Les Indes fourbes : ou Une seconde partie de l'histoire de la vie de l'aventurier nommé Don Pablos de Ségovie, vagabonds exemplaire et miroir des filous ; inspirée de la première, telle qu'en son temps la narra don Francisco Gómez de Quevedo y Villegas, chevalier de l'ordre de Saint Jacques et seigneur de Juan Abad... s'ouvre sur une citation du célèbre
Don Quichotte de Pierre Ménard, ce qui, à force, est devenu la manière la plus paresseuse et la plus convenue d'annoncer au lecteur qu'il va tomber avec délices dans une tromperie d'ampleur monumentale - en l'occurrence, une intrigue en forme de poupées russes où, au fil des trois chapitres de la bédé, le protagoniste Pablos dans son rôle de narrateur non fiable lui allant comme un gant, nous déroule le bobard épique qui lui permettra, peut-être, d'exaucer son ambition de mettre la main sur toutes les richesses de l'Eldorado.
Les renvois au roman de Quevedo (sur sa famille et ses années d'apprentissage, notamment) sont nombreux et généralement discrets - pas besoin d'avoir lu le Miroir des filous pour apprécier ces nouvelles aventures. Les aventures de Pablos gagnent une cruauté inutile et un sens de l'absurde assez modernes mais le pire est évité (une relecture maladroite façon réalisme social du genre picaresque). Du point de vue de la structure de l'intrigue (ou des dessins de l'artiste de
Blacksad), rien à redire. Mais ce que le récit gagne en construction, il le perds peut-être un peu en gouaille lyrique et joyeuse qui rendait
De capes et de crocs si brillant.
A lire pour le plot twist, mais complètement oubliable.