LA JEUNE FILLE SANS MAINS
Réalisation : Sébastien Laudenbach
Scénario : Sébastien Laudenbach d'après le conte des Frères Grimm
Animation : Sébastien Laudenbach
Sortie en Novembre 2016.
En temps de disette, un meunier vend sa fille au Diable...
Bill Plympton aura fait des émules et il n'est plus si rare de nos jours de croiser des réalisateurs animant eux-mêmes leurs long-métrages, à deux mains, sans recourir à quelque studio ou intervenants extérieurs que ce soit. Mais le plus souvent, ils peuvent d'autant mieux se l'offrir qu'ils vont se satisfaire de tracés purement symboliques, aussi élaborés que ceux ornant les panneaux routiers en bordure de l'A1. Ca n'est clairement pas le cas de La Jeune Fille Sans Mains, un véritable tour de force artistique de 75 minutes conçu à l'encre de Chine et dessiné par une seule et même personne - uniquement épaulée par quelques collaborateurs sur la colorisation. En l'occurrence, Sébastien Laudenbach, déjà l'auteur de sept court-métrages, et qui a admis avoir fabriqué ce film "à l'envers, sans scénario ni storyboard", les corrections de continuité ayant été apportées a posteriori.
Malgré quelques longueurs dûes à son inclinaison pour les séquences contemplatives, et un final en-deça qui aurait gagné à user de signaux imagés pour figurer la menace diabolique de manière moins anodine, le film témoigne d'une telle passion et d'une telle abnégation qu'il est difficile de l'ignorer - un effort qui lui a notamment valu le Prix du Jury d'Annecy 2016. Bien sûr, il faudra une certaine tolérance pour les exercices de style éthérés ou les récits minimalistes afin de rentrer dans cette production tantôt cruelle tantôt fabulesque puisée dans le répertoire Grimm, si bien que les enfants ne sont pas concernés, mais les connaisseurs eux s'étonneront du haut niveau formel atteint par cet essai solitaire.