Le Garçon Et Le Monde (O Menino E O Mundo)
Réalisation : Alê Abreu
Production : Filme De Papel
Un petit garçon part à la recherche de son père...
Conçu à partir de crayonnés puérils, d'espaces épurés, de collages publicitaires enrichis d'une pointe de 3D minimaliste, Le Garçon Et Le Monde se signale immédiatement par son esthétique originale, hachurée et plaisante, dont l'apparente simplicité joue en faveur du sentiment amer et défait se dégageant du fond. Il faut le dire, ce métrage en provenance du Brésil n'est pas du tout le conte pour enfant ou bien la fable psychologisante qu'il prétend être aux premiers abords : il se révèle en fait, sur un mode poétique-écologique, une critique muette - le film ne comporte aucun dialogue - et pourtant archi-frontale du capitalisme et du système de domination organisé par la loi du marché. Ce que le petit garçon découvre au cours de ses pérégrinations, c'est la dureté de ce monde gouverné par le gain, dont il ne soupçonnait pas l'existence et pour lequel les valeurs auxquelles lui se réfère, l'unité de sa famille par exemple, n'ont aucune espèce d'importance. Film sud-américain oblige, l'impéralisme économique du grand-frère américain et ses nouveaux cowboys à malettes, ne sont jamais très loin, à de moultes reprises symbolisés par un faucon noir avide de sacrifices humains pour se sustenter. Baladées de matchs de foot en matchs de foot, les pauvres âmes mettent leurs derniers espoirs dans un phénix flamboyant, fabriqué à partir des aspirations du peuple malmené, seul volatile à même de tenir l'insensible rapace à distance.
Et puis sur le tout-dessus, une bande-son de qualité.
Encastré dans le mille de l'actualité politique du moment, Le Garçon Et Le Monde a forcément mieux réussi que d'autres à braquer les projecteurs sur lui. Le film a remporté le Cristal du Long-Métrage au Festival International du Film d'Animation d'Annecy 2014, consacrant pour la seconde fois consécutive la production brésilienne dans cette compétition.