de Gemini le Lun 18 Juil 2016, 23:20
Il leur reste des responsables éditoriaux qui ne parlent pas Japonais et qui découvrent aujourd'hui qu'ils auraient dû essayer d'innover au lieu de rester en haut de leur tour d'ivoire. Le podcast durant lequel l'équipe de Kana raconte leurs débuts est édifiant, en mode "les Japonais nous ont proposé de sélectionner un titre dans leur catalogue, et coup de pot, on a pris Détective Conan au hasard". Ils ont été au bon endroit au bon moment, ont vécu sur leurs acquis pendant des années - profitant en particulier de l'accord tacite du "c'est un auteur historique de mon catalogue alors pas touche" - tandis que les petits nouveaux comme Kurokawa ou Ki-oon ont été obligés de prospecter des titres, de défricher de nouveaux publics, de proposer des éditions de qualité - en un mot de respecter les œuvres qu'ils publient, les fous - et de trouver de nouvelles façons de communiquer pour survivre. Ils en tirent aujourd'hui les bénéfices, c'est bien normal. Parmi éditeurs historiques, il n'y a vraiment que Soleil Manga qui progresse grâce à un marché de niche savamment entretenu, et dans un autre registre Casterman, qui s'est enfin découvert des ambitions mais dispose d'un directeur éditorial "nouvelle génération" : il parle Japonais, propose des titres en dehors des sentiers battus tout en valorisant son catalogue, et nous sentons un amour du livre dans sa démarche.
J'écrivais un de mes sempiternels articles sur les éditeurs - que j'ignore si je publierai ou non, car il parait que je suis un haineux dont l'avis n'intéresse personne - et les constats sont édifiants. Dans quelques mois, je ne suivrai plus aucun titre de Glénat Manga, à moins d'une nouveauté attrayante ; ce qui n'est plus arrivé depuis Moyasimon. Kana, mon éditeur favori, voit le nombre de séries que je suis chez lui fondre comme neige au soleil, sans vraiment de titres pour prendre le relai. Pika, cela fait aussi longtemps que je n'ai rien commencé chez eux, ce qui en l'occurrence m'arrange bien. Panini Manga, certaines nouveautés shôjo pourraient m'intéresser, mais avec deux séries "en pause" et une à rythme annuel, je m'en méfie comme de la peste. Delcourt Tonkam, je continue à les suivre pour Jojo's Bizarre Adventure, RiN (et son rythme ralenti faute de ventes), et Food Wars, mais je les trouve d'un manque cruel de respect envers le lectorat.
Tout cela pour dire que je suis plus de titres chez les éditeurs montant, tels que Casterman, Akata, ou Ki-oon. Il y aussi des exceptions : jadis attractif, le catalogue Kurokawa ne me parle plus. Et même chez les autres que je cite, il y a parfois des ratés, notamment concernant la communication. Akata, toujours à l'affût d'un coup publicitaire, semble trop souvent sacrifier sa déontologie et sa rigueur sur l'autel du retweet ; le coup des jaquettes Chevalion (qui furent même affichées officiellement sur amazon) qui n'ont servi qu'à faire parler de la série, cela peut être vu comme une bonne opération, mais je trouve ça dégueulasse, et une telle politique risque fort d'avoir des effets néfastes à plus ou moins long terme. Même chez Ki-oon, j'avais sciemment attendu leur version de Hero Academia alors qu'il aurait été plus aisé pour moi de prendre l'US, plus avancée, car j'apprécie la qualité de leurs éditions, mais sur ce titre en particulier, je les trouve en-dessous de leurs performances habituelles ; sous prétexte qu'il se vendra tout seul, inutile de faire trop d'efforts ?