le livre électronique est une poignée d'euros moins cher, mais qu'une fois l'ouvrage sorti en poche, le prix du livre électronique ne change pas et donc le poche est 1,5-2x moins cher que le livre électronique et demandait si ils trouvaient ça normal. Le type de Gallimard a répondu que oui c'était non seulement normal, mais voulu et que son boulot était de vendre du livre papier, pas numérique. A ce moment là j'i compris que non seulement ces types ne comprenaient pas le livre électronique et ce qu'il impliquait, mais qu'en plus ils jouaient volontairement contre. L'industrie du livre a eu une chance folle, elle a vu la révolution numérique toucher l'industrie de la musique et du film avec 10 ans d'avance sur elle, elle a eu 10 ans pour se préparer et n'a rien fait pour (à l'exception de certains petits éditeurs plus dans l'air du temps). Elle mérite de se prendre la même volée de bois vert que les autres, parce qu'ils avaient toutes les cartes en main pour gérer ça bien, à la place ils s'acharnent envers et contre tout à préserver leur ancien modèle.
Mais surtout ce que permet la dématérialisation, c'est de faciliter de façon exponentielle la consultation. Tu localise un exemplaire de ce livre que tu recherches depuis des années dans une bibliothèque à l'autre bout de la France, c'est la galère d'y aller juste pour ça. Avec le démat' tu l'as chez toi dans l'instant.
Rien que pour les chercheurs c'est une bénédiction. C'est vraiment pas le
big crunch en puissance, c'est au contraire un accélérateur de connaissances et de culture.
Et je ne dit pas qu'il faut passer au tout dématérialiser et détruire les support physique. Mais voir dans ce dernier un élément capital et
sine qua non de la dimension culturelle c'est passer à coté de ce qui importe vraiment. C'est glorifier l'objet au lieu de célébrer ce qu'il contient. C'est faire comme ces connards d'audiophiles qui ignorent toutes les études sérieuses et viennent te faire chier sur le fait que si t'as pas écouté
The Dark Side of the Moon en vinyle avec une chaine hi-fi full analogique, ben tu ne l'as jamais vraiment écouté.
Dire que la fin de l'objet est la fin de la culture c'est simplement vénérer le veau d'or.
Aer a écrit:Tu peux me dire que Flaubert, sur liseuse ou en poche, c'est le même texte. Certes. Mais l'expérience de lecture, elle, diffère. Et ça n'a rien d'anodin.
Je suis contre, dans les deux cas c'est chiant.

Mais tellement, putain
