Zêta Amrith a écrit:Quant à mon appréciation du dit sujet, elle est particulièrement jemenfoutiste : tant mieux si de nombreuses femmes créent/se procurent de la SF, mais avoir 50% d'hommes et de femmes dans tous les domaines de la vie, y compris les plus insignifiants/marginaux, ne peut constituer un progrès que si les choses se font tout naturellement parce que les individus le souhaitent en leur for intérieur. En revanche, ne peut être considéré comme un progrès quelque chose de planifié en amont qui voudrait rediriger les uns et les autres vers tel ou tel champ pour obtenir des statistiques paritaires partout, à commencer par les bûcherons.
Il y a toujours eu des personnes avant-gardistes qui font des choix contraires à l'ordre dominant et qui ne se laissent pas démonter, des Woolf, des Malala, mais derrière ces fortes têtes reste le poids des normes sociales, de la pression familiale, des insultes, menaces, violences, diverses et variées. Ce qui a un double effet : d'une, que les filles finissent par être elles-mêmes persuadées de n'être pas faites pour ceci ou cela (ce qui touche aussi les garçons, mais c'est différent), et de deux, qu'il faut parfois se préparer à être attaquée et questionnée non pas sur ses compétences, mais sur son sexe. Le profond désir de participer à la culture dont on parle n'est donc pas forcément absent. Mais il peut être brimé. (comme je le disais plus haut, briser la chaîne n'excuse pas le boulet, ou celui qui a fermé le cadenas)
De plus, mais je l'ai déjà dit, cette idée marcherait véritablement si les personnes en place ouvraient la porte aux candidates, or l'entre-soi masculin semble être une chose très précieuse pour certains, la femme étant un "autre" celle qui se fait tuer dans les slashers ou qui n'est que "boobs". Si l'on écarte ça, alors l'argument est incomplet. Cela me fait penser aux homosexuels dans certains sports : l'envie profonde d'en faire n'occulte pas le fait qu'ils risquent de se faire insulter voire exclure (ça s'est vu) s'ils le déclarent. De même que malgré un apparent problème de compatibilité, un homme puisse aimer un homme, idem pour une femme, et faire l'amour avec. Il y a peut-être des déterminismes biologiques, mais ils sont à la fois questionnés et dépassés (par les gens). La conservation des rôles est souvent un moyen pour les hommes de conserver le pouvoir et d'exclure les femmes de manière désobligeante.
Je trouve qu'au fond de tes messages on trouve l'idée que les choses sont ce qu'elles sont, et que tout le reste n'est que dommage collatéral car subi par des personnes vu comme extérieures, qui souhaitent faire valoir leur appréciation d'un univers, et éventuellement en faire leur métier.
Pour ma part, j'en ai eu marre de l'entre-soi masculin, je ne cherche pas à "choper" mais à entendre autre chose que "rape", "boobs", "femelle", et j'en passe. Des choses que j'ai pu d'ailleurs moi-même pratiquer dans une certaine mesure - au fond, la première de mes "cibles", c'était moi. Je pense que la culture geek mérite mieux que ça, dans tous les domaines, mais je ne peux m'empêcher d'y voir d'un certain côté une communauté qui permet aux hommes d'entretenir encore et toujours 1) les mêmes clichés 2) la même chosification (je dirai aussi "décomposition" de la femme, commentée sur ses attributs - que l'on parle d'un personnage fictionnel ou de nos collègues de passion, celles en chair et en os). Quand on aime une culture, n'est-ce pas normal de vouloir le meilleur pour elle ? Je ne pense pas qu'elle doive se conformer, perdre sa spécificité et éventuellement ses aspects transgressifs, mais ce n'est pas une raison pour ne pas pointer certains comportements. D'ailleurs, comme tu parles du moe, j'avais déjà exprimé ailleurs l'impression que même ici, les codes du moe et le mélange d'infantilisation et de sexualisation qu'ils font pénétrait largement certains cerveaux. Je suis bien d'accord que c'est un mouvement débilitant.