Voilà, comme je suis un gros hypster qui ne fait rien dans l'originalité, après avoir fini
Arkham City je me suis lancé dans un petit cycle
Batman avec une petite sélection de mon choix : (Attention aux balises de spoil ... ça contient des vrais spoilers cette fois

)
http://twitter.com/#!/DrigOvrmnd/status/152150781028605953/photo/1/largeBatman: Year One (1987)
Scénario : Frank Miller
Dessins : David Mazzucchelli
Histoire : Jim Gordon, honnête policier de Chicago, est transféré à Gotham City, ville où la famille Falcone règne dans les rues et les hautes instances de la police sont corrompues jusqu'à la moelle. Au même moment, le jeune milliardaire Bruce Wayne, 25 ans, revient après 12 ans d'absence à Gotham dans un but bien précis ...
Même si cette mini-série jouit d'une super réputation, j'ai quand même été déçu. Cette déception vient surtout du format de la série (4 tomes pour un total de 80 planches). Ce format ne permet pas de développer beaucoup de personnages (dont Bruce Wayne ou Selina Kyle). Seul Gordon jouit d'une vraie profondeur et c'est là la vraie force de ce titre (qui aurait du s'appeler Jim Gordon : Year One

). On voit comment Gordon galère en essayant de faire son boulot dans une police totalement corrompue et comment il douté à l'idée d'élever son enfant qui vient de naître dans une ville pourrie et crasse comme Gotham.
D'un autre côté, on voit un Batman inexpérimenté qui n'arrête pas de
failer à chaque sortie et qui rentre recouvert de plaies à chaque fois.
Un Long Halloween (1996)
Scénario : Jeph Loeb
Déssins : Tim Sale
Histoire : Carmine Falcone,
Le Romain, même s'il n'a plus la main-mise sur la police (cf. Year One), continue à régner sur Gotham. Sur le toit du commissariat de Gotham, 3 hommes font un serment : emmener Carmine Falcone devant la justice, même si pour cela il faudra tordre certaines règles. Ces 3 hommes sont Le commissaire de police Jim Gordon, Le procureur général Harvey Dent et le
caped crusader, Batman. Mais la veille de la toussaint, le neveu de Falcone se fait tuer dans son bain. Depuis, à chaque jour de fête (Thanksgiving, Noël, Jour de l'an, 4 juillet ... ) un membre du clan Falcone se fera tuer par un mystérieux criminel qu'on surnomme
Holiday.
Même si
Year One m'avait un peu déçu, il avait posé les bases d'un super univers dans Gotham avec sa police corrompue et sa guerre entre mafieux à la sauce napolitaine. C'est cet univers que Loeb & Sale vont exploiter à merveille dans les 13 volumes de
Un long Halloween. S'inspirant du cinéma de gangsters, on a un récit mise en page comme un
film noir où la querelle pour le contrôle de Gotham entre la famille Falcone et la famille Maroni sera mise à l'honneur.
Sale dessine des planches (et des doubles planches) absolument magnifiques, avec un char design bien différent du classique super-héros musclé et une utilisation des couleurs et des ombres en noir complet qui accentuent cette ambiance de film de mafia.
L'histoire disposant de bien plus de pages de Year One, peut se permettre de traiter plus en profondeur beaucoup de personnages : On verra la vie de famille de Gordon et de Dent, mais aussi celle de Carmine Falcone et ses enfants, l'éternel trauma de Bruce Wayne et son fétichisme pour les mammifères volants, mais aussi, lors d'un flash back on apprendra des choses sur le Dr. Thomas Wayne.
Joker, Scarecrow, Riddler, Le Chapelier Fou, Solomon Grundy et Catwoman seront aussi de la partie.
Ce qui m'a le plus marqué dans cette aventure c'est qu'elle constitue un peu le passage du méchant classique ou réaliste (Falcone, Maroni) vers le super-vilain (Joker & Co) dans l'univers de Batman.
C'est décidément l'un des meilleurs comics de ce cycle. Dans l'édition Absolute (absolument chère ... éditée par Panini ... qui a perdu la license DC, qui sera reprise par le Groupe Dargaud ... mais ils gardent toujours Marvel) on a l'interview de Christopher Nolan et de comment cette série lui a inspiré plein de trucs qu'il a utilisé dans
Batman Begins &
The Dark Knight.
The Killing Joke (1988)
Scénario : Alan Moore
Déssins : Brian Bolland
Histoire : Qu'est-ce qui sépare une personne normale d'un assassin psychotique complètement névrosé ? Selon le Joker : Une mauvaise journée ... et il est bien décidé à le prouver!
Une histoire sombre et complètement dérangé sur le Joker qui tente de faire perdre la tête au commissaire Gordon en torturant, mutilant, violant sa fille Barbara devant lui ... le tout dans le but de montrer au monde, qu'il a raison. Parallèlement on découvre la version d'Alan Moore sur les origines de ce dérangé personnage. On voit aussi les questionnements de Batman sur le fait s'il ne serait mieux d'en finir une fois pour toutes avec le Joker, quitte à trahir son principe de ne pas tuer, puisqu'il craint qu'un jour il ne pourra plus se retenir ...
Une petite aventure pour approfondir un peu plus sur la relation ambiguë qui entretiennent ces deux personnages (moins ambiguë que celle de Batman avec Robin quand même

). Même si ce n'est pas du grand Alan Moore, ce comics est d'une violence peu habituelle, limite malsaine, pour coller à merveille avec le personnage mis en honneur. On devrait la vendre avec un CD avec le rire de psychopathe de Mark Hamill histoire d'être plus dans l'ambiance !
Arkham Asylum : A Serious House on Serious Earth (1989)
Scénario : Grant Morrison
Déssins : Dave McKean
Histoire : Un appel au commissariat de police de Gotham : La Joker, Two-Face et touts les autres internes de l'Asile d'Arkham se sont évadés de leur cellule et pris tout le personnel en otage. Leurs demandes : Que Batman se rende à l'Asile, seul, pour prendre la place qu'il mérite parmi ses pairs.
Ce qui frappe dans ce comics, ce sont les peintures de Dave McKean, aussi magnifiques que dérangeantes. Parfaites pour retranscrire l'ambiance qui règne dans l'asile, où des médecins se livrent à des expériences sur les sujets internés et on ne sait plus qui est fou et qui ne l'est pas. Aussi on découvre les origines de cette institution avec le récit autobiographique de Amadeus Arkham et son esprit qui vagabonde toujours dans ces murs.
Le point fort de ce comic c'est que auteur comme scénariste ont bien compris le titre de leur oeuvre :
Arkham. Les combats contre Killer Crog et Clayface et l'alternance entre les 2 récits parallèles c'est comme si Batman avait pénétré dans l'univers de H.P. Lovecraft. On s'attend à ce que Cthulhu pointe le bout de ses tentacules (puisqu'il n'a pas de nez) à tout moment.
Sombre, dérangeant, absolument sublime au niveau dessin, des dialogues bien perçants, voilà un
Must-read tout comme
un long halloween.
The Dark Knight Returns (1986)
Scénario & Déssins : Frank Miller
Histoire : dans le futur, vers l'an 2002 ou 2003, bon ... il n'y a pas encore de voitures qui volent ni des rayons lasers ... mais Bruce Wayne a vieillit, et voilà dix ans qu'il a envoyé son costume de chauve-souris au pressing et qu'il ne l'a pas remis depuis (faut dire qu'il a pris quelques kilos entre temps). Dans Gotham, des
djeunz', même pas de poil au menton, et encore moins un peu plus bas, se livrent à des actes de délinquance et croient que l'homme-chauve-souris n'était qu'une vielle légende, comme la grippe A ou le Parti Communiste Français.
À la télé on nous bassine que tous les maux du monde viennent de la canicule, puis on switche sur les infos people parce que ça fait plus vendre que les 30 petites vielles qui se sont fait agresser par un gang de djeunz' appelé : Les Mutants.
Le chef de la police, Jim Gordon, partira à la retraite dans moins d'un mois.
Et c'est là que Bruce Wayne en a marre de tout ça, remet son costume et malgré son arthrite et toutes ces maladies de vieux, il se décide d'aller nettoyer tout ça!
Il s'en suit
La meilleure aventure de Batman que je n'ai jamais lu. Batman nettoie les rues de la pègre et il se voit, par la télé, collé l'image d'un criminel antisocial. Les soi-disant "experts" le qualifient
un mauvais exemple pour la jeunesse, responsable de
la hausse de la criminalité (même quand elle est à la baisse). Il suscite l'admiration et la haine. Il fait des émules qui vont du gars en costume qui se fait descendre dans un règlement de comptes, au groupe extrémiste à l'esthétique des skin-heads néo-nazis qui ne font que lyncher en place publique les présumés criminels. Du bon Batman, à la limite du cyber-punk, avec des thèmes que, même si écrits il y a plus de 20 ans, ils sonnent toujours juste de nos jours.
Miller a fait un travail de fou. Non seulement son trait particulier (et les couleurs) donnent un charme indéniable à cette Bédé, mais aussi les dialogues sans complexes qu'il utilise ainsi que ce procédé de style qui consiste à alterner entre l'aventure de Batman et la présentation des mêmes faits par les médias dans un pseudo-journal-tv-émission-de-débat qui l'aident à faire une critique sociale qui reste toujours d'actualité.
Dans la préface de l'édition de Panini, Miller exprime clairement son but premier : Critiquer l'ouvrage de
je-ne-sais-quel-psychologue-de-pacotille publié aux US dans les années 50 et dont la thèse était que la délinquance juvénile était la faute des comic-books et qui avait fini par la création du
Comic Code Authority qui, selon la bonne morale puritaine, empêchait les comics de parler de drogues, de sexe, de montrer de la violence, de critiquer les intitulions, etc ...
Ce fut grâce à Stan
The Man Lee qui eut le courage de publier des épisodes de
The Amazing Spiderman sans l'autorisation du CCA (La saga du
Green Goblin où Harry Osbourne se drogue) que les normes ont commencé à évoluer.
Même si en 86, quand Miller a fait
The Dark Knight Returns de CCA avait beaucoup changé, il avait toujours la haine envers cet ouvrage et considéré que dans l'esprit de nombreux baby-boomers, il était toujours présent, empêchant aux comics-books de devenir un vrai 9e art. C'est dans cette optique qu'il a écrit DKR. Dès que Batman reprend le costume, on introduit le personnage du docteur Wolper, psycho-pédologue/phile(?) de l'Asile d'Arkham qui sera toujours présent dans les plateaux télé à acuser Batman de tous les maux.
Miller peint aussi ces gens qui réclament des mandats d'arrêt contre Batman, style la politique TF1 qu'on voit malheureusement souvent dans l'hexagone.
Miller critique aussi la génération des baby-boomers, les accusant d'être lâches et de ne jamais se prendre en main et toujours rejeter la faute sur les autres : la preuve dans les monologues récurrents de Jim Gordon ou alors chez un autre personnage, un personnage anodin : homme blanc, la quarantaine, employé de bureau qui, selon ses mots "assiste à la messe tous les dimanches", et qu'à chaque fois qu'il se fait interviewer par la télé, on voit qu'il est peut-être pour pourri que les Mutants ou le Joker, tellement son égoïsme et son sinise-bien-pensant sont à gerber. On a aussi un président lâche qui n'est qu'une caricature de Ronald Reagan et qui envoie Superman faire son sale boulot.
Et même Batman lui-même devient un personnage beaucoup plus sombre et égoïste, mais aussi très brutal : le Batman de Miller n'est qu'une masse de 2 mètres cubes de muscles qui n'hésite pas à utiliser des armes à feux. Miller jongle à travers toute la bédé entre les concepts de Justice, de vengeance, d'ordre public et de fascisme ...
Après, il est de notoriété publique que Miller est un néo-conservateur féru défenseur du 2e amendement (port des armes à feu) et de la politique extérieur d'un George W. Bush. Un vrai cowboy dans sa tête, donc il faut prendre tout ce qu'il dit avec des pincettes (voire ne les prendre pas du tout). Même s'il est partisan de tout ça, il montre les dérives de la politique cowboy-sécuritaire dans les personnages du gang de
Les fils de Batman des abrutis qui essayent de faire croire qu'il oeuvrent pour la justice alors qu'il ne sont que des anciens criminels avides de violence.
Cela dit,
The Dark Knight Returns n'en reste moins l'une des oeuvres les plus passionnantes que j'ai lu. Je n'avais senti une telle émotion en lisant un comic depuis que j'avais lu
Watchmen, il y a déjà 9 ans.
La dernière bataille contre le Joker étant absolument magnifique et cataclysmique. Avec la scène où le cadavre du clown brûle mais toujours avec un grand sourire.
Et le dernier combat contre Superman (symbole du pouvoir central corrompu contre lequel Batman s'est toujours battu) est absolument titanesque avec une fin absolument grandiose.
Mais le plus marquant de cette bédé est la planche mythique où, après que la bombe nucleaire-électromagnetique ait mis les US dans le noir, Batman prend des chevaux et fait avec un discours bien bad-ass réunit les anciens criminels des différents gangs pour aller sauver Gotham des incendies et du chaos régnant.
Voili-voilou ... Une série de Comics dont vous ne pouvez pas passer à côté si vous êtes un vrai amateur de 9e art.
Drig <
Na na na na na na na na Batman! >
PS : Maintenant j'hésite à lire
The Dark Knight Strikes Again parce que je risque d'être déçu. Est-ce qu'il y a des gens qui l'ont lu qui pourraient m'en parler ?