PHANTOM BOY
Réalisation : Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli
Scénario : Alain Gagnol
Sortie le 14 Octobre 2015.
Léo, un jeune garçon hospitalisé et avide de justice, possède le pouvoir de sortir de son propre corps pour vagabonder incognito dans les rues de New-York. Il va mettre cette capacité psychique au service de Tanguy, policier mis sur la touche par sa hiérarchie...
Galvanisé par le succès international de Une Vie De Chat, le duo de réalisateurs en vue de chez Folimage récidive quelques cinq années et 90 000 dessins plus tard, variations de couleur incluses, avec ce qui de mon opinion constitue l’un des, sinon le, meilleur long-métrage du studio drômois à ce jour. Débarrassé des accents un tantinet prosélytes du néanmoins sympathique Tante Hilda, le scénario de Phantom Boy ne vise rien d’autre que le divertissement des petites têtes et l’humour, avec la légère pointe d’émotion réglementaire. Polar pour enfants, disent volontiers les auteurs, mais mijoté à la sauce super-héros en prévision d’une audience mondiale. Doublé par Audrey Tautou, Edouard Baer et surtout Jean-Pierre Marielle, ici dans le rôle d’un méchant précieux et égocentrique assez amusant, le film propose tout de long des dialogues agiles et vivants susceptibles de faire sourire un public plus âgé, quand bien même l’histoire n’a pas d’autre prétention que de parler aux gamins par le biais de malfrats plus idiots que dangereux. Une facétie d'autant plus agréable qu'elle ne mise jamais sur la dérision post-moderne et paresseuse ayant pris possession des productions jeunesse lors de la dernière décennie. Les films ne sont pas de simples produits de consommation, commentent les réalisateurs.
Très reconnaissable et pour cause, l’esthétique du film demeure très similaire à celle du précédent essai cinématographique du binôme, avec ses yeux en amande désormais familiers qui ne font pas recette d’entrée de jeu, mais réussissent à apprivoiser le spectateur de manière progressive. Jolie pour peu d’apprécier la patte Felicioli, la direction artistique évolue de nouveau à la croisée du cubisme et de l’approximation naïve, dans des pastels granuleux et un monde d’urbanité infantile qui lui confère un soi et un vrai charme. Les décors extérieurs, conçus à la craie et à la cire puis retouchés sur logiciel, sont fréquemment superbes.
Déjà prévu pour bénéficier d’une vaste distribution européenne et américaine, ce Phantom Boy est avant tout une production pour enfants de qualité, faite avec plus de coeur et beaucoup moins de cynisme, et le témoignage salutaire que l’animation 2D n’a pas dit son dernier mot. Nul doute qu’une fois de plus le film attirera les projecteurs du global market sur le studio fondamentalement artisanal qu’est Folimage. Et ce sera amplement mérité.