Réalisation : Jean-Christophe Dessaint
Scénario : Amandine Taffin
Production Animation : Finalement + Melusine Productions + The Big Farm
Oeuvre Originale : Jean-François Beauchemin
L'histoire d'un jeune garçon et de son père 'ogre'. Deux personnages qui mènent une existence sauvage au fin fond de la forêt. Le paternel, enfievré et tyrannique, maintient son fils dans l'ignorance du monde des hommes, jusqu'au jour où ce dernier est contraint de s'aventurer en-dehors des bois.
Conçu par une équipe de débutants - Serge Ellisalde (U) devait réaliser mais s'est retiré relativement tôt du projet - Le Jour Des Corneilles est la libre adaptation du roman québecois éponyme, lequel avait reçu un bon accueil de la critique, signalé pour son langage imagé singulier et son appétence pour les humeurs lunatiques.
Moins sombre, et évidemment plus simple que son pendant écrit, le film essaie de capturer le malaise ambiant et l'absurde qui caractérisaient le livre, tout en bâtissant des passerelles pour un public plus familial, seul habilité à rentabiliser les coûts de production. Des coûts de production qu'on devine conséquents, puisque le long-métrage jouit pleinement de l'authenticité et de la proximité conférée par l'animation traditionnelle. De ce côté là, Le Jour Des Corneilles s'en sort dignement, au plaisir des fétichistes, même si l'on ressent une étrange hétérogéneité esthétique entre d'un côté les décors naturels et de l'autre les rues du village - pour faire court, globalement, les séquences forestières, qui sont aussi celles où les éléments se déchaînent, sont largement plus belles et engageantes. Le postulat du film étant ce qu'il est, les dessinateurs pourront toujours plaider le différentiel volontaire.
Sorte de conte de fées mutant, Le Jour Des Corneilles possède tous les attributs indispensables du genre qu'il entrelace en fonction des besoins : des moments de vie légers, du drame à foison, des méchants plus ridicules que méchants, la découverte d'autre chose derrière le mur, la touche magique, des animaux archétypaux... et pas mal de notes tristes, pour ne pas dire tragiques, ranimant le souvenir du Walt Disney qui refusait de caresser les chieurs dans le sens du cheveu. Le thème de l'abandon de l'être cher, et la douleur qui s'y associe, sont très présents au cours du film, ce qui lui donne une
Au final, je dirais que le film, plutôt bonne surprise pour ma part, s'adresse aux amateurs de contes pour enfants qui souhaiteraient revenir aux sources de la littérature puérile, lorsque les histoires incorporaient une dimension plus 'psychanalysante' derrière les péripéties. Logée dans ce créneau du "Ni totalement pour les adultes, ni totalement pour les enfants", la production prend en tout cas le risque d'être jugée sur les deux tableaux à la fois, or il arrive parfois qu'ils se court-circuitent plus qu'ils ne se complètent. Ca reste dans l'ensemble sincère et bien troussé.