Les Hirondelles De Kaboul
Réalisation : Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Scénario : Zabou Breitman et Patricia Mortagne, d’après le roman de Yasmina Khadra
Animation : Les Armateurs & Mélusine Productions
Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s'aiment profondément. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies...
Sortie le 04 Septembre.
J’aurais vraiment voulu dire le plus grand bien de ce long-métrage, eu égard à son thème d’une part, et surtout vis-à-vis de son rendu graphique splendide. Hélas, il m’a fait l’effet d’un film avec une quinte flush dans la main mais qu’une conclusion passant à côté de sa promesse dramatique est venue reléguer en Ligue 2. Je leur en veux un peu aux Hirondelles De Kaboul. Elles visent juste la plupart du temps, avec une mise en scène robuste, des personnages travaillés, abîmés, intéressants. Elles cochent peu ou prou toutes les bonnes cases du récit contre l’obscurantisme durant une heure et quelques, engrangent les points, puis s’auto-neutralisent mystérieusement dans une fin à l’éthique confuse. Choix aura donc été fait, dans la dernière ligne droite, de ne pas offrir de réel accomplissement humain au personnage d’Atiq. Choix étrange qui m’a laissé sur ma faim. Alors on pourra rétorquer que la littérature (il s’agit d’une adaptation) se refuse aux revirements trop francs, trop simples, ou que le réalisme a été privilégié au détriment du reste ; mais la force tragique qui prévalait, et son corollaire de l’efficacité diégétique, en prennent d’après moi un coup dans les rotules. La culmination émotionnelle attendue n’a pas lieu, et ce qui la remplace... ben ne la remplace pas vraiment. L’impression positive que renvoyait jusqu’ici un film esthétiquement très abouti et sans défauts majeurs se fractionne en partie tandis que défile le générique. On était pas loin quand même.
C’est agaçant. Parce que la direction artistique en simili-aquarelle d’Eléa Gobbé-Mévellec, auteure de courts-métrages et animatrice sur Ernest & Célestine, est vraiment magnifique. Parce que l’animation est aux petits oignons. Il est carrément joli ce film. Ou plutôt, c’est agaçant parce que tout fonctionnait bien dans cette histoire avant qu’elle ne s’achève. On était parti pour obtenir un Parvana (au sujet très similaire) adulte, aux personnages plus riches et au bilan technique largement supérieur. Et deux minutes chrono avant la fin, je suis là à me demander ce qui a bien pu faire trébucher le chat dans l’escalier. J’ai cependant ouï-dire que des spectateurs avaient apprécié le dénouement qui m'interloque. Comme quoi Les Hirondelles De Kaboul mérite donc certainement que tout un chacun se fasse son propre avis. Parce que oui il est carrément joli, et qu'on est pas des talibans, quand même.