Alors que la première journée de Japan Expo s’achève et tandis que les projecteurs sont braqués sur la culture manga, quel meilleur timing pour vous dévoiler notre nouvelle collection ? Projet de très longue date, qu'il a fallu plusieurs années pour réaliser, la collection
"Héritages" sera intégralement dédiée à des œuvres dites "patrimoniales". Parce que l'Histoire du manga contient encore de nombreux auteurs et autrices à découvrir, parce que le manga n'est pas un art qui s'est créé en un jour… Au contraire, il s'agit d'une culture vivante, qui se transmet de génération en génération, d'artiste en artiste. Les ouvrages seront proposés dans un
format unique (147 x 210 mm), en couverture souple et avec jaquette. À chaque fois que cela sera possible, ils contiendront des p
ages couleurs, et ils seront bien évidemment accompagnés d'un appareil critique adapté (remise en contexte de l'oeuvre, interviews, avis d'éditeurs japonais…) pour permettre au lectorat francophone d'en comprendre l'importance.
Et pour inaugurer
"Héritages", il fallait un titre fédérateur. C’est Le
Clan des Poe, de Moto Hagio, que nous avons choisi comme fer de lance de cette nouvelle collection. Oeuvre particulièrement mythique, elle est sans aucun doute l’une des séries emblématiques du shôjo manga. En déjouant les contraintes éditoriales que cherche à lui imposer son éditeur, l’artiste imagine un univers complexe, basé sur le mythe du « vampire ». Et en confrontant ses personnages à des choix compliqués, à des drames et à leur culpabilité, la mangaka explore comme seule elle sait le faire, toute la psyché de l’être humain.
Résumé :
1744, quelque part en Angleterre… Edgar et Marybelle, enfants illégitimes d'un aristocrate, sont abandonnés au fond des bois… Ils sont alors recueillis par la mystérieuse Hannah Poe. Mais cette dernière, issue d'un clan nimbé de mystères, cache un secret… Quelques années plus tard, le jeune Edgar découvre ce dernier : le Clan des Poe dont fait partie sa "mère" adoptive est constitué de vampanella, des êtres immortels qui se nourrissent du sang des humains. Dès lors, les vie d'Edgar et de sa soeur seront bouleversées à jamais… Suivez à travers différentes époques le destin tortueux d'Edgar, vampanella bloqué dans son corps d'enfant.Série fondatrice du shôjo manga,
Le Clan des Poe a connu de nombreuses éditions au Japon. C’est sur la dernière, la
« Premium », datant de 2019, que se basera finalement notre version. Cette dernière avait été proposée à l’occasion des 50 ans de carrières de Moto Hagio, et elle présente l’avantage d’avoir eu le droit à un travail intégral de restauration des planches. Chaque tome comprendra plus de
450 pages. « Le Clan des Poe », ainsi que les prochains ouvrages de la mangaka, seront traduit par
Miyako Slocombe. La maquette intérieure est assurée par
Elsa Pecqueur.On continue avec un auteur non moins majeur, en tournant notre regard vers le gekiga !
Takao Saitô est surtout connu pour sa série fleuve
Golgo 13, mais il lui est arrivé à plusieurs reprises de créer d’autres ouvrages. Parmi eux, on trouve
Confidences d’une prostituée, qui vous plongera dans les récits de vie tragiques de plusieurs femmes de plaisirs, dans un Japon des ères Taisho et Showa.
Résumé :
Naomi, ancienne femme de plaisir, en a vu passer des hommes… Aussi, aujourd’hui, quand la nuit tombe, elle aime conter les histoires de ses anciennes camarades d’infortunes. Dans un Japon en proie aux doutes et aux crises, en plein changements, suivez les vies tragiques de prostituées qui, trop souvent, ont été dupées par les hommes…Chef d’œuvre caché de
Takao Saitô, « Confidences d’une prostituée » est l’une de ses oeuvres les plus personnelles, qu’il a dessinée en 1972, pour l’éditeur
Kodansha. À travers elle, il rend hommage aux femmes qu’il rencontrait quand, à dix-huit ans, il a dû travailler dans le salon de coiffure de son père, qui se situait juste en face du « nouveau district d’Imazoto », quartier chaud d’Osaka. De ses propres mots,
Confidences d’une prostituée est pour lui, comme une sobre « déclaration d’amour » adressée à ces femmes. Dans les différents récits qu’il nous propose, on découvre un Japon en proie à de nombreuses difficultés. Cynique, sans aucun doute, ce titre permet pourtant de découvrir une facette plus humaine du travail de son auteur.
Traduction par Alexandre Goy et maquette par Erwan Charlès.Et pour finir avec cette première salve, nous sommes particulièrement heureux de pouvoir vous dévoiler la publication d’un titre d’
Eiko Hanamura :
Autant en emporte la brume. De son titre original
Kiri no naka no shojo, ce manga a profondément marqué les lectrices du magazine Margaret lors de sa publication dans les années soixante-dix. En effet, il est l’un des premiers (si ce n’est le premier ?) a avoir abordé frontalement des problématiques de personnages adultes. Il est aussi le premier shôjo manga à avoir été adapté en série télé.
Résumé :
Natsuko est une enfant heureuse. Grâce à son père, travaillant pour l’industrie du lait, elle vit loin du besoin et de la misère. Mais quand un jour, à l’occasion d’un voyage à Hokkaido, elle rencontre une mystérieuse jeune fille dans la brume, elle pourrait bien découvrir certains secrets de famille dont elle ignorait tout. Quel impact aura cette rencontre sur sa vie ? Quels sont les drames qui ont bousculé le passé de sa mère ? Au fil des jours, des mois qui passent, Natsuko devra grandir bien plus vite qu’elle ne l’aurait cru…Eiko Hanamura fait partie des artistes oubliées en Occident, et dont l’importance est pourtant notable. Participant activement au développement du manga féminin, elle fut courtisée par de nombreux éditeurs. Son esthétique très florale, mais aussi particulièrement mignonne, contraste avec la dureté de ses oeuvres. En effet, malgré les apparences, ses personnages sont souvent violemment confrontés à la vie et à ses injustices. Dans Autant en emporte la brume, elle s’attarde sur le destin d’une mère et de ses filles, dans un Japon encore très traditionnel.
