Le Collège Noir - Complainte d'Auvergne

[Gemini]

Nous sommes au début des années 2000. Un groupe de collégiens, en pensionnat, enquête sur la mystérieuse disparition d'un de leurs camarades. Une aventure qui va les confronter au folklore local.

Co-production franco-japonaise (nous retrouvons notamment Toei Animation), et adaptation des BD éponymes par Ulysse Malassagne (aussi réalisateur de la série) inspirées de sa propre enfance dans le Cantal. Le Collège Noir est une série dont le concept même fait plaisir. En effet, si les Japonais semblent très forts lorsqu'il s'agit d'adapter leurs légendes locales, et de les transposer dans des œuvres de fiction modernes, la France semble à la traîne malgré un immense potentiel à exploiter. Le côté mystérieux et la présence d'héros enfants / pré-adolescents permettent aussi de rapprocher la série d’œuvres américaines comme Gravity Falls ou Lumberjanes.
Il en faudrait plus, des comme ça. Mais pas comme ça.

Car si la série bénéficie d'une très bonne réputation, je ne l'ai pas vraiment appréciée. Alors pourquoi lui consacrer un sujet ? Déjà, pour pouvoir revenir sur ce qui me dérange, mais aussi pour pouvoir en discuter. Et je n'exclus pas d'en regarder la suite malgré tout, puisque cette première saison ne se suffit pas à elle-même. Même si, en raison de son ton, je crains ce qu'elle va pouvoir raconter.

La série fait le choix de s'adresser à un public mature et est déconseillée aux personnes de moins de 10 ans. Rare pour une série d'animation française, mais une fausse bonne idée à mon sens. Car cela l'autorise parfois à se montrer violente et (un peu) malsaine, de manière trop frontale alors qu'elle aurait gagné à faire preuve de plus de subtilité. Et cela ne cadre pas du tout avec le style graphique, ou du moins, avec le chara design des principaux personnages : ils partagent une apparence très juvénile, alors que les dialogues nous révèlent qu'ils doivent tous avoir dans les 12-13 ans (ce qui colle avec l'âge de l'auteur à l'époque). Par rapport à la jeune adulte en charge de les superviser - dont le physique est bien plus raccord avec son âge - le contraste est aussi saisissant qu'incohérent... Le côté glauque est indissociable des éléments de folklore que la série cherche à exploiter, mais rendre les personnages volontairement plus jeunes qu'ils ne le sont réellement, ne fait finalement que le renforcer de manière exagérée. Je trouve cela vraiment dommage.

Les péripéties elles-mêmes, plus convenues et sans doute légèrement expéditives, n'auront que rarement réussi à me captiver. Mais sans que j'arrive vraiment à mettre le doigt sur ce qui me dérange. Sans doute un souci dans l'écriture. Mais cela me navre d'autant plus que le potentiel est là, réel. J'aurais vraiment aimé pouvoir apprécier cette première saison, mais finalement, elle me laisse une impression très mitigée, et un sentiment de malaise ; sans doute voulu, mais non moins désagréable.

[VpV]

Je viens de regarder le 1er épisode sur France.TV et c'était assez plaisant à regarder. Pas de longueurs ressenties ou d'enchaînements trop capilotractés.

Merci pour cette mise en lumière. Tu as raison, c'est le genre de projets qui fait plaisir à voir se concrétiser. J'ai l'impression (peut-être erronée) qu'en France, on a ce rapport beaucoup plus distant avec notre folklore que dans d'autres pays. On n'est peut-être trop cartésiens, comme diraient les Britanniques, pour incorporer des légendes ou croyances à des récits du quotidien, plus contemporains, plus concrets. Y a comme un blocage. Sûrement une habitude à prendre, surtout qu'à titre perso et dans le cas présent, voir des paysages si familiers (je suis auvergnat) utilisés dans un récit possiblement fantastique m'a laissé une impression étrange. Comme du travestissement. Bref, il y a sûrement un mur à briser pour arriver au niveau des Japonais, pour qui ce genre de cohabitations folklo-contemporaines est monnaie courante.

Sur la question de la représentation des personnages compte tenu de leur âge, ça ne me gêne pas outre mesure pour le moment. Je vois vraiment des collégiens, mais dans une représentation chibi. Une sorte de parti-pris à la Made in Abyss.
Et le fait que la pionne n'adopte pas la même logique graphique pose effectivement question, mais je l'aurais peut-être pas relevé si je ne l'avais pas lu ici avant.

On va voir pour le côté brutalo-frontal et malsain. Après ce premier épisode, il semblerait que les jauges soient encore vides.

[Xanatos]

Bon je viens de voir ta critique sur Le Collège Noir - Complainte d'Auvergne.

C'est bien Gemini que tu mettes en lumière une série animée franco japonaise.

Cependant, je suis un peu dubitatif sur certains reproches que tu lui fais : déjà, je ne vais pas me plaindre sur le fait que cette oeuvre d'animation franco japonaise cible ouvertement un public ado/adulte ce qui demeure encore bien trop rare sur les ex-chaines hertziennes qui préfèrent exclusivement cibler les jeunes enfants. La dernière série animée française qu'on a vu cibler ouvertement et uniquement des adultes, c'était Lastman et c'était en 2016 !

Au moins la plateforme de streaming ADN a laissé carte blanche aux auteurs. Quand j'étais allé à Japan Expo en 2023, j'avais félicité une des employées d'avoir accordé une liberté totale de création aux auteurs de la série animée Lancedur produite par Ankama et se situant dans l'univers de Wakfu, elle m'a remercié et m'a affirmé qu'ils ne sont pas frileux, contrairement aux patrons des chaînes télévisées qui rejettent toute oeuvre d'animation un tantinet anxiogène ou trop osée.

Après, tu reproches aux héros d'avoir un look plus juvénile que leur âge réel et que cela ne colle pas au ton de la série.

Pourtant, il y a déjà eu des séries animées japonaises mettant en avant des jeunes enfants ou adolescents et qui n'en demeuraient pas moins excellentes : je pense notamment à la mémorable série animée ô combien poignante L'Autre Monde/Now and Here, There and Then dont le héros était très jeune et avait le visage poupon mais qui traitait tout de même de sujets graves et très sérieux comme la guerre, le viol, le deuil...
Et pourtant, malgré son côté très dur, j'avais été ému et passionné par cette série.

Ensuite, tu reproches au Collège Noir - Complainte d'Auvergne son atmosphère trop glauque...
Toutefois, as tu lu la bande dessinée originale de Ulysse Malassagne ? Si l'oeuvre d'origine a une atmosphère et un ton similaires, n'est-t-il pas légitime qu'elle adapte fidèlement l'ambiance de celle-ci ?

Après, d'un autre côté, je peux comprendre que tu sois mal à l'aise avec l'ambiance glauque de la série animée.
Par exemple, je n'ai pas aimé The Promised Neverlands, car en dépit de ses qualités (réalisation technique de haute volée pour la saison 1, plusieurs rebondissements) j'ai été terriblement mal à l'aise par les sévices corporels et physiques dont étaient victimes les enfants héros de la série et j'ai été révulsé par le fait

[Montrer] Spoiler

qu'ils ont dû se couper chacun une oreille afin de ne pas être tracé par leur "mère"

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Bon en dépit du fait que tu n'a pas été convaincu par le Collège Noir - Complainte d'Auvergne, tu m'as malgré tout donné envie de la voir. Mais avant cela je vais déjà terminer le visionnage de Rock is a Lady's Modesty disponible sur ADN : je n'ai pas envie de regarder trop de séries animées à la fois.