Emission du 11/01/2014 : LE ZÉRO ET LA FOLIE : Miyazaki, Maruo, Kon, Kaneko.
Le vent se lève, il faut tenter de vivre, cela était, jusqu'à présent, un vers de Paul Valéry, cela devient, à partir du 22 janvier, le titre de la dernière réalisation du cinéaste japonais d'animation Hayao Miyazaki.
Juste retour des choses, quand on voit la place cruciale et le rôle matriciel que joue l'air et le souffle dans son cinéma, voué au vol, à l'envol, au survol et à l'exaltation de toutes formes de machines volantes, du pédalo aérien à la forteresse volante. Nous évoquerons le parcours de Miyazaki en compagnie de l'historien du cinéma Hervé Joubert-Laurencin.
Mangas déviants en seconde partie d'émission avec de récentes parutions outrageusement "mauvais genres" (Le lézard noir, Castermann) de Suehiro Maruo, Satoshi Kon et Atsushi Kaneko.
Avis de l'ami Gemini sur l'émission:
Un peu déçu par votre émission, c'est rare. La carrière de Hayao Miyazaki ne se résume pas à Ghibli, et heureusement que - pour une fois - quelqu'un se souvient du Château de Cagliostro. Il a gravi les échelons, fût réalisateur et même chara designer sur plusieurs séries d'animation, d'abord sur de simples épisodes avant de devenir réalisateur principal, et enfin - consécration - réalisateur de film d'animation, sur une franchise qui l'avait d'ailleurs vu débuter à ce poste. Nous lui devons entre autre Conan Fils du Futur, les premiers épisodes de Sherlock Holmes en collaboration avec un studio italien - le héros de Porco Rosso porte d'ailleurs le nom du responsable italien de cette série - et s'il a effectivement œuvré sur Heidi, c'est bien Isao Takahata, que nous avons trop souvent tendance à oublier, qui occupait le poste principal.
Mamoru Hosoda ne sera jamais le successeur de Hayao Miyazaki chez Ghibli, pour une raison très simple : le studio l'a déjà débauché de chez Toei Animation pour réaliser Le Château Ambulant ; seulement, ce fût un échec - Mamoru Hosoda n'arrivant pas à imposer ses idées - et Hayao Miyazaki dut reprendre les rênes du projet alors qu'il avait déjà pris sa retraite une première fois.
Ce que cherche Ghibli, ce n'est pas un jeune talent de l'animation, mais quelqu'un qui saura copier le style Hayao Miyazaki. La seule exception reste Isao Takahata, mais il a l'âge pour lui, et un statut de co-fondateur qui lui laisse probablement de la marge. Il n'est même pas obligé d'inclure le sempiternel message sur l'écologie.
Il suffit de voir Lettre à Momo pour s'en convaincre : cela ressemble à du Hayao Miyazaki, alors que nous trouvons derrière Hiroyuki Okiura, le réalisateur de Jin-Roh, un film très éloigné des standards habituels du studio.
Pire, le producteur Toshio Suzuki a poussé vers la réalisation Goro Miyazaki, alors que celui-ci n'avait jamais travaillé officiellement sur un dessin-animé, ce qui va à l'encontre de toute la méritocratie qui semble habituellement régner sur l'animation japonaise. Sans doute pour s'appuyer sur un nom ou pensant que seul le fils saurait retranscrire l'esprit du père. Pour le résultat que nous savons.
Ghibli sans Hayao Miyazaki s'en sortira si ses responsables cherchent à produire des auteurs prometteurs, pas en essayant de copier un style qui a déjà fait ses preuves.