Bah justement, c'est pas vraiment "la même veine", je trouve.
L'article lié par Lion, pour un non-connaisseur de Charlie Hebdo tel que moi, ça fait quand même figure de démonstration implacablement étayée et foutrement bien torchée. Et le papier a "l'avantage" - si l'on peut dire - de dater de décembre 2013, ce qui ne fait pas peser sur lui les accusations faciles d'indécence à l'égard d'une rédaction décimée "pour la liberté d'expression".
Et si - comme je l'avais laissé entendre quelques posts plus tôt - je continue de penser que ce débat un brin envahissant sur la fréquentabilité de leur ligne éditoriale n'est pas tant celui qui aujourd'hui pose les questions les plus utiles, il aide toutefois à comprendre comment certains ont pu se désolidariser d'un "Je suis Charlie" concrètement ambigu, tout autant qu'il livre quand même des clés sur ce qui construit l'islamophobie ordinaire.
Et je dois avouer que lire un texte à la fois aussi élégant, construit et féroce n'est pas chose fréquente sur le Web. Mais encore une fois : le contenu du journal m'est concrètement inconnu, je ne pourrai probablement jamais m'en faire une idée claire par des voix rapportées. Et je n'ai jamais eu l'intention de m'abonner pour m'éclairer a posteriori.
Cela étant dit, celles et ceux que je vois relayer les critiques les plus vives à l'égard de Charlie Hebdo me donnent aussi l'impression de tanguer vers des confusions dangereuses. A les entendre, il faudrait presque repenser une "Liberté d'expression" à géométrie variable, pour coller aux réalités sociologiques qui font la réalité de ses conditions d'exercice. Parce que bien sûr, la "Parole Libre", c'est suffisamment bien organisé pour ce soit en réalité certains qui en usent, plus que d'autres.
Malgré tout, c'est peut-être ce qui suinte de cet article et qui me gêne un peu : la subversion ne doit-elle dès lors viser que les "dominants" et opérer des contorsions bien-pensantes pour s'assurer de ne reproduire aucune injustice sociale, culturelle, politique ou autre ?
La "liberté d'expression", telle en tout cas que je la conçois, ne doit évidemment pas protéger des critiques. Ce serait même un contresens théorique béant puisque la "critique" découle de l'existence même d'une liberté à s'exprimer.
Mais je préfère courir le risque de voir tel principe dévoyé par des racistes latents, que de le voir s'amenuiser parce qu'on a peur d'offrir une arme aux cons. A la limite, c'est même la seule dont je ne souhaite les priver pour rien au monde.
Windspirit a écrit:Les explications comme les solutions sont à chercher d'abord et avant tout dans l'ambiguïté de la diplomatie française sauce BHL de ces cinq dernières années, et de ses soutiens aux combattants de la liberté et de la démocratie contre les affreux et obscurantistes régimes dictatoriaux arabes, purement et simplement. Pour le moment, personne (ni chez les élites politiques, ni chez les faiseurs d'opinion) n'a encore abordé le sujet, j'espère vraiment que ça se fera le plus rapidement possible parce qu'avec cet événement, on commence à sortir de la politicaillerie et à rentrer dans le sérieux.
Je manque de billes, personnellement.
Mais toute lecture ou information dense sur le sujet, je prends.