En 2004, dans un marché éditorial complexe, nous prenions le pari de devenir éditeur. Cette même année, nous créions une collection étonnante, dont le but était d’explorer un pan souvent mal compris de l’éditorial japonais, pour questionner notre échelle de valeurs occidentale, mais aussi se moquer de certaines tendances culturelles. Entre hommages ou détournements de la pop-cultre, entre cynisme ou ultra-violence, la collection WTF?! n’a pas manqué de diviser, de faire parler. Et pour nos 10 ans, il était absolument logique de remettre en avant l’auteur qui l’a inaugurée.
Kentarô Satô revient en très très grande forme avec son tout dernier manga : Immortalité et châtiment !
Résumé :
Au fin fond de la chambre d'un love hotel, « Minato » n'arrive pas à bander. Son coup d'un soir vient de lui filer entre les doigts en lui volant son argent. Le jeune homme est furieux… Pourtant, ces déboires pourraient bien lui avoir sauvé la vie ! Autour de lui, tout le Japon semble s'effondrer face à une terrible épidémie qui transforme les humains en zombies. Pour le moment, « Minato » est à l'abri… Mais enfermé dans cette pièce, il ne peut échapper à ses idées noires. Trouvera-t-il la volonté de vivre malgré sa culpabilité ?Avec Immortalité et Châtiment,
Kentarô Satô revisite l'apocalypse zombie comme peu savent le faire. Avec une froideur clinique, il décrit la descente aux enfers d'une humanité qui semble déjà avoir perdu son âme, dans un monde où vivre est synonyme de punition… Avec un parti pris radicalement opposé à celui de Magical Girl of the End, plus adulte, plus froid, il offre une série d’horreur au rythme millimétré. Au fil des pages, un malaise bien palpable s’installe, car l’auteur nous plonge dans la noirceur de l’âme humaine, entre sexualité déviante, pulsions de mort et désir de vengeance. On n’en dira pas trop, sur certains tenants et aboutissants de l’histoire, notamment sur le passé du héros (dévoilé très vite dans le premier tome), mais sachez que l’auteur prend un malin plaisir à mettre en place certaines métaphore, et que le thème du « zombie » n’est pas du tout anodin.
Au-delà de l’ambiance et des thématiques sous-jacentes, on se retrouve donc avec une histoire particulièrement bien racontée, qui commence comme un huis clos dans un love hotel et qui prend, au fil des tomes, une ampleur de plus en plus impressionnante. Graphiquement, Kentarô Satô n’a jamais été aussi en forme. Il offre aux lecteurs des grandes cases généreuses, avec une parfaite maîtrise des contrastes de noir et de blanc. Au final, on se retrouve avec une série particulièrement moderne, qui prend en compte les réalités de notre époque (réseaux sociaux, politique, mondes des idols…), pour mieux nous questionner sur notre humanité.
Rendez-vous fin octobre pour découvrir le tome 1 d’Immortalité et châtiment. Le manga est traduit par Olivier Malosse, mise en page par yoske-san. Et la couverture française est signée Tom « spAde » Bertrand.