Le Grand Méchant Renard (Et Autres Contes)
Réalisation : Benjamin Renner et Patrick Imbert
Scénario : Benjamin Renner et Jean Regnaud
Un renard trop gentil voudrait être la terreur du poulailler mais ne provoque qu’indifférence dans la ferme, où tout le monde le prend pour un pitre. Sur les conseils d’un loup intéressé, il échaffaude un nouveau plan dans l’espoir de sauter le pas et d’enfin devenir le méchant qu’il devrait être… + deux autres contes centrés sur d'autres personnages.
Le nouveau film (même si l’expression "film à sketches" serait plus indiquée) de Folivari et de Benjamin Renner, principal réalisateur du classique instantané que fut Ernest Et Célestine. Pour cet opus adapté de sa propre BD il met en scène, toujours à la main s’il vous plaît, les tribulations des animaux de la ferme et des environs sur un ton enjoué à équidistance du cartoon US slapstick, de Franquin et de la shortcom des frères Astier. Trois histoires courtes se succèdent donc, entrecoupées d’intermèdes théâtraux faisant office de léger fil conducteur : la première, dans laquelle un cochon consciencieux, un canard à l’ouest et un lapin débile dépannent une cigogne fâchée avec la livraison de bébés est le petit bijou de comédie du métrage, une jolie friandise. La seconde, qui donne son titre à l’ouvrage et témoigne de la difficulté à devenir ce que l’on n’est pas, s’illustre efficacement dans un registre plus mignonnet. Assise un bon cran en-dessous la dernière se maintient juste décemment, elle aussi portée par des acteurs au point ainsi que par la générosité et l’innocence du projet qui s’adresse évidemment, en premier lieu, aux enfants. Pas pour niveler par le bas incognito, mais au contraire pour retrouver une certaine noblesse de l'animation.
Finalement, la seule flèche que l’on pourrait tirer sur ce solide (et furtif) essai easy-watching concerne son aspect "compilatoire", lequel suggère que le format télévisé eut été a priori plus adapté à ce qu’il est. Sans rééditer l’évènement majeur de l’animation que fut Ernest Et Célestine, Le Grand Méchant Renard est d'abord une récréation que la simplicité dispute à la transparence, un film dessiné qui n'utilise jamais les gamins comme prétexte pour en réalité rouler des mécaniques auprès des parents. Au pays des films qui savent tout sur tout cette sincérité là l’honore.