L'île aux Chiens de Wes Anderson
Une épidémie a frappé une grande partie de la population canine d'une ville. Le maire Kobayashi a décidé que tous les chiens de la ville soient déportés sur Trash Island alias l'île aux ordures afin qu'ils ne contaminent pas les humains.
Le premier chien a être exilé est Spots, le chien de Atari Kobayashi, neveu et pupille du maire. Le scientifique Watanabe de son côté travaille d'arrache pied pour trouver un remède qui soignerait les chiens et condamne l'ostracisme auquel se livre le maire et bon nombre de ses concitoyens envers ces pauvres bêtes.
6 mois se sont écoulés depuis. Le jeune Atari s'est emparé d'un avion et s'est écrasé sur l'île aux ordures. Il se liera d'amitié avec plusieurs chiens: Rex, King, Boss et Duke. Seul le bagarreur et misanthrope Chief se méfie du jeune garçon, son credo étant "I bite!/je mords !". Atari s'est fixé pour objectif d'aller secourir son chien, y parviendra-t-il ?
Ialda et moi nous somme donc allés voir hier après midi le dernier film de Wes Anderson. Ialda connaît très bien la filmographie de ce metteur en scène tandis que de mon côté L'île aux chiensest le premier film que j'ai vu de lui.
Notre verdict ? Et bien, nous avons apprécié le film, nous avons passé un bon moment devant, mais nous avons malgré tout été un peu déçus.
Techniquement parlant, le film est un véritable joyau. L'animation image par image est extrêmement soignée et est très convaincante. Mention spéciale aussi aux chiens dont les regards expriment beaucoup d'émotion et reflètent parfaitement bien l'état d'esprit de chacun d'entre eux. Il y a aussi un effet de style intéressant, lors des diffusions télévisées des programmes, on voit de l'animation traditionnelle ! Les décors sont quant à eux très détaillés.
Le film est caractérisé également par un humour décalé assez drôle qui fonctionne bien. Par exemple dans une scène, on voit un hélicoptère larguer un sac empli de nourriture. Deux meutes de chiens s'apprêtent à s'affronter car ils convoitent tous les précieux victuailles, ils se mettent à grogner... Quand tout à coup, l'un d'entre eux s'exprime avec un langage très sophistiqué et distingué et déclame "Excusez moi messieurs, mais ne serait il pas plus judicieux de nous assurer du contenu du sac en question avant de nous écharper ? Ce serait une attitude plus rationnelle et pertinente". "Soit ! Allons nous enquérir de la nature de ce sac !"
On a vu le film en VOSTFR et le doublage est convaincant. Si les chiens parlent en Anglais, les Japonais parlent dans leur langue natale, bien qu'il y ait souvent des sous titres français ou des interprètes pour traduire leurs paroles.
Les cinq chiens principaux sont plutôt bien caractérisés et Atari est un jeune garçon attachant.
Au niveau des défauts... Et bien à partir du milieu du film, la plupart des chiens de la bande originelle, sont complètement mit de côté et seul Chief demeure aux côtés de Atari. J'avais trouvé cela très frustrant car les caractères opposés et complémentaires des chiens donnaient du sel à leurs relations et leurs interactions étaient savoureuses, et que cet aspect là ait été abandonné par Wes Anderson m'a désappointé. Heureusement l'évolution du caractère de Chief au contact de Atari, bien que classique, n'en demeure pas moins bien menée.
Je trouve aussi que le réalisateur manquait parfois d'audace:
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à la fin du film, Spots sauve héroïquement le maire (qui a fait amende honorable) d'une explosion, mais perd un oeil et une patte et s'effondre... On pense qu'il est mort, d'autant plus qu'une statue qui lui est dédiée fut érigée pour lui rendre hommage... Et bien non, il a survécu, il est en piteux état mais il vit heureux avec sa bien aimée et leurs chiots. Il aurait été plus cohérent et poignant que le valeureux canidé succombe à ses blessures et soit porté à la postérité
De même, Anderson aborde parfois des idées intéressantes qui ne sont pas développées comme
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les chats qui sont évoqués mais pas du tout traités. Il aurait été intéressant de savoir si, depuis la nuit des temps, ils avaient influencé la famille Kobayashi et leur avait insufflé l'idée de persécuter les chiens et que ceux ci soient brimés et conspués par les humains. Ou même, il aurait été bien de voir des chats allant à contre courant des idées de leurs congénères et prenant fait et cause pour les chiens !
Ensuite, il est toutefois vrai que le long métrage aborde des thèmes comme la lutte contre l'intolérance et l'extrémisme, même si ces sujets auraient gagné à être davantage développés.
L'île aux chiens nous a un peu désappointé, car, vu les critiques élogieuses que nous avons lu à son sujet sur le net ou dans la presse, nous nous attendions à un chef d'oeuvre, or ce n'est pas le cas.
Le film n'en demeure pas moins agréable et est assez réussi et il vaut tout de même la peine d'être vu au cinéma.
Il a aussi le mérite d'aller à contre courant de la plupart des films d'animation Américains actuels via sa narration originale, sa réalisation et son atmosphère particulière.